- Culture Foot
Éric Di Meco : « J’aimerais maîtriser ma basse comme je maîtrisais mes tacles »
Il est 18 heures lorsque la voix d’Éric Di Meco résonne au bout du combiné. En cette période de confinement, il vient tout juste de terminer une nouvelle émission du « Moscato Show », le talk de Vincent Moscato sur RMC. Loin d’être sa seule occupation de la journée, à en croire l’intéressé : « Je fais du vélo d’appartement, des haltères, des tartes, je fais des cookies... Je me fais chier quoi ! Comme tout le monde. Et puis, je répète mes morceaux le soir pour ne pas perdre la main ! » Car oui, depuis plus de vingt ans, l’ancien latéral gauche de l’OM joue de la basse. L’année dernière, il a même fondé un groupe de reprises d’Oasis appelé « Osiris Cover Band ». Entretien avec un amoureux de Rage Against The Machine, mais qui comme tout bassiste, garde forcément une place de choix dans son cœur pour Flea des Red Hot Chili Peppers.
Qu’est-ce qui t’a poussé à te mettre à la basse ? D’habitude, les footballeurs musiciens font du piano ou de la guitare.
J’ai toujours été fasciné par la basse. Quand j’écoute un morceau, c’est la ligne de basse que j’entends en premier. Jeune, j’écoutais The Police avec Sting qui joue de la basse en chantant. Je kiffais. Pareil pour Mark King de Level 42 et d’autres groupes des années 1980-1990. J’ai toujours été fasciné par ces mecs-là. Après, même si je ne suis pas un amoureux du funk, je dois avouer que les bassistes funk sont phénoménaux. Le top du bassiste, c’est le bassiste funk. Lorsque j’étais au centre de formation de l’OM, j’avais un pote batteur. Il s’appelait Thierry Chancel, un gars qui n’a pas eu une grande carrière, mais qui a fait quelques matchs en première division par la suite. En sortant du centre, on a habité ensemble dans un studio qu’on louait. Il avait ses baguettes et tapait partout sur sa batterie, tandis que je m’étais mis à la basse, mais je n’avais pas accroché. La guitare, c’est mélodieux et tu peux en jouer seul, alors que la basse, il faut que très vite, tu sois dans un groupe pour jouer avec des potes.
C’est clair que tu en fais moins facilement sur la plage pour impressionner la galerie…C’est un instrument d’accompagnement. Souvent, lorsque tu joues une ligne de basse devant des gens, ils se demandent quel morceau c’est, car ils ne l’entendent pas lorsqu’ils écoutent le morceau. Je ne comprends pas que ma nana, par exemple, elle n’entende pas la ligne de basse. C’est comme ça, c’est rigolo.
C’est plus tard, à Monaco, que tu as eu le déclic… Oui, c’est vraiment à Monaco où ça a pris en 1995. J’ai sympathisé avec le gérant d’un magasin de musique qui était pas loin de chez moi, et j’ai sauté le pas. Il avait une basse magnifique qui m’a plu. À l’époque, j’étais à fond Red Hot Chili Peppers, et j’avais acheté le livre de tablatures de Blood Sugar Sex Magik, l’album avec le tube Give It Away. De mémoire, je dirais que le premier morceau que j’ai appris, c’était Under The Bridge. La ligne de basse n’était pas trop compliquée et plutôt mélodieuse.
Quand j’ai commencé à m’amuser un petit peu, j’avais un pote qui tenait un restaurant-concert à Monaco qui accueillait pas mal de groupes américains. Et c’est là qu’il m’a fait ramener des États-Unis une MusicMan StingRay noire comme celle de Flea (bassiste des Red Hot Chili Peppers, N.D.L.R.). Pour tout te dire, j’ai même fait l’Euro 1996 avec ma basse. Je crois qu’Aimé Jacquet a dû me prendre pour un touriste. (Éric Di Meco ne prend part qu’au match d’ouverture face à la Roumanie lors de cette édition, N.D.L.R.) (Rires.) Je plaisante, en réalité, j’étais un peu comme son fils à Aimé.
