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Eric Roy : « J’adore mettre les mains dans le cambouis »

Propos recueillis par Florent Caffery
Eric Roy : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’adore mettre les mains dans le cambouis<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Directeur sportif de Watford pendant sept mois, l’ancien dirigeant lensois savait qu’il allait vers une situation proche du bourbier. Le confinement est passé par là, la saison a repris, mais le club de la banlieue londonienne est monté sur l'échafaud de la relégation. Retour sur une parenthèse singulière où quelques proches de l’OM sont même venus le sonder pour rejoindre la Canebière.

Eric, tu n’avais pas choisi la facilité en optant pour Watford, en décembre dernier, englué dans la zone de relégation (3 succès après 19 journées). Et finalement, après le confinement, le championnat reprend et vous descendez en Championship pour un point. Que va-t-il te rester de ces sept mois outre-Manche ?J’ai pu vivre l’expérience de l’un des plus grands championnats du monde. C’était un vrai plaisir d’aller dans ces stades, avec ces ambiances, enfin durant les premiers mois. À mon arrivée, la situation était catastrophique. Watford était en grande difficulté avec très peu de points et peu de confiance. Le football, c’est aussi un groupe, des dynamiques qui parfois sont bonnes et d’autres très mauvaises. Il fallait cerner quels leviers actionner pour inverser la tendance. Ce n’est pas simple, mais c’était vachement intéressant. C’est la première fois que je venais exercer à l’étranger en tant que dirigeant. Faire ce métier en France, comme je l’ai fait après ma carrière où tout le monde te connaît, c’est une chose. Tu as un background, une réputation. Mais là, je partais un peu de zéro. Il fallait comprendre où je mettais les pieds, cerner mon environnement, apprivoiser un peu plus la langue.

Si j’étais resté à Watford après la fin de cette saison, j’aurais pu retrouver ce que j’ai fait à Lens.

Et sur ton rôle de directeur sportif ?Selon chaque club, ça change, les organes et les processus de décision ne sont pas les mêmes. Mon travail de directeur sportif à Lens (2017-2019, N.D.L.R.) était très différent de celui à Watford. C’était lié à la structure du club et à la situation sportive. En débarquant en Angleterre, Watford avait 12 points en 18 matchs et n’avait gagné son premier match qu’à la 12e journée. Mon travail était beaucoup plus axé sur les joueurs et l’équipe, en collaboration avec l’entraîneur, le staff. À Lens, on était sur ça, mais aussi sur la reconstruction d’une équipe avec une vision à long terme. Là, j’étais dans l’immédiateté, dans l’urgence. Si j’étais resté à Watford après la fin de cette saison, j’aurais pu retrouver ce que j’ai fait à Lens.

Aller dans des projets compliqués, ça n’a jamais été un souci. J’en sors tout de même frustré parce qu’il y a la sanction sportive et que nous avions une super dynamique jusqu’à la pandémie…

Tu en sors frustré ?Oui et non. Avoir une offre d’un club de Premier League, ça ne pouvait pas se refuser. Quelqu’un avait évoqué mon nom auprès du propriétaire Gino Pozzo, et je suis allé à Watford le rencontrer. On a beaucoup échangé sur le projet, la problématique de la saison, et il considérait que je pouvais les aider. C’est un grand président, il gérait encore trois clubs il y a peu. Il fait ça toute la journée. En France, tu peux dire que Jean-Michel Aulas est un grand président, c’est évident sur les 30 dernières années, mais avant cela il avait son entreprise. Là, la seule entreprise de Gino Pozzo, c’est son club de 8h à 19h. Je savais que la tâche serait compliquée. Mais j’ai prouvé durant ma carrière que je n’avais pas peur. Quand je me suis retrouvé directeur sportif de l’OGC Nice avec beaucoup de déficit, on a su construire une équipe. Puis je suis passé entraîneur quand le Gym était relégable. Je ne me suis pas défilé. À Lens, quand j’arrive, le club est presque relégable. Aller dans des projets compliqués, ça n’a jamais été un souci. J’en sors tout de même frustré parce qu’il y a la sanction sportive et que nous avions une super dynamique jusqu’à la pandémie…

Justement, tu fais venir João Pedro et Ignacio Pussetto, vous tapez Liverpool 3-0 en février, et le virus vient tout stopper…Quand on s’arrête, on est en dehors de la zone de relégation, on avait rattrapé 10 ou 12 points sur Bournemouth. À un moment donné, on a cru qu’on allait y arriver et qu’on réussirait cet exploit. Intrinsèquement, Watford avait les moyens de se maintenir. Nous avons fait le plus dur, mais sans parvenir à enfoncer le clou. Au restart, l’équipe n’était plus du tout la même. On a joué neuf matchs sur un mois, et directement, ça ne se goupille pas bien. En jouant tous les trois jours, c’était impossible de se retourner et d’actionner à nouveau des leviers pour inverser la tendance.

Quand tu reçois Manchester City chez toi, tu peux toujours avoir cinq bonnes minutes avec un public qui te pousse et te permet d’avoir un élan positif. Là, quand on te prend le ballon, que tu cours après et qu’il n’y a personne pour t’encourager, c’est compliqué.

