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Le Barça change de Xavi comme de chemise
Annoncé restant du côté du FC Barcelone, Xavi va finalement quitter le club à la fin de cette saison 2023-2024. Retour sur un printemps catalan bien agité.
Sans sel, ni sucre, mais avec beaucoup d’amertume. Le régime adopté – malgré eux – par les supporters du FC Barcelone en cette fin de saison ne fait guère envie. En effet, ce printemps 2024 aura été marqué par l’élimination des Blaugrana dans toutes les compétitions où ils étaient engagés (Liga et Ligue des champions), après pourtant y avoir cru plusieurs mois durant. Des échecs sur le terrain corrélés à une atmosphère étouffante en coulisses, conclue ce vendredi par l’éviction de l’entraîneur, Xavi, que l’on pensait pourtant restant.
Almería, Vitor Roque, et finances
En janvier dernier, tout semblait pourtant limpide. En conférence de presse, Xavi entérinait son choix de quitter le Barça en fin de saison, un an après son arrivée et avec un joli titre de champion d’Espagne obtenu en 2023. Mais au mois d’avril : changement. À la peine pour trouver un successeur à son ancien milieu de terrain – faute de finances suffisantes -, Joan Laporta, président du club, le convainquait en effet de rester une année de plus, soit jusqu’à la fin de son contrat (en juin 2025). Tout sourire, le duo, accompagné du directeur sportif, Deco, s’affichait alors sous les clichés des photographes locaux afin de fêter la nouvelle. Des festivités prolongées par un dîner organisé chez Laporta en personne, qui déclare au bord des larmes : « Je suis tellement fier de l’entraîneur que nous avons. » Dans le football cependant, tout va un peu trop vite, et au soir d’une victoire à Almería (0-2) le 16 mai dernier, la situation s’est de nouveau inversée. Définitivement.
El momento en que Laporta rompe a llorar y Xavi le abraza 🥹
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— Diario SPORT (@sport) April 25, 2024
En conférence d’avant-match, Xavi s’est ainsi heurté aux questions piquantes des journalistes. Parmi les sujets évoqués, deux ont particulièrement retenu l’attention : la santé économique du club en vue des prochains mercatos et le temps de jeu de l’attaquant Vitor Roque, arrivé en hiver (14 matchs joués, 2 titularisations seulement). Lassé, le technicien catalan s’est alors décidé à diplomatiquement livrer ses vérités. Concernant le bilan économique : « La situation actuelle fait que nous ne pouvons plus être compétitifs, d’un point de vue économique. Il y a quelques années, lorsqu’un nouvel entraîneur arrivait, il disait : “Je veux signer lui, lui, et lui”, et la direction exauçait ses souhaits. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, et nous devons nous adapter à cette nouvelle politique. » Concernant Vitor Roque : « Mon intention n’était pas de signer Vitor en janvier. Mais avec les blessures, nous y avons été contraints. » Comprenez donc que Xavi n’a son mot à dire sur aucun aspect du fonctionnement du FC Barcelone.
Xavi en a trop dit
Au sein de la direction, ces deux interventions n’ont pas tardé à provoquer le courroux de Joan Laporta. Ce dernier se serait senti trahi et quelque peu humilié par celui à qui il a (re)donné sa chance. Surtout, le président considère que Xavi a jeté un certain discrédit sur l’institution barcelonaise, en insinuant que celle-ci peine encore à se sortir de ses récentes galères. Enfin se dresse le conflit mêlant Xavi à Deco. Les deux anciens coéquipiers ne se sont en effet jamais appréciés, l’Espagnol en voulant notamment au Lusitano-Brésilien de vouloir imposer certains joueurs durant les périodes de transfert, du fait de son amitié avec plusieurs agents (ce qui fut par exemple le cas pour Vitor Roque, joueur travaillant avec André Cury, un agent brésilien proche de Deco).
Le communiqué laconique du Barça confirmant ce départ de Xavi paraît dès lors assez cruel, pour une telle légende du club. Cette légende parvenue à redresser une trajectoire sportive jusque-là poussive, et à faire renaître l’identité de la Masia. Alejandro Baldé, Lamine Yamal, Pau Cubarsí, Fermín López, Héctor Fort, Marc Guiu, tous ont été lancés ou confortés en professionnel par leur entraîneur (les trois premiers cités étant même devenus internationaux espagnols). Avant l’arrivée de Hans-Dieter Flick, annoncé sur le banc, Xavi Hernández pourra au moins dire au revoir à ses jeunes protégés ce dimanche contre le Séville FC, et ça, Joan Laporta ne pourra pas le lui enlever.
Par Adel Bentaha