- Ligue des nations
- J1
- Espagne-Portugal
Espagne-Portugal : Dani Carvajal, l’oublié de l’histoire dans le sacre du Real Madrid en Ligue des champions
Moins en vue depuis deux ans avec le Real à cause d'une santé fragile et de performances en berne, le latéral espagnol a pourtant été l'un des grands artisans du nouveau succès madrilène en Ligue des champions samedi. La cinquième finale de C1 remportée, pour lui aussi, au terme d'une prestation de costaud du haut de ses 30 berges. S'il pourrait quitter la Casa Blanca cet été et est toujours le dernier cité, Carvajal aura lui aussi marqué de son empreinte l'histoire de ce club hors normes, et vient de rappeler qu'il n'était pas encore totalement finito. De quoi rattraper le temps perdu avec la Roja ?
« Je ne sais pas si Salah ou Liverpool cherchent à se venger. Il est vrai que lorsque vous perdez une finale de la Ligue des champions, vous voulez toujours avoir une deuxième chance de la gagner contre la même équipe. Espérons que ce ne sera pas un lourd fardeau pour Salah de perdre une deuxième finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid. » Piqué dans son orgueil par Mohamed Salah, Dani Carvajal avait donné le ton avant la finale de samedi et il était obligatoire d’assumer derrière, en mondovision à Saint-Denis. Mission accomplie : derrière le monstre Thibaut Courtois, l’arrière droit a peut-être été le meilleur Madrilène sur la pelouse dans cette rencontre au sommet. Alors qu’il avait pour vis-à-vis le diable Luis Díaz qui avait fait danser Villarreal au tour précédent, l’international espagnol a grandement participé à éteindre le feu follet colombien, d’un coup méconnaissable.
Le Carvajal de Paris
Il n’a pas l’aura de Dani Alves, la virtuosité de Trent Alexander-Arnold, la vélocité d’Achraf Hakimi, le capital sympathie de César Azpilicueta, la fougue de Reece James, la palette de João Cancelo ou les trapèzes de Kyle Walker. Parmi les références à son poste, Dani Carvajal n’est pour ainsi dire jamais cité en tête de liste. Sur le carreau quasiment toute la saison passée (blessures musculaire et à l’ischio), décevant sur l’ensemble de la cuvée 2021-2022, il a perdu de sa superbe au moment d’approcher la trentaine. Pourtant après ce nouvel exercice, les faits sont là : titulaire en finale lors de chacun des cinq derniers sacres du Real en C1 (Atlético 2014 et 2016, Juve 2017, Liverpool 2018 et 2022), le défenseur forme un cercle extrêmement fermé dans lequel seuls les grands maîtres Luka Modrić et Karim Benzema ont leur place (en 2014, Toni Kroos n’était pas encore arrivé et Casemiro, utilisé avec parcimonie par Carlo Ancelotti, n’était pas dans le groupe pour la finale).
Ce qui prouve une longévité rare, dans un club où performer représente déjà un exploit et perdurer s’apparente à un miracle. Mieux : avec cette cinquième médaille, il devient le défenseur le plus titré de l’histoire de la compétition, en compagnie de Marcelo (non entré samedi), mais aussi Paolo Maldini, Alessandro Costacurta (tous deux entre 1989 et 2007 avec l’AC Milan), Rafael Lesmes, Marquitos (eux deux entre 1956 et 1960 avec le Real)… et également Nacho, qui a lui plutôt fait de la figuration lors de chacune des quêtes. Carvajal était également dans le onze pour tous les matchs à élimination directe de Ligue des champions cette saison et a donc participé à tous les exploits (PSG, Chelsea puis Manchester City). Pour des copies personnelles diverses et variées : il avait notamment pris l’eau lors des deux manches face à Paris et Kylian Mbappé, à l’aller contre Chelsea et encore à l’aller contre City et Phil Foden, mais aussi signé une grande prestation lors de la remontada infligée aux Citizens en demi-finales retours, signant notamment le centre sur lequel Rodrygo a planté le deuxième but madrilène synonyme de prolongation. Qu’importe qu’il n’ait plus la régularité qu’on exige de lui : le jour J, il a répondu présent. Et tout le monde ne peut en dire autant.
Quid de la sélection, qu’il retrouve cette semaine pour affronter le Portugal (demain), la Tchéquie (5 et 12 juin) et la Suisse (dans une semaine) ? Sur le circuit depuis un amical perdu face à la France en septembre 2014 au moment où la Roja perdait de sa superbe après une moisson de trophées, Carvajal compte 27 matchs avec son équipe nationale, et bien plus de rendez-vous manqués. La faute à sa santé fragile, encore et toujours, qui lui avait notamment fait manquer les Euros 2016 et 2021, la préparation au Mondial 2018 (il n’entrera dans la compétition qu’à partir du deuxième match) ou encore la phase finale de la Ligue des nations à l’automne dernier, lui qui a carrément disparu des radars internationaux entre septembre 2020 et novembre 2021. À la place, Azpi (38 sélections et indiscutable depuis un an), Juanfran (22 capes), Jesús Navas (46 matchs dont 11 en tant qu’arrière droit à partir de 2019), Marcos Llorente (13 joutes dont 7 en arrière droit), Sergi Roberto (11 rencontres dont 7 en latéral droit), Álvaro Odriozola (4 apparitions) ou Héctor Bellerín (4 aussi) ont pu se goinfrer. Il n’est pas encore trop tard pour corriger le tir puisque tout n’est pas bouché : heureusement pour Carvajal, Jonathan Clauss est né à Strasbourg, et pas à Salamanque ou Castellón de la Plana.
Par Jérémie Baron