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Erreur sur l@ personne : la drôle de vie des homonymes de footeux sur Twitter

Par Alexandre Aflalo
Erreur sur l@ personne : la drôle de vie des homonymes de footeux sur Twitter

Twitter peut être un formidable endroit pour connecter des fans de football à leurs joueurs, entraîneurs et équipes préférés. Mais encore faut-il faire attention à qui l'on envoie ses 280 caractères. Car avec ses plus de 320 millions d'utilisateurs revendiqués, le réseau social regorge d'homonymes et de personnes dont le pseudo (le @) se rapproche de celui d'une star du football. Pour ceux-là, l'expérience Twitter peut vite prendre une toute autre dimension.

Qu’est-ce qui peut bien pousser une horde de joyeux Irlandais à chaleureusement féliciter sur Twitter un prêtre new-yorkais pour son transfert au Celtic ? Nous sommes le 4 février 2015 lorsque le père Michael Duffy voit exploser ses mentions sans trop comprendre d’où ça vient. Alors avant de demander réponse à Dieu, il sonde Google, qui dissipe rapidement le mystère : à 5 000 kilomètres de là, son homonyme, un ailier irlandais de 20 ans, célèbre la nouvelle année avec un transfert chez les Bhoys. La confusion était facile : là où c’est le clerc qui revendiquait le pseudonyme originel @MichaelDuffy sur Twitter, son homonyme footeux répondait à @MichaelDuffy_. Un simple sous-tiret qui canalise pourtant un monde de différence. « Au moins, un Michael Duffy est un athlète célèbre ! » gazouillera le père, pas rancunier pour un sou de cette drôle d’expérience.

Depuis, Michael Duffy (le footballeur) a quitté le Celtic, et Michael Duffy (le prêtre) a changé son arobase en @FrMichaelDuffy, sans doute pour éviter toute confusion. Mais il est loin d’être la seule, ni la première victime de ces méprises qui, parfois, donnent lieu à de belles histoires. En 2011 par exemple, un Américain du nom de Wesley Hall, @BigWes sur la toile, tombe fou amoureux du club anglais de Nottingham Forest après avoir été confondu avec le défenseur des Reds Wesley Morgan, également surnommé « Big Wes » . Tout récemment, c’est l’actrice Alison Becker (@TheAlisonBecker, notamment connue pour son rôle dans la série Parks and Recreation) qui s’est fait une petite place au sein de la twittosphère footballistique en s’appropriant sans complexe son homonymie avec le gardien de Liverpool. Et ce, même si leur nom ne s’épelle même pas de la même façon. « Je crois que les gens qui recherchent « l’autre » Alisson survolent mon nom, voient une pastille bleue (qui certifie l’appartenance d’un compte Twitter à une personnalité) et s’imaginent que c’est lui » , déduit-elle. Inscrite sur le réseau depuis septembre 2009, elle n’a réellement commencé à voir ses mentions envahies par des footeux qu’à l’été 2018, peu avant que le joueur de la Roma ne rejoigne les Reds : « Pour plaisanter, j’ai tweeté que j’allais signer avec Liverpool, avant qu’Alisson ne le fasse réellement. Je pensais que ça pourrait faire quelques likes, mais en quelques minutes, il y en a eu des MILLIERS. J’étais choquée. »

Chelsea, Van Persie, Villas-Boas et Moyes sont sur un bateau

Pour elle, l’expérience s’est révélée plutôt positive. La confusion avec le portier des Reds devient un running gagdans ses tweets, elle pose à de nombreuses reprises avec le maillot de Liverpool et enregistre même, en décembre dernier, une vidéo pour le média américain Bleacher Report réagissant à « sa » victoire au trophée Yachine. « Je suis humoriste, donc mon premier réflexe a été d’en rire. Et j’en suis venue à sincèrement m’attacher à ce club et à cette communauté. Ça reste internet, donc on croise toujours des cons ou des sexistes, mais globalement, les supporters de Liverpool sont hyper chaleureux. Le président Peter Moore m’a même envoyé un message pour m’inviter à assister à un match, si je suis un jour à Liverpool ! »

Là où Alison a la chance de partager son identité avec le gardien populaire d’une équipe en pleine bourre, d’autres n’ont pas la même veine. En mars 2014, une Écossaise du nom de Sarah Moyes (@moyesy) commence à recevoir des notifications de fans de Manchester United énervés contre leur entraîneur, David Moyes. Elle tweete son ras-le-bol : « Je n’ai aucun lien de parenté avec le manager de football David Moyes. Est-ce que les gens peuvent arrêter de me mentionner, je suis sûre qu’il a son propre compte. » Mais ses 140 caractères deviennent viraux, et une partie de Twitter s’acharne contre elle. « J’avais déjà entendu parler du trolling et j’ai été harcelée à l’école, mais je n’ai jamais rien vécu de tel » , écrit-elle en mars 2014 dans un billet de blog sur le site du Huffington Post, intitulé « Un entraîneur de football a détruit ma vie » . Insultes, incitations au suicide, attaques sur le physique, tout y passe pour, au départ, une simple erreur sur la personne. « Je comprends que ces gens ne me connaissent pas et qu’ils le font probablement à beaucoup d’autres personnes, mais cela ne rend pas la chose plus facile à lire. »

