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Escudé : « Le football m’a permis de voyager »

Propos recueillis par JPS, avec AB et BT
Escudé : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le football m&rsquo;a permis de voyager<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À 35 ans, Julien Escudé a décidé de raccrocher. Défenseur central connu et reconnu surtout de l'autre côté des Pyrénées, le Béarnais se retire avec à son palmarès deux Coupes de l'UEFA, deux Coupes du Roi, des Supercoupes et un championnat des Pays-Bas. Retour sur des années de voyages, de gros matchs et d'équipe de France.

Ça fait quoi de se dire qu’on n’est plus joueur de foot ? Tu as un sentiment particulier ?

Pas spécialement, non. Je regarde des matchs à la télé, j’échange des messages avec mes anciens partenaires, mais je n’ai pas ce manque. Ça viendra peut-être plus tard, mais là, je veux faire des choses que je n’ai pas pu faire avant, donc je voyage beaucoup, pour voir les amis, la famille. Je ne veux plus être dans l’urgence car avant, en trois semaines, je devais voir tout le monde. Là, je me réveille le matin et je me sens bien. J’ai la santé, mes amis autour de moi, ma famille. Tout va bien, j’ai moins le nœud au ventre que quand j’étais joueur. Je peux aussi manger un peu plus que quand j’étais joueur, ce n’est pas négligeable.

Actuellement, il y en a pas mal qui rallongent leur carrière. Pourquoi, toi, tu décides d’arrêter ? C’est au niveau de la tête, des jambes, de l’envie ?

C’est un peu de tout, je crois que c’est une réflexion générale sur « qu’est-ce que je peux encore apporter au football » et « qu’est-ce que le foot peut encore m’apporter » . C’est ma décision à moi et personne ne m’a forcé. Je suis parti jeune de la maison, j’ai joué à l’étranger dans différents championnats. Ce sont des moments difficiles pour l’adaptation. Ça use moralement et physiquement. J’ai joué pas mal de matchs. Le corps aussi commençait à fatiguer et je me demandais si dans la compétition, j’allais pouvoir perdurer à 35 ans. J’ai regardé mon parcours, j’ai 35 ans, j’ai gagné des titres, j’ai joué toutes les compétitions européennes, j’ai joué avec l’équipe nationale, j’ai joué contre les plus grands attaquants du monde, donc continuer encore pour un an… Je me suis dit que non. Mes priorités ont changé et maintenant, ma priorité, c’est la famille.

Pourquoi avoir dit stop, alors que, selon tes mots, Rennes te voulait ?

« Me voulait » , c’est un bien grand mot. Ils savent que j’ai des attaches, que j’y ai passé quatre ans, que j’y ai des amis, de la famille, donc pour eux, c’était une bonne opportunité, si jamais j’avais l’intention de vouloir prolonger l’aventure. Bon, pour moi, revenir à Rennes, évidemment, c’est un grand plaisir, mais après, du point de vue footballistique, revenir en France, ça ne m’intéressait pas vraiment. À 35 ans, que ce soit même en Espagne où j’avais eu des propositions, j’avais décidé d’arrêter. Pour moi, c’est le bon moment pour pouvoir laisser la place aux jeunes et commencer à penser au futur.

Justement, est-ce que l’après-foot, c’est une réflexion que tu mènes depuis longtemps ou tu vas y penser maintenant, une fois que tu as fini ta carrière ?

Non, si j’ai annoncé la fin de ma carrière, c’est que j’y ai pensé un peu avant. Là, j’étais dans la dernière phase, sur mes deux années de contrat au Beşiktaş. Je me suis demandé dans quoi je pourrais me faire plaisir, dans quoi je pourrais apporter un maximum, parce que bien évidemment, il faut faire quelque chose qui te plaise. Rester dans le milieu du foot, c’était quelque chose de primordial, car c’est ce qui m’a apporté de grandes émotions. J’essaierai de faire quelque chose dans le milieu des médias, peut-être à la télévision ou à la radio. Je discute actuellement avec des chaînes, mais je ne veux pas me presser. Et puis je pense aussi à me lancer dans la restauration en Espagne, car je serai basé à Madrid. Je connais un petit peu et ma compagne a travaillé là-dedans pendant quelques années. Mes amis sont restaurateurs et j’aime ces moments de convivialité et de partage.