Tu as vécu le confinement en France et quand tu retournes dans la banlieue londonienne, le groupe n’est plus le même…L’équipe a mal géré ce nouvel environnement après le confinement. Notamment les stades à huis clos qui ne favorisent pas les plus petites équipes. Quand tu reçois Manchester City chez toi, tu peux toujours avoir cinq bonnes minutes avec un public qui te pousse et te permet d’avoir un élan positif. Là, quand on te prend le ballon, que tu cours après et qu’il n’y a personne pour t’encourager, c’est compliqué. Sur le plan athlétique, on a repris un peu plus tard que certaines équipes, quelques joueurs ne voulaient pas revenir, car ils craignaient pour leur famille. Et puis le directeur technique était en Italie, le propriétaire en Espagne, moi en France, les joueurs en Angleterre. La performance a continué d’envoyer des exercices, mais tu es lié à la responsabilité individuelle des joueurs. Je ne pense pas que les dirigeants et les joueurs ont su gérer au mieux cette période. Nous avons eu trois semaines d’entraînement avant la reprise du championnat, c’était très court. J’ai débarqué quatre jours avant le premier match. On s’est retrouvé au niveau de ce qu’était l’équipe au début de saison quand ça ne marchait pas. Le confinement nous a pété notre dynamique.

Résultat, vous prenez 7 points en 9 matchs…La reprise contre Leicester est correcte (1-1). Mais ensuite on enchaîne des mauvaises performances à Burnley (0-1), contre Southampton (1-3), et le point d’orgue, c’est West Ham (1-3, le 17 juillet). Quand tu joues ta survie et que tu prends 3-0 après 35 minutes, ce n’est pas un bon message. Même si nous étions finalement dans le coup jusqu’au bout. Mais on ne pouvait pas tirer la sonnette d’alarme vu le contexte, alors tu essayes de te persuader que ça va le faire et tu positives. Mais sur les trois derniers matchs, on fait 0 point.

Lorsque tu descends, tu penses plus à faire des économies qu’à recruter des gens.

Si Watford s’était maintenu, tu serais resté ?On n’en avait pas parlé. Je réfléchissais à comment réécrire le projet. Ce sont des réflexions personnelles qui n’ont pas été discutées. Je savais bien qu’en ne réussissant pas l’exploit de se maintenir, forcément le projet serait différent. J’étais en fin de contrat, il était évident que lorsque tu descends, tu penses plus à faire des économies qu’à recruter des gens.

Du coup, tu es revenu à Nice ?Je profite de ma famille que je n’ai pas énormément vue sur les huit derniers mois. J’ai parlé avec quelques clubs en France durant le confinement, mais je n’étais pas dispo parce que j’étais sur Watford. On verra ce qu’il se passe dans les prochains mois. Et puis je reste en contact avec le président de Watford, ce n’est pas totalement fou de penser qu’un jour je travaillerai à nouveau là-bas. Le football est un éternel recommencement.

As-tu tout de même une pointe de regret de voir Lens rejoindre la Ligue 1 sachant que tu y as aussi contribué ?Je suis très heureux pour ce club qui le mérite et pour ses supporters. Sachant le travail que j’ai fait là-bas, c’est sûr que je me dis que j’aurais pu faire partie de cette aventure. Mais la problématique était extra-sportive. À un moment donné, il a été décidé de faire un plan social, je n’étais pas prêt à continuer dans les nouvelles conditions que l’on souhaitait mettre en place. La deuxième saison où j’y suis, on échoue d’un rien en barrages. Ce plan social, avec lequel nous vivons toute la saison, a forcément eu un impact. Je parle encore très souvent avec Joseph (Oughourlian, le président du Racing, N.D.L.R.), on s’est vus à Londres. Je devais l’inviter à Watford, mais la pandémie a reporté la chose. Maintenant, le plus dur commence pour Lens. C’est dans son ADN d’être en Ligue 1, à eux de rester à ce niveau désormais.

Bien sûr que l’OM, ce n’est pas un projet qui me laisserait indifférent.

Même si la saison n’était pas terminée avec Watford, Marseille serait venu toquer à ta porte avant que Pablo Longoria ne soit recruté…Il n’y a eu aucune prise de contact. J’ai encore quelques connaissances dans le club, c’est vrai que des gens m’ont appelé en me disant que je devais déposer ma candidature. À ce moment-là, je n’avais que Watford en tête. L’OM a beaucoup compté pour moi, et je l’ai toujours dans un coin de la tête. Bien sûr que ce n’est pas un projet qui me laisserait indifférent. Mais si des dirigeants de l’OM me veulent, ils savent où me trouver.

Quoi qu’il en soit, tu recherches toujours un poste dans le milieu ?Je veux bosser dans le foot quoi qu’il arrive. Mais pour que ça se fasse, c’est une histoire de rencontre, de projet. Quand on vient te chercher, ce n’est pas parce que tout roule, c’est qu’il y a besoin d’un nouveau souffle. Mais j’adore mettre les mains dans le cambouis, ça ne m’a jamais posé souci.

Et le projet Ineos à Nice, ça pourrait t’intéresser ou ton départ compliqué avec la direction actuelle met fin à la discussion ?C’est moi qui ai fait venir les dirigeants qui sont toujours là. Si nous avions dû continuer à travailler ensemble, on ne se serait jamais séparés. Il n’y a pas de débat sur ça.

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