Comment ont réagi tes coéquipiers en te voyant débarquer à l’Euro avec ta basse ?Ils étaient morts de rire ! Avant un Euro, il y a Clairefontaine. Tu sais que tu pars en stage pendant un mois, puis ensuite que tu vas en Angleterre… Tu sais d’avance qu’il y a des moments où tu vas te faire chier. Moi, en plus, c’était à une période où ça faisait un an que je m’y étais mis sérieusement, et je n’avais pas envie de perdre ce que j’avais appris. Je faisais chambre avec Fabien Barthez. Quand je me mettais à m’entraîner, il partait parce que je faisais du slap (technique de jeu avec l’intérieur du pouce, N.D.L.R.). Je tapais sur mes cordes, et il s’en allait parce que ça le rendait fou. Dès que je m’entraînais, il partait voir les autres pendant une heure.
Ça ressemblait à quoi, les premiers concerts à Marseille ?
Je jouais dans des groupes où l’on faisait du métal comme Rage Against The Machine, Deftones, des trucs comme ça. Avec 4-5 chansons de reprises, on écumait les salles. Une fois, on avait fêté un anniversaire des ultras dans une grande salle, non loin du Vélodrome, qui s’appelait le Florida Palace. J’avais un pote d’Avignon, membre d’un groupe qui faisait du rock américain, qui était venu faire un concert pour l’occasion. Je venais à peine d’arrêter ma carrière, mais les ultras savaient que je jouais et ils m’avaient demandé de venir faire la première partie. Seuls les organisateurs de la soirée étaient au courant. Ce soir-là, on avait fait nos cinq morceaux, mais surtout, on avait joué torse nu, en kilt, et avec des perruques des Jackson Five ! D’habitude, on jouait dans des salles où il y avait 50 personnes, mais là, il y avait 1000 mecs ! On avait passé une super soirée, c’est peut-être même mon plus beau concert. Bon, il y a aussi celui à l’Olympia avec Christian Jeanpierre devant 2000 personnes. Là, tu trembles.
C’est un bon musicien, Christian Jeanpierre ?Il est batteur, lui. Quand il fait sa soirée, il joue pendant deux heures ! Chaque année, il y a un thème et le gars, il tient la route ! Et pour tout te dire, c’est grâce à Christian Jeanpierre que je m’y suis remis.
Ah oui ?Chaque année, avec son groupe Rockaway, il fait un concert à l’Olympia pour une association caritative. Il fait venir des guests comme Bertignac, le chanteur de Skip the Use… et il m’a demandé de faire un morceau des Stones avec eux. En sortant, j’ai pris tellement de plaisir qu’il fallait que je remonte un groupe. Dans la foulée, on a réussi – avec mon ami Alain Battaglia qui fait de la guitare – à trouver un batteur (Patrick Durand) et un second guitariste (Lionel Desblache). Ensuite, à la radio, je passe une annonce pour déconner en disant que je cherche un chanteur. Et là, il y a le fils d’un pote, Axel, fan d’Oasis, qui vient tenter sa chance. Quand il a commencé à chanter Supersonic, on a su deux choses : d’une part qu’on le prenait comme chanteur, et ensuite qu’il allait falloir explorer en profondeur le répertoire d’Oasis pour s’adapter à lui. En ce moment, c’est la mode des tributes et on a décidé de s’arrêter sur l’une des facettes du groupe en reprenant les codes. Nous, on a pris celle des fans de Manchester City. J’ai passé un mois sur Vinted à chercher plein de maillots des années 1990, début des années 2000. Du coup, je me suis fait une collection d’une dizaine de maillots que l’on met sur scène pour jouer.
Pourquoi avoir choisi comme nom « Osiris » ?On voulait un nom qui commence comme Oasis, qui finisse pareil, qui ne soit pas très long et pas non plus vachement utilisé. Qu’on puisse mettre aussi dans leur logo. On est « Osiris Cover Band » , car il y avait déjà des Osiris à l’étranger.
J’imagine que l’association football-musique qu’engendre Oasis avec les frères Gallagher, fans de City, a dû te conforter dans ton choix.Complètement. Je n’étais pas un grand fan du groupe à l’époque, mais ce qui me plaisait chez Noel et Liam Gallagher, c’est que c’étaient des supporters de la première heure du club. Des mecs qui ont souffert en voyant United régner sur le football anglais, avec Liverpool pas loin qui avait les Beatles et qui brille en C1… Quand j’ai vu leur live à Maine Road en 1996, l’un de leurs premiers gros concerts, Liam Gallagher monte sur scène avec un survêt’ bleu du club de l’époque. Un Umbro bleu ciel, moisi de chez moisi, une « estrasse » quoi.
