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Eric Harrison, l’autre King

Par Maxime Brigand
5 minutes
Eric Harrison, l’autre King

Formateur historique à Manchester United, Eric Harrison est décédé dans la soirée de mercredi et emporte avec lui une promesse tenue auprès de Sir Alex Ferguson lors de l'hiver 1986 : nourrir le technicien écossais en jeunes éléments de qualité. The rest is history.

Il faut repartir, un temps, dans ce drôle de monde. Un monde où l’on se douche à l’eau froide, où les crampons claquent contre le carrelage, où chaque samedi matin est un paradis, où l’odeur du linge sale est une amie. Dans cet univers, maintenant, il faut se dessiner un homme à l’allure de père, qui se balade en sweat Umbro avec une raie un coup sur le côté, un coup dans le vent, et dont l’objectif quotidien est de faire progresser et grandir des dizaines et des dizaines de gosses. Un type qui, au mois de novembre 1986, voit aussi flou que son club. Pendant ce temps, à Hamilton, en Écosse, une silhouette sort d’une voiture garée sur le parking d’une station-service d’autoroute. C’est celle d’un homme en imperméable, qui parle avec un accent terrible. Il s’appelle Alexander Chapman Ferguson, est à cette époque l’un des entraîneurs les plus recherchés d’Europe et fait monter dans sa voiture quatre hommes : Bobby Charlton et trois dirigeants de Manchester United, dont son président, Martin Edwards. La troupe quitte le parking, direction le salon de Bridget Robertson, la jumelle de Cathy Ferguson et belle-sœur du récent vainqueur de la Coupe des coupes avec Aberdeen. À Manchester, Eric Harrison, lui, attend.

Vidéo

« Eric, quel paquet de bons joueurs tu as… »

Face à Ferguson, Edwards ne plie pas et refuse toutes les demandes financières du technicien écossais. D’ailleurs, Manchester United lui propose un salaire inférieur à celui qu’il touchait lorsqu’il était sur le banc d’Aberdeen. Et alors ? Alors, celui qui deviendra bien plus tard Sir Alex Ferguson s’en moque, signe et prend la succession de Ron Atkinson, embarquant avec lui ses principes et son hairdryer treatment. En débarquant au Cliff, le centre d’entraînement de Manchester United, l’Écossais prend un mur en pleine tronche. La veille, le drinking club de l’équipe première, principalement tenu par McGrath, Whiteside et Robson, a fêté l’éviction d’Atkinson. Que faire ? Ferguson sait quoi faire : si Paul McGrath et Norman Whiteside avaient pris l’habitude de se murger chaque après-midi, le technicien écossais interdit l’alcool, vide les casiers du Cliff, rend les costumes obligatoires les jours de match, impose un rasage de près à ses hommes et se construit même un réseau en ville pour surveiller ses gars. Ça, c’est pour les premiers jours. Au bout de deux semaines, l’entraîneur écossais invite Harrison, amené au club par Atkinson en juin 1981, dans son bureau. Leur échange va entrer dans la légende et a été raconté par le même Harrison en réponse à une question posée par l’un de ses anciens joueurs, Gary Neville, lors d’une interview organisée par le Daily Mail en novembre 2013. Une question d’histoire : comment mesurer exactement la réussite d’un entraîneur qui travaille pour une académie et donc auprès d’une équipe de jeunes ?

« Lorsque je suis arrivé dans le bureau de Sir Alex, il m’a dit : « Je ne suis pas entièrement satisfait du système de formation. » J’ai pensé que c’était un test. Et il a continué : « Je veux plus de joueurs. » Alors, je lui ai expliqué : « Est-ce que vous savez combien Manchester City possède de scouts ? Au moins dix fois plus que nous. » Là, Ferguson m’a répondu : « Ne t’inquiète pas, je vais régler ça. » Et en moins d’un mois, des scouts sont arrivés de partout, et des bons. Finalement, ensuite, quand l’équipe première finissait son entraînement plus tôt que prévu, certains joueurs venaient voir jouer la réserve, notamment Steve Bruce. Et Steve me disait souvent : « Eric, quel paquet de bons joueurs tu as… » On parle de Steve Bruce, un super joueur. Peut-être qu’il commençait à avoir peur pour sa place… » Car avec des moyens supplémentaires, Eric Harrison, responsable historique de la formation à Manchester United, aura été l’un des piliers majeurs de la renaissance post-86 du club. Il est décédé dans la soirée de mercredi à l’âge de 81 ans après quatre années passées dans le vidé créé par une démence héréditaire (son père en est également décédé) et lors desquelles, selon sa famille, il répétait parfois certains noms : David Becham, Chris Casper, John O’Kane, Colin McKee, Paul Scholes, Ryan Giggs, Nicky Butt, Ben Thornley, Gary Neville, George Switzer, Simone Davies…

Passes hollywoodiennes et leçons de vie

« Nous avons perdu l’homme qui a fait de nous ce que nous sommes devenus » , a expliqué sobrement Gary Neville, jeudi, lors d’une journée où de nombreux anciens Fergie’s Fledglings ont rendu hommage à un mentor qui aura passé 27 ans sur les terrains avec l’équipement de Manchester United et avec qui ils auront notamment remporté la Youth Cup 1992 contre Crystal Palace. Avant ça, Harrison a joué, un peu, notamment sous les ordres de Brian Clough à Hartlepool, mais a surtout tenu, derrière, la promesse échangée avec Ferguson en 1986 : « Si vous me donnez des joueurs de meilleure qualité, je vous donnerai plus de jeunes talentueux pour l’équipe première. » The rest is history et si Eric Harrison était à Barcelone, le 26 mai 1999, pour faire la fête dans un hôtel, il y a une raison : ce succès européen était aussi le sien. Dans l’hommage qu’il lui a rendu, Sir Alex Ferguson a alors souligné « la personnalité et la détermination » qu’Harrison savait créer chez les joueurs, de Norman Whiteside à Wes Brown. « Je l’entends encore me dire d’arrêter avec mes passes hollywoodiennes » , a posté de son côté David Beckham sur Instagram, tout en enchaînant : « La chose la plus importante, c’est qu’il nous ait aidés à comprendre comment travailler et comment respecter l’autre sur et en dehors du terrain. Nous n’oublierons jamais les leçons de vie qu’il nous a données. » Et les succès dont il aura été la base. Car Harrison, c’était surtout une certaine idée du foot.

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