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Éric Hély : « Des joueurs qui n’évoluent pas à leur niveau »

Propos recueillis par Arnaud Clément
Éric Hély : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Des joueurs qui n&rsquo;évoluent pas à leur niveau<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec un zéro pointé en quatre matchs et un titre honorifique de défense la plus perméable du championnat, le FC Sochaux-Montbéliard est dans de bons temps de passage pour retourner jouer le vendredi soir en 2013-2014. Un état de fait qui agace au plus haut point Éric Hély, une des rares personnalités du club à encore faire l'unanimité à Bonal. Ça tombe bien, comme les supporters, celui-ci n'y va pas avec le dos de la cuillère.

Éric Hély, en un mot ou une expression, comment qualifieriez-vous le début de saison du FC Sochaux-Montbéliard ?

Naïf. Il y a un manque de maturité. Sur le but à Reims (0-1), l’action avant de concéder le dernier coup franc, au lieu de garder le ballon alors qu’on est à 10, on essaye de marquer avec des appels en profondeur. Contre Montpellier (1-3), avant le pénalty, nous avons un corner. Ils relancent et au lieu de faire faute au milieu de terrain, on fait une faute grossière dans les 16,50 m. Au haut-niveau, si tu fais preuve de naïveté, ça se paye cash. Tu ne maîtrises pas un détail et hop.

Comme l’avait laissé entendre Sébastien Roudet sur le match contre Montpellier (1-3), le FCSM n’est-il pas plus proche du niveau de la L2 que de celui de l’élite ?

(Il coupe) Non, c’est sur ce match-là qu’on a le niveau de L2. Sébastien le dit très bien en conférence de presse et s’inclut dedans d’ailleurs. Mais ce n’est pas sur l’ensemble.

Très bien. Alors comment jugez-vous le niveau affiché par vos joueurs ?

On n’est pas assez solides défensivement. Quand on regarde le premier but de Montpellier, c’est difficile de gagner un match avec un truc comme ça. Tu te tues tout seul. On manque d’agressivité, on est trop tendres dans les duels.

Le cru de cette année est-il au moins aussi fort que celui de l’an passé ?

L’année dernière, les joueurs se connaissaient depuis plus longtemps. Il y avait un vécu plus important… Là, on est à la quatrième journée. Si on regarde le cas de Sébastien Corchia, il est suspendu deux matchs. Ensuite, il joue latéral gauche, puis droit. Donc au niveau de l’association avec les centraux, ce n’est pas l’idéal. L’équipe actuelle n’a pas énormément de vécu commun. En 2011-2012, il restait douze journées et on avait un comportement de personnes en danger. La réussite qu’on a eue, on l’a méritée. Aujourd’hui, il faut combattre pour inverser la tendance et mes joueurs en sont capables.

C’est un peu une course contre le temps que vous jouez en somme ?

Il n’y a pas à tortiller, il faut que les absents de début de saison reviennent dans le groupe. Les absences de garçons d’expérience comme Omar Daf ou David Sauget nous portent préjudice. Ils ont l’habitude du haut niveau, ils savent agir, par leurs mots, par leurs attitudes. Ils transmettent leur tempérament aux autres. Kalilou Traoré doit aussi nous apporter de la puissance et de l’agressivité au milieu du terrain.

Vous sous-entendez que vous n’avez pas un effectif suffisant ?

Si, mais si tout le monde est en bonne santé… C’est sûr qu’on n’a pas un effectif de vingt joueurs chevronnés. Mais bon, c’est la politique du club, c’est tout. Il y a des impératifs économiques qui font que. Plus ça va et plus c’est difficile économiquement de garder un joueur expérimenté. Avant, ils s’en allaient d’ici vers 23 ou 24 ans. Aujourd’hui, nos meilleurs joueurs partent à 22 ans. Donc ceux qui les remplacent ont intérêt à vite être dedans. Jouer titulaire, ce n’est pas la même chose à assumer.

Contre Montpellier, champion de France en titre, il n’y avait que 9 554 spectateurs, soit moins de 50 % de remplissage. N’est-ce pas le signe d’une certaine résignation et d’une pente qui se raidit année après année ?

Non, le début de saison est difficile, certes. L’année dernière, le stade était tout le temps plein car tout le monde sentait le club en danger. Maintenant, il faut que tout le monde soit présent. Ensuite, on était encore sur les retours de vacances. Quant à Montpellier, même s’ils sont champions, ils ont connu un début de saison semblable au nôtre. Ce n’est pas Marseille, Saint-Étienne ou le PSG..

Cette forme de déclin va aussi de pair avec les difficultés de l’actionnaire principal, Peugeot. A ce sujet, avez-vous lu l’éditorial paru la semaine dernière dans France Football traitant de l’intérêt qu’aurait Peugeot à voir le club descendre ?