Ce survêt’-là, il est quasi introuvable aujourd’hui. Aux enchères, le moins cher était à 600 £ et le plus cher à 1100 £ ! Même le maillot blanc Brothers de notre chanteur, il a été réédité par le fan club d’Oasis en Angleterre. Le vrai, tu ne le trouves plus. Nous, du coup, on joue avec les maillots de City. Et sur le rappel, on revient avec des maillots de l’OM !
Tu as un avantage sur les autres membres du groupe : tu sais ce que c’est que de jouer devant beaucoup de monde. D’ailleurs, est-ce que ça fait le même effet de jouer un match de football et de faire un concert ?Ah non ! Je flippe quand je monte sur scène pour jouer. À l’Olympia, avec Christian Jeanpierre, j’avais les jambes qui tremblaient toutes seules pendant les premières minutes. Même si, une fois que tu sens que tu es dans le morceau, tu prends un pied pas possible. Même devant 50 personnes, c’est le stress. Alors que je n’ai jamais tremblé avant d’entrer dans un stade. Parce que tu fais quelque chose que tu maîtrises.
C’est donc plus facile de faire un tacle glissé devant 50 000 supporters que de jouer une ligne de basse devant 50 personnes ? Ah bah oui, clairement. J’aimerais maîtriser ma basse comme je maîtrisais mes tacles. Même s’ils ne semblaient pas toujours maîtrisés, je peux te dire que c’était le cas.
Tu t’es donc refait toute la discographie d’Oasis. Tu préfères quelle période ? Avec Paul Guygsy ou Andy Bell à la basse ?Je reconnais que le second est meilleur que le premier. Moi, j’aime les premiers albums d’Oasis, et on a pris pas mal de morceaux de la première génération. J’aimerais énormément qu’on reprenne My Generation, la reprise des Who et de leur bassiste John Entwistle qui était fantastique, qu’ils avaient faite sur Taratata en 2005.
Qui sont tes bassistes de référence ?Pour moi, le top du top, c’est Flea. Il s’est inspiré de beaucoup de bassistes funk, il est dingo sur scène. Je les ai vus six fois en concert, que ce soit aux Eurockéennes de Belfort, aux Arènes de Nîmes… Mais, à un moment donné, quand je ne jouais plus et que j’avais une copine qui chantait, je jouais du Jamiroquai. Le petit Stuart Zender (bassiste du groupe de 1993 à 1998, N.D.L.R.) là, c’est un petit génie.
De ce que je comprends, tu as l’air d’avoir une bonne culture concert/festival.Je ne sais pas, mais en tout cas, j’aime bien prendre mes places longtemps à l’avance. Là, j’espère que Rock en Seine va avoir lieu cette année, car j’ai déjà mes billets pour aller voir la reformation de Rage Against the Machine avec Zack de la Rocha. Le jour de la mise en vente, j’ai fait péter le billet « VIP carré Or où ils t’astiquent jusqu’à la fin » pour être sûr d’en être. À Nîmes, j’essaye aussi d’y aller quand j’y suis, l’été, notamment là avec Foo Fighters en juillet. J’espère que ça ne va pas tomber à l’eau.
C’était quoi ton premier concert ?C’est pas très glamour. J’étais allé voir Julien Clerc avec mon grand frère dans les années 1970… Mais bon, derrière, j’ai tout de suite affirmé mes goûts pour le rock. Car avant d’arriver sur le métal et un rock plus dur, j’ai aimé des groupes comme Toto ou Level 42. Des trucs plus « Rock FM » .
Tu ne t’es donc pas effondré, en 2009, lorsque les frères Gallagher se sont séparés à Rock en Seine et ont annoncé la fin d’Oasis.Non, mais ça a quand même été un séisme dans le monde de la musique. Tu ne peux pas passer à côté. En revanche, quand Rage Against the Machine se sépare en 2000, là, je suis en deuil. Derrière, même si la base du groupe lance le projet Audioslave avec Chris Cornell au chant, ce n’est plus pareil.
Tu te dis : « C’est fini, on ne les verra plus sur scène » . RATM, des groupes comme eux, il faut les voir sur scène. Contrairement aux Red Hot où – et je suis désolé de devoir le dire -, j’ai été déçu à chaque fois. Je me rappelle qu’aux Arènes de Nîmes, le groupe australien Silverchair avait mis le feu en première partie avant eux. Derrière, les mecs arrivent et jouent 45 minutes-1 heure…
Peut-on dire que le style de Rage Against the Machine ressemble au football que tu incarnais ?
