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Erling Haaland est-il un cyborg ?
Depuis le début de la saison, il martyrise les défenses et annihile les gardiens de but. Erling Haaland, encore double buteur ce mercredi soir face à Copenhague, est si fort qu'on pourrait croire que c'est un cyborg élaboré par son père, Alf-Inge. Et si c'était vraiment un homme fait de chair et de métal ?
Dix-neuf buts en douze rencontres toutes compétitions confondues, trois triplés sur ses trois derniers matchs à l’Etihad Stadium en Premier League et déjà quatorze pions en championnat : Erling Haaland a des stats démentielles. Avec ce niveau de performance, le surnom de « cyborg » n’a pas tardé à revenir en boucle dans toutes les bouches. Mais alors, ce parallèle a-t-il du sens ? C’est quoi un cyborg, d’abord ? « À l’origine, ça vient des romans américains, des pulps. C’est un corps constitué de chair, de métal, et de technologie avec une conscience humaine ou humanoïde. C’est vraiment un héritage de la bête de Frankenstein », explique Doudou, du magasin spécialisé Album Comics à Paris. Jusque-là, rien ne prouve que le Norvégien n’a pas une jambe métallique dissimulée sous une simili peau blanche de Nordique. D’ailleurs, quand on cherche « Haaland blood » Google, on ne trouve que deux images de Haaland avec du sang, dont une fois où on ne voit pas sa tête, et une autre où c’est trop partiel pour affirmer qu’il s’agisse vraiment d’hémoglobine.
Cyborg, et robot si affinités
Les années à venir, voire la décennie, pourraient nous offrir un affrontement entre le Citizen et Kylian Mbappé, à la manière de Cristiano Ronaldo et Leo Messi. Dans ce cas-là, difficile de dire qui jouera le méchant, et qui jouera le gentil. « Il n’y a pas de règle sur le comportement des cyborgs. Ils ne sont pas plus souvent méchants que gentils. C’est une facilité scénaristique pour donner des capacités à quelqu’un. Après, il y a des versions positives ou négatives », affirme Doudou. Tout dépend donc de la volonté de son créateur, en l’occurrence Alf-Inge Haaland. Victime d’un attentat du Red Devil Roy Keane en 2001, qui lui a coûté sa carrière, le paternel d’Erling a visiblement passé sa progéniture sur le mode « destructeur » face à Manchester United dimanche dernier. Et si quelqu’un d’autre manipulait son esprit, dénuant EBH de son libre-arbitre humain, ne devrait-on pas carrément parler de robot ?
« Où s’arrête l’humanité et où commence le côté robot ? Ou inversement ? On se sert souvent de la science-fiction pour parler de sujets métaphysiques, sociétaux et ainsi de suite », philosophe Doudou, à qui Haaland rappelle la série des années 1970 L’Homme qui valait trois milliards. Footballistiquement, à part sa myriade de buts, l’enfant de l’an 2000 montre quelques traits qui le déshumanisent, notamment sa capacité à toujours faire le bon appel, la bonne course, être au bon endroit au bon moment. « Les limites cognitives dans l’analyse des situations de jeu tiennent à la capacité des joueurs à détecter les espaces libres et les opportunités d’en créer. Sur ce point, il est excellent », témoigne Antoine Morice, enseignant-chercheur à l’Institut des sciences du mouvement.
Même si ce n’est pas encore le cas à Manchester, le Norvégien avait tout de même une fâcheuse tendance à se blesser avec le Borussia Dortmund, preuve qu’il n’est pas infaillible, ou alors qu’il n’était pas encore complètement au point. « C’est un facteur qui pondère le fait que ce soit un cyborg », affirme le chercheur. « On se demande où ça va s’arrêter. L’état de cyborg, c’est le changement du corps et la possibilité de réaliser des prouesses qu’on ne considère pas comme normales chez un humain. Le concernant, sans que ce soit anormal, c’est vrai qu’il y a d’autres gens qui ont les mêmes caractéristiques et qui ne font pas le dixième de ce qu’il fait », remarque Doudou. Après avoir dégusté un doublé du Norvégien ce mercredi soir, les joueurs de Copenhague vont peut-être prendre les films de science-fiction un peu plus au sérieux.
Par Léo Tourbe
Tous propos recueillis par LT.