Oui…

Et ?

Et j’en pense rien, je travaille. Après, le pourquoi du comment, j’en sais rien. Aujourd’hui, il faut rester unis. La presse écrite fait son travail, je fais le mien.

Compte tenu des difficultés de Peugeot, du plan de restructuration et de la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois, c’est logique comme raisonnement, non ?

Non, c’est un raisonnement qui ne tient pas. Que ce soit l’actionnaire ou la famille Peugeot, ils sont attachés au club. Est-ce que Peugeot peut injecter, je ne sais pas, par exemple 40 millions d’euros ? Non, il ne peut pas. Mais ce dont je suis sûr et certain, c’est qu’il est attaché au club. Après, il y a des moments où il faut être raisonnable. L’année où on gagne la Coupe de France (ndlr : 2007), il n’y avait pas la même masse salariale. Elle était bien supérieure. Mais on a pris des risques financiers. Et peut-être qu’on s’est fait peur à ce moment-là.

Mis à part le fait qu’il reste trente-quatre journées, qu’est-ce qui vous donne espoir lorsque vous voyez évoluer vos joueurs actuellement ?

Pendant les matchs amicaux ou sur de courtes périodes, on est capables de se procurer des occasions. Mais on doit faire bien mieux. Il y a des joueurs qui n’évoluent pas à leur niveau.

Qui ?

J’ai pas de noms à donner. De toute façon, je suis sûr qu’on est capables de faire mieux. Sauf que lorsque tu es en difficulté, certains ont tendance à en faire plus. C’est à ce moment-là que les joueurs sortent de leur domaine de compétence. La performance est alors moins bonne. Un milieu récupérateur sait récupérer et donner. Mais s’il se dit qu’il doit faire des dernières passes, c’est toute l’équipe qui déjoue.

Sur quoi avez-vous travaillé durant la coupure internationale?

Être plus efficaces collectivement et optimiser nos points forts offensifs.

Qui sont ?

Je ne vais pas vous le dire. Mais il faut utiliser les capacités de chacun au maximum. Pour être optimiste, il faut optimiser nos qualités. Il faut se demander : « Sur quel type d’action sommes-nous le plus dangereux ? » À partir de là, on a choisi de travailler sur deux axes.

Quels sont les leviers sur lesquels on peut agir pour redonner de la confiance à son groupe ?

Il faut dire les choses comme elles sont. Quand on est naïf comme contre Montpellier, tu en profites pour y aller franco et leur signifier qu’on est en droit d’attendre plus. Il faut les mettre face à leurs responsabilités. Et puis travailler et progresser sur des axes dans lesquels tu es performant, ça te donne de la confiance.

Sochaux n’a pas marqué dans le jeu en six heures de compétition. Tous les buts ont été marqués sur coup de pied arrêté. Pourquoi une telle stérilité offensive dans le jeu ?

Encore une fois, on n’insiste pas assez sur nos qualités. Il faut faire des choses simples et efficaces. Ce n’est pas la peine de s’éparpiller.

Butin est encore blessé jusqu’à l’automne, vous avez peu d’attaquants… N’est-ce pas aussi de par un manque de solutions ?

C’est la politique du club. Il faut juste savoir comment bien les servir, ne pas se tromper et se poser les bonnes questions : « Quel type de joueur est-ce ? Comment les rendre plus efficaces ? » Point.

Votre club a toujours eu la tradition d’une philosophie de jeu léchée, rapide et technique, avec la formation ou l’équipe première. Dans une situation comme celle-là, doit-on se conforter dans ses choix ou renier ses racines ?

On ne peut pas renier nos racines. On aura des difficultés à le faire. Est-ce qu’on est capables de défendre 90 minutes ? Non, je pense que les joueurs ne s’y feront pas. On peut bien défendre en gardant le ballon aussi. Après, dès la formation, on a toujours des problèmes d’agressivité et de vice. Les joueurs formés pensent que le football, c’est avec le ballon et il ne faut pas détruire. Mais la compétition, c’est l’efficacité. J’aime le jeu, mais j’aime aussi être efficace. Et j’aime un joueur qui s’appuie sur ses qualités. Il faut être plus rigoureux avec soi-même. Là encore, il faut se demander : « Où suis-je bon ? Qu’est-ce que je dois faire ? » C’est tout.

Vous avez pris l’eau défensivement contre Montpellier, notamment sur les couloirs. Alors que se profile le déplacement à Saint-Étienne, vous avez plus de certitudes ?

Oui, on a eu le temps de réfléchir. On sera plus entreprenants si on optimise nos qualités et qu’on met l’accent sur des choses plus simples. Défensivement, il faudra être à nouveau conquérants car on a été trop passifs ces derniers temps.

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