Je vais te dire une chose : j’aime beaucoup Jürgen Klopp comme coach. J’aurais aimé l’avoir. Et je l’aime d’autant plus qu’il a dit cette phrase en parlant de Guardiola (c’était Arsène Wenger, en réalité) : « Il aime avoir le ballon, jouer au foot, faire des passes. C’est comme un orchestre. Moi je suis plus heavy metal. » Je pense sincèrement que la musique que tu aimes veut dire quelque chose de toi.
Finalement, le groupe qui représente le mieux Marseille, c’est IAM. C’est un regret de ne pas être né dans une ville de rock ?Marseille est une ville de rap, en effet. Et IAM, sans contestation possible, en est le plus bel ambassadeur. Pour le message que le groupe délivre, l’exemple qu’ils sont, le poids qu’ils ont aussi dans l’histoire du rap français. Mais musicalement, moi, je suis fan du groupe de death metal marseillais Dagoba. On est voisins avec Pierrot (Pierre Maille, connu sous le nom de « Shawter » ), le chanteur, et on se voit régulièrement pour prendre l’apéro. D’ailleurs, même s’ils auraient percé quoi qu’il arrive, je les ai un peu aidés lors de leurs débuts.
Comment ça ?Après ma carrière, en 1998, je suis élu à la mairie de Marseille. Ma délégation, c’est l’animation de la jeunesse dans les quartiers. La première chose que je fais, c’est de créer un tremplin « Planète Jeunes » dans chaque arrondissement de la ville. Avec une finale devant 2000 personnes au Dôme de Marseille à la fin de l’année, avec les huit vainqueurs de chaque secteur de l’agglomération. Et là, Dagoba gagne lors de la deuxième édition alors qu’il y avait beaucoup de rap. Derrière, un pote est devenu leur manager au début et ça a participé à lancer leur carrière. Ce sont des gamins que j’ai vus grandir. D’ailleurs, pour l’anecdote, Psy 4 de la rime et Soprano, ils ont gagné la troisième ou quatrième année et c’était leur première grosse scène.
Tu es déjà allé au Helfest ? Eh non, jamais ! Ce n’est jamais tombé au bon moment malheureusement. Mais j’ai fait les Eurockéennes en 1996, une semaine après la fin de l’Euro en Angleterre. Je jouais à Monaco, et les Red Hot Chili Peppers passaient à Belfort cet été-là. À l’époque, comme je jouais en équipe de France, j’avais des billets Air Inter gratuits et j’avais dit à un pote de Marseille : « Écoute, je t’invite et je te prends un billet aussi. » On avait donc pris l’avion jusqu’à Mulhouse de mémoire, puis loué une Micra dans l’idée de refaire le trajet Mulhouse-Belfort le lendemain matin pour reprendre l’avion. Sauf que cette année-là, c’était Woodstock ! Il a plu du début à la fin, et bien sûr, cinq minutes après notre arrivée au festival, on a rapidement compris que, le jeu, c’était de se jeter dans la boue pour que les autres festivaliers soient plein de boue à leur tour. En matière de musique, ce jour-là, il y avait aussi Sepultura – ils étaient fans de foot et les membres étaient venus sur scène avec le maillot de l’équipe de France -, The Presidents of the United States et donc les Red Hot. Ça a fini à deux heures du matin, on avait de la boue sur nous de la tête aux pieds. On n’avait pas prévu de dormir, mais de rentrer en avion quand même. Là, je regarde mon pote et je lui dis : « On ne peut pas rentrer en avion comme ça, ils ne vont jamais nous laisser entrer dans cet état-là ! » Du coup, on a fait Belfort-Marseille en Micra où j’ai déposé mon pote, puis je suis ensuite allé jusqu’à Nice, à l’aéroport, pour rendre la voiture tout en étant sale au possible. C’était mémorable.