Et ce serait un restaurant français ou espagnol ?

Un peu des deux. Ma compagne est espagnole, de Madrid, moi je suis du Béarn, on va essayer de faire un bon petit mix pour faire quelque chose de beau, de bon, de pas cher, pour que tout le monde puisse en profiter. On a des idées, on va y plancher dès notre retour à Madrid et ça fera partie de mes activités.

Quand tu parles de ta reconversion dans le milieu sportif, tu parles des médias, mais pas du terrain. Tu ne te vois pas travailler dans un club ?

Non, je veux pouvoir me donner le temps. Pendant ma carrière, j’avais des vacances au mois de juin et puis après, c’était impossible d’être disponible pour voir ma famille. J’aimerais organiser ma future vie pour avoir un peu plus de temps pour aller les voir. Reprendre le terrain, ce serait continuer ce que j’ai fait pendant quinze ans, sur le quotidien, les déplacements…

Qu’est-ce que t’a apporté la profession de footballeur ? On a l’impression que tu ne vis pas que pour le football, tu aimes par exemple visiter les villes par où tu passes…

Ça m’a permis de voyager. Le football nous permet ça. J’ai toujours choisi des destinations qui pourraient m’apporter humainement. Des villes qui ont des caractéristiques très fortes, des modes de vie, des cultures. Quand j’ai signé à Amsterdam, c’était parce que l’Ajax représentait quelque chose d’énorme, mais c’était aussi parce que c’était Amsterdam : la ville, les gens, les Hollandais. J’ai toujours essayé d’être près des gens d’où j’habitais. Dans le football, on est payés pour faire des déplacements et voyager dans des conditions exceptionnelles. Après, Séville, c’est un autre mode de vie. L’Andalousie, c’est des racines très fortes. Istanbul, je ne connaissais pas et j’ai beaucoup apprécié. Les gens sont très accueillants, très ouverts.

À Séville, il y a la rivalité avec le Betis et à Istanbul aussi. Tu as déjà eu des problèmes avec des supporters ?

Jamais. À Séville, il y avait même des supporters du Betis qui venaient prendre des photos. Ils me disaient « je suis supporter du Betis, mais j’apprécie comment tu joues » . Et pourtant, la rivalité est dure comme fer. En Turquie, pareil. Je vivais pas loin du quartier de Beşiktaş, j’allais au marché ou me promener en voiture ou en tramway, j’allais m’acheter des épices au bazar. Des fois, on me reconnaissait et on m’appellait, mais jamais de problèmes. Un pur régal.

Tu as été l’un des premiers défenseurs français à triompher en Espagne. On a l’impression que tu es plus reconnu là-bas…

Dans le Sud de l’Espagne, la ferveur est très forte et encore plus lorsque j’y étais, car c’est une équipe qui a presque tout gagné, donc on était adulé par les supporters. Encore aujourd’hui, j’ai annoncé la fin de ma carrière et je reçois énormément de messages de Séville. En France, il y a l’équipe de France qui m’a apporté un peu de notoriété et quand j’ai débuté, il y avait mon frère Nicolas qui était tennisman pro et puis moi, footballeur, donc c’était un cas un peu unique. Les gens me reconnaissent plus en Espagne qu’en France, mais bon pour moi, ce n’est pas gênant.

Est-ce que tu te dis que si tu avais joué dans un club un poil plus gros que Séville, tu aurais été davantage sélectionné ? Jérémy Mathieu, par exemple, a été sélectionné, il joue maintenant au Barça, alors que cela fait longtemps qu’il s’est imposé en Espagne, à Valence.

Je pense qu’il ne faut pas obligatoirement être dans un très grand club. Je pense que c’est un processus, il faut être en espoir, gravir les étapes, jouer la Ligue des champions et après, ça peut venir naturellement. Moi, si je n’ai pas signé dans un très grand club, c’est que ça ne devait pas se faire, mais où j’ai été, j’ai joué des grands matchs, j’ai réussi à intégrer l’équipe de France pendant quatre saisons donc je n’ai aucun regret. Tous mes choix ont été mûrement réfléchis, assumés et acceptés.

