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Ten Hag-Manchester United : comme un boomerang
Quatorzième de Premier League, Manchester United dit au revoir à un énième entraîneur, Erik ten Hag, pourtant prolongé début juillet. Sacré refrain.
À l’heure de faire les comptes, dimanche soir, après un énième drôle de match de leur groupe favori sur le gazon de West Ham (2-1), un boomerang est brutalement revenu sur le bout du nez de tous les suiveurs de Manchester United. Lorsqu’il a été relégué en seconde division au terme de la saison 1973-1974, le club mancunien n’avait remporté que trois de ses neuf premiers matchs de championnat et n’avait planté que huit petits buts. Et cette saison ? Oui, vous voyez venir ledit boomerang : après neuf week-ends de Premier League, Manchester United n’a gratté que trois succès et n’a marqué que huit buts (pour 15.65xG générés, ce qui montre, déjà, la grosse sous-performance offensive du club depuis le début de l’été). On sait depuis très longtemps à quel point être entraîneur au très haut niveau et y réussir implique de savoir gérer de façon extraordinaire un paquet de leviers. Le faire sur le banc de Manchester United sans aucun doute encore plus, et ce lundi midi, Erik ten Hag, pourtant prolongé le 4 juillet dernier dans la foulée d’une victoire en finale de la FA Cup face à Manchester City, en a fait les frais, arrêtant le compteur de son mandat à 128 matchs officiels dirigés.
Club statement: Erik ten Hag.#MUFC
— Manchester United (@ManUtd) October 28, 2024
Le départ du général de Haaksbergen, arrivé au club avec un immense sac d’espoirs, n’est évidemment pas une surprise, mais Manchester United continue toujours autant d’interroger : pourquoi faire cela maintenant ? Et pourquoi l’avoir prolongé cet été alors qu’on sait qu’INEOS n’était pas pleinement convaincu par le projet du technicien néerlandais ? Toujours est-il que rien ne change vraiment : le cinquième entraîneur numéro un post-Ferguson ne laissera pas de grande trace dans les livres d’un club dont l’histoire, il ne faut jamais l’oublier, tient avant tout à la force de deux hommes, Sir Matt Busby et Sir Alex Ferguson, qui ont remporté à eux deux 18 des 20 titres de champion d’Angleterre de l’institution – les deux derniers ont été raflés par Ernest Mangnall.
Le lot d’incompréhensions
Mais que s’est-il passé, cette fois ? Beaucoup d’incompréhensions. De style, déjà. Ten Hag, qui a d’abord réussi à reconnecter Manchester United après un exercice 2021-2022 qui avait vu le club afficher son plus faible total sur un exercice de Premier League et à planter des graines assez fortes dans son groupe pour le voir retourner pas mal de rencontres, a peiné à trancher la question de l’allure qu’il voulait donner à son équipe. Elle a parfois été une équipe de possession, parfois une équipe tranchante, verticale et brutale en transitions (il rêvait d’en faire « la meilleure équipe de transitions du monde ») , mais elle a aussi été, trop souvent, quelque chose d’assez difficile à lire et, surtout, de très fragile sans ballon (1,33xG concédés par match en 2022-2023 ; 1,81 en 2023-2024 ; 1,67 cette saison).
Il ne faut pas oublier qu’il aura su ramener le club en Ligue des champions, qu’il y aura eu quelques chouettes moments comme la double confrontation face au FC Barcelone en Ligue Europa ou la victoire face à Newcastle en Carabao Cup, mais on retiendra aussi que derrière les premières cartes qui ont été posées en équilibre, le château s’est vite effondré, ce qui est de la responsabilité d’Erik ten Hag, mais aussi de toute la culture d’un club en pleine refonte et qui ne sait pas totalement ce qu’il veut être au-delà d’une entreprise qui brasse des milliards.
Alors, nous y revoilà : Manchester United est aujourd’hui 14e de Premier League, n’a gagné aucun de ses trois matchs de C3 (trois nuls), a encore claqué plus de 200 millions d’euros sur le dernier marché des transferts pour assouvir les idéaux d’un coach viré deux mois après la fin du mercato, va défier Chelsea le week-end prochain avec un énième intérimaire (que l’on imaginait voir sur le banc un jour dès sa signature l’été dernier puisqu’il s’agit de Ruud van Nistelrooy), et se demande encore comment stopper ce cycle de déceptions. En septembre, le nouveau directeur général, Omar Berrada, a rappelé que l’objectif était de « ramener le club au sommet du football européen », mais cela passera, d’abord, par le ramener sur les hauteurs du football anglais. Tout est à reconstruire, encore et encore. Ainsi, les coups de pioche reprennent, au milieu d’un effectif mal équilibré et qui doit pour de bon se choisir un moule fixe.
Par Maxime Brigand