« D’autres » , justement, ont prêté main forte à Sarah sur Twitter à ce moment, lui faisant comprendre qu’elle n’était pas la seule dans cette situation et formant une alliance surréaliste entre homonymes de footeux. Il y avait par exemple @chelsea, de son vrai nom Chelsea LaSalle, une jeune Américaine qui en avait marre d’être prise pour un club de foot anglais, ou @rvp, Ravi Visvesvaraya Sharada Prasad à la ville, un consultant en télécom indien qui s’amusait d’être pris pour le buteur néerlandais Robin van Persie (surnommé RVP). Il y avait aussi @avb, a.k.a. Ashley van Buren. Autrice new-yorkaise d’une trentaine d’années, elle avait déjà fait les frais bien avant Sarah Moyes des déboires d’un autre entraîneur mal aimé : André Villas-Boas. « Ça a vraiment commencé quand il a signé à Chelsea, rembobine-t-elle. Je recevais énormément de menaces de mort destinées à lui et à sa famille. J’ai contacté la personne en charge des relations médias à Chelsea pour l’alerter, mais je n’ai jamais eu de réponse. » Comme Alison, Ashley décide alors de tourner cette nuisance en dérision : en décembre 2013, alors que le Portugais vit ses derniers moments à Tottenham et que les insultes se font de plus en plus fréquentes, elle tweete que « quiconque [lui] enverra une menace de mort adressée à lui se verra répondre les paroles d’une chanson de comédie musicale » . « C’est la chose la plus incongrue qui me soit venue sur le moment » , témoigne-t-elle aujourd’hui.

Heureusement, tout n’a pas été que menaces de mort et insultes. « Ça m’a aussi permis de reprendre contact avec certaines personnes, confie-t-elle. J’ai demandé sur Twitter si c’était arrivé à d’autres personnes, et on m’a dit d’en parler avec une certaine Ashley Williams, qu’on confondait avec un joueur anglais. Je me suis rendu compte que j’avais été au lycée avec elle, avant qu’on ne se perde un peu de vue. Ça nous a rapprochées. » Les aléas de la carrière du Portugais aidant, Ashley Van Buren arrive à avoir un peu de répit quand son homonyme est au chômage. Jusqu’à cet été, et l’arrivée du Special Two à l’OM. Depuis, les mentions d’Ashley ont pris l’accent marseillais. « Mais là encore, j’ai essayé de tourner ça à mon avantage. À chaque fois que j’avais un Français dans mes mentions, je lui demandais s’il pouvait me donner des informations sur la prochaine saison de « Dix pour cent ». J’adore cette série ! »

Kylian Mbappé et un twitto allemand

Pour autant, pas question pour elle de changer une identité numérique qu’elle arbore depuis janvier 2008 : « Ce sont mes initiales, et puis Twitter n’autorise plus les pseudonymes de trois lettres, donc c’est devenu assez rare, aujourd’hui. » Dans la banlieue de Munich, un autre twitto s’accroche à ses initiales contre vents, marées et vagues de fans de football français. « « psg », c’était mon pseudo sur IRC(l’une des premières messageries en ligne, N.D.L.R.), bien des années avant que Twitter n’apparaisse » , pose avec aplomb Patryk Samuel Garkun, propriétaire heureux de @psg. « Je connaissais le club, je suis fan de foot depuis tout petit, mais je ne pensais pas du tout à ça au moment de choisir ce pseudo. Ce n’était pas un club très populaire à l’époque, et quand bien même, j’étais loin d’imaginer que les clubs de foot aient un jour besoin de développer à ce point leur présence sur les réseaux sociaux » , assure Patryk, qui s’étonne que le club de la capitale n’ait jamais essayé de le contacter pour lui acheter son compte. Est-ce qu’il aurait accepté ? « Volontiers. » Les affaires sont les affaires.

Le club de la capitale a beau compter 7,5 millions d’abonnés sous son pseudo @PSG_inside, le logo bien visible en photo de profil et une petite pastille bleue pour attester de son authenticité, beaucoup mentionnent régulièrement encore le pauvre Patryk par inadvertance. Même ceux qu’on attend le moins sur ce genre d’erreurs : « Le jour du lancement de la première collection Jordan-PSG, j’ai carrément été mentionné par Kylian Mbappé. Ça, c’était assez marrant. » Patryk, qui se dit « très curieux » , a beau avoir bloqué les notifications ne venant pas des 170 personnes qu’il suit, « soit 99,9999% de Twitter » , il laisse ses messages privés ouverts « par curiosité, pour voir ce que les gens m’envoient » . Il y a environ huit ans, il reçoit un message qui le marque : « Une dame me demandait de prendre son fils dans « mon » équipe de jeunes. J’ai dû lui expliquer que je n’étais pas un club de football. Ça m’a rendu un peu triste. » Le revers de la médaille est là, aussi : parfois, on croit parler à son club de foot préféré sur Twitter, et on se retrouve à se faire briser son rêve par un Allemand qui n’a rien demandé.

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Par Alexandre Aflalo

Tous propos recueillis par AA, sauf mentions

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