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Au Barça, le compte n’y est toujours pas
Les Rois mages sont attendus de pied ferme en Espagne, et peut-être à Barcelone plus qu’ailleurs. Encore empêtré dans ses problèmes financiers, le Barça ne peut plus faire jouer Dani Olmo, sa recrue star du mercato estival, à l’heure actuelle. Le club continue donc de bricoler pour traverser les mailles du filet. En espérant un petit miracle.
Qu’il semble loin, le temps où le FC Barcelone explosait le Real Madrid et avançait en sifflotant, l’air guilleret et le pas léger… Les certitudes blaugrana ont volé en éclats en moins de deux mois. Les cinq points pris en sept matchs de Liga ont ramené les hommes de Hansi Flick sur la terre ferme, et les galères économiques du club ont fini de plomber définitivement l’ambiance. Habitué aux histoires abracadabrantesques ces dernières années, le FC Barcelone est à nouveau rattrapé par ses mauvais comptes. Le nouvel épisode d’une série bien trop longue, avec Joan Laporta et Javier Tebas en haut de l’affiche, et deux victimes collatérales : Dani Olmo et Pau Víctor, qui risquent désormais de passer les six prochains mois sans pouvoir jouer.
Més que un levier
Le club traîne sa gestion financière douteuse comme un boulet depuis plus de deux ans maintenant. Pris dans l’étau, Joan Laporta et son équipe ont multiplié les fameux « leviers économiques » pour éponger une partie des dettes et s’offrir une marge de manœuvre, aussi courte soit-elle, pour renforcer l’effectif. En 2022, le club a ainsi « sacrifié » 49,9% de ses licences et de son merchandising, en plus de 25% de ses droits TV en Liga sur une période de 25 ans, pour récupérer de l’argent frais. Des leviers déterminants pour inscrire les recrues de l’époque, Robert Lewandowski et Raphinha notamment, tout en restant dans les clous relatifs à la masse salariale.
« Nous devons assainir notre économie en ayant des fonds propres positifs, en remboursant la dette de façon viable et en investissant pour que nos équipes professionnelles soient plus compétitives, exposait alors Laporta. Grâce aux premières mesures économiques appliquées (restructuration de la dette, réduction de la masse salariale sportive, augmentation des revenus), le club va mieux, mais il en faut encore plus. » Deux ans et demi plus tard, l’heure est toujours au bricolage et aux calculs d’épiciers. La blessure longue durée d’Andreas Christensen avait offert au club une opportunité presque inespérée d’inscrire Dani Olmo jusqu’au 31 décembre 2024, mais le passage à la nouvelle année a remis l’épineux dossier sur le bureau de Laporta.
L’étreinte de la Ligue, les étrennes du Qatar
Rayonnant à l’Euro, où ses buts contre l’Allemagne et la France ont permis à la Roja d’aller au bout, le maestro a signé au Barça dans la foulée, rapportant près de 60 millions d’euros à Leipzig au passage. Cinq mois plus tard, celui qui s’est classé treizième du Ballon d’or est déjà libre de s’engager ailleurs, comme le stipule son contrat. La faute aux errements financiers de la maison blaugrana, toujours limitée par sa masse salariale. Le club a demandé une nouvelle licence pour Olmo et Pau Víctor auprès de la fédération espagnole, mais la RFEF devrait suivre la position intransigeante de Javier Tebas et de la ligue d’après AS. L’article 130.2 du règlement général de la fédé laisse entrevoir une légère faille relative à l’inscription d’un joueur puisqu’il mentionne un cas de force majeure, mais il faudra évidemment le justifier pour pouvoir s’y engouffrer… Une situation complexe, qui devrait encore évoluer dans les deux prochains jours : de nouveaux éléments sont attendus d’ici à vendredi.
En parallèle, le club a sorti un autre levier de son chapeau : la vente d’une rangée de sièges VIP du futur Camp Nou pour vingt ans à un fonds qatarien, ce qui rapportera entre 100 et 120 millions d’euros selon la presse catalane. Une pirouette de plus pour espérer desserrer les mailles du filet. Les dirigeants comptent également les jours qui les séparent d’un retour au Camp Nou, potentiellement dès le mois de février. Le stade sera encore en travaux, mais pourra accueillir quelque 60 000 spectateurs, nettement plus qu’à Montjuïc, et donc générer davantage de recettes. Le FC Barcelone est décidément un sacré chantier, à tous les niveaux.
Par Quentin Ballue