En Équipe de France, tu as 13 sélections. Tu as été blessé pour l’Euro 2008, tu t’es fait casser le nez contre l’Irlande et puis il y a eu ce match contre l’Espagne où vous êtes battus 2-0 et tu es aligné avec Ciani. On a l’impression que ce match vous a fait très mal, alors que c’était quand même les futurs champion du monde en face…

J’ai peut-être donné le bâton pour me faire battre. J’ai toujours essayé d’apporter quelque chose, mais j’ai joué de malchances. C’était un groupe difficile au niveau de l’ambiance. Le sélectionneur était très mal aimé, même s’il avait amené la France en finale de Coupe du monde. J’arrivais comme ça, en essayant de m’imposer et j’ai eu des matchs délicats. Je marque contre mon camp contre la Roumanie. Je joue contre l’Espagne au Stade de France, face à la meilleure équipe du monde et on est détestés par notre public… C’étaient des conditions difficiles. Ça reste des souvenirs positifs quand même. J’ai essayé de garder la tête haute. Je n’ai pas pu aller en Afrique du Sud à cause d’une blessure, mais mal m’en a pris ! J’étais à la maison à regarder ce qu’il se passait et je me disais, c’est peut-être un mal pour un bien.

Domenech t’avait expliqué pourquoi il ne t’avait pas pris pour le Mondial 2010 ?

Non, je pense qu’il fallait trancher, vu que moi, j’étais pas mal critiqué à l’époque. Personnellement, il ne m’a jamais téléphoné pour donner plus d’explications. Ça reste la loi de la compétition. On dit souvent qu’il y a un manque de communication entre le sélectionneur et les joueurs. Moi, je l’avais eu en espoirs, ça s’était très bien passé et il m’avait rappelé en équipe de France. J’ai fait quatre saisons avec les Bleus quand il était là, donc ça reste un sélectionneur qui a été important dans le suivi de ma carrière. Malheureusement, pour ce dernier épisode, je n’ai pas eu d’explications, mais je ne lui en veux pas.

Quel est le meilleur souvenir de ta carrière ?

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de titres. J’ai deux Coupes du Roi, deux Europa League, une Supercoupe, un titre de champion des Pays-Bas. La première Europa League et la Supercoupe d’Europe à Monaco contre Barcelone qu’on gagne 3-0, ça reste des images marquantes, sur la scène européenne. Ma première sélection en équipe de France aussi, contre les îles Féroé, chanter la Marseillaise, ça reste des moments forts. Il y a aussi la ferveur à Séville et puis la grosse ambiance à Istanbul. C’est exceptionnel. Vivre au cœur du Beşiktaş avec 30 000 personnes qui sont plus que des fans, c’est inoubliable.

Quel a été le joueur le plus difficile à marquer ?

Il y a évidemment Messi au Barça, je me souviens aussi quand j’étais à l’Ajax de Shevchenko, il était Ballon d’or à l’époque. Je me souviens aussi du réalisme d’Inzaghi qui était aussi très fort dans ses déplacements. C’était un casse-tête pour le marquer. Il y a également Zlatan, avec qui j’ai joué et que j’ai affronté en Espagne, il est très imposant, il a une gestuelle et une rapidité d’exécution très difficile à contrer. Il y a aussi Higuaín et Raúl. Raúl, on ne le voyait pas du match, il avait deux shoots à faire et il mettait deux buts.

Et le plus mauvais souvenir que tu as sur un terrain ?

Avec Beşiktaş, on a fait un match amical au milieu de la Turquie, sur un terrain pire qu’un champ de patates, des vestiaires derrière des barreaux et une chaleur à crever. Je venais de signer là-bas. Je voyais les supporters turcs en train de chanter, j’ai cru qu’ils allaient démolir la tribune. J’ai vu les adversaires, c’étaient que des gars supers costauds. Je me suis dit : « Là, ça va être un match vraiment casse-couilles ! Je vais pas prendre beaucoup de plaisir, vivement que ça se passe ! »
France-Israël : puisque le foot est politique

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