Quelle a été ta plus belle découverte sur scène ?Il y a Royal Blood, déjà. J’étais totalement passé à côté du phénomène, et je les ai découverts en regardant Peaky Blinders ! La bande-son de la première saison est une tuerie, et je passais les épisodes avec l’application Shazam. C’est comme ça que je suis tombé sur eux. Derrière, quand je vais les voir à Rock en Seine en 2019, je les connais encore mal, mais j’ai pris une vraie claque. Mais sinon, c’est Sepultura aux Eurockéennes. Pourquoi ?Dans tous ces groupes de métal, il y a une énergie incroyable. C’est un peu ce qui définit le jeu de basse de Flea des Red Hot aussi. Tu as beaucoup de guitaristes qui se sont reconvertis à la basse. Ce sont des virtuoses, mais ça me laisse froid. Tu ne retrouves pas la même énergie que chez Flea ou chez Robert Trujillo de Metallica par exemple. Jaco Pastorius, pareil, tu es obligé d’y passer quand tu te mets à la basse. Là où Flea m’a impressionné, ce n’est pas même pas quand il faisait un solo de slap incroyable. Mais petit à petit, j’ai trouvé qu’il se mettait moins en avant, mais beaucoup plus au service des morceaux. Sur certains titres, il joue 4 notes, mais ça te file la chair de poule. Je suis tellement fan de lui que j’ai acheté des CDs où il joue juste une chanson hors Red Hot Chili Peppers. Tu as notamment un morceau avec une chanteuse algérienne qui s’appelle Cheikha Remitti (surnomée « La Mamie du Raí » , N.D.L.R.) qui est fabuleux. Rien que d’en parler, ça me donne des frissons !
Tu parlais de cette passion pour le rock avec d’autres footballeurs ?Pas trop, j’ai toujours été un peu seul pour aller aux concerts. Même aujourd’hui, quand je parle de Dagoba à la radio et que je conseille d’aller les voir, tu as leur public – plus jeune forcément – qui répond : « Wow, le vieux, il écoute du métal. » Je n’avais pas beaucoup de potes qui avaient les mêmes goûts que moi.
Comme Flea, tu pourrais faire une entrée dingue sur scène ?Moi, je suis un bassiste passif, comme celui d’Oasis ! Mon gros problème, c’est que si je ne me concentre pas sur ma ligne de basse, je peux me déchirer à tout moment. Dans un Oasis, le problème, c’est que les lignes se ressemblent beaucoup. Je connais mes limites. J’ai le sens du rythme, j’apprends mes morceaux par cœur, mais en revanche, je ne suis pas un virtuose. Dernièrement, on a fait un showcase au Supersonisc à Marseille avec Osiris. Il y avait du monde, ce n’était que des potes. À un moment donné, je me suis senti gaillard et j’ai voulu jouer un peu avec le public. Si tu tends bien l’oreille, tu vas entendre que c’est un moment où je me suis perdu. Je ne peux pas me permettre de faire le show, je suis un bassiste à l’ancienne.
Ce serait quoi ton rêve, aujourd’hui ?Il y en a un que je préfère garder pour moi pour le moment. Mais mon autre rêve, c’est de rencontrer Noel Gallagher. Autant Liam ne va pas trop au stade à City, mais Noel, lui, y est tout le temps. Je l’ai raté une fois sur le City-United au mois de mars, mais grâce à vous So Foot, j’ai peut-être un moyen de pouvoir arranger un rendez-vous avec lui.
Ah oui ? Il y a très longtemps, vous aviez interviewé dans votre magazine Noel Gallagher et, au cours de cet entretien, votre journaliste lui demande quel est son joueur préféré à City. Et là, mon Noel, il répond : « Ali Benarbia. » Il expliquait ensuite que c’était parce qu’Ali avait transformé le jeu de City. Je raconte l’histoire à Ali, avec qui j’ai joué à Martigues et Monaco, et il me dit : « Je suis souvent invité par le club, quand tu as un match de Ligue des champions, tu me dis et on va manger tous les trois quelque part. » Ça, c’est mon rêve ultime. Mais bon, je ne sais pas comment je vais être reçu.
Pourquoi ? Il n’y a pas longtemps, j’ai mangé avec Jean-Jacques Goldman qui est un peu le parrain de notre groupe. On lui envoie des vidéos, il nous valide le truc, et notre guitariste est très ami avec lui. Il a bien aimé ce que l’on faisait, a dit que notre petit chanteur avait une voix de dingue, mais il a fini par dire : « Néanmoins, je ne suis pas sûr quant à la réaction de Noel Gallagher. » Il m’a mis un peu la pression là, Jean-Jacques. Je ne comprends pas, normalement d’avoir un tribute, ça doit te faire super plaisir… On va le tenter.
Mais aujourd’hui, tu préférerais rencontrer Noel ou Liam ?Je crois que Liam est tellement dingo que j’ai peur d’être déçu. Et quand tu rencontres des mecs qui te font rêver, tu n’as pas envie d’être déçu. J’ai peur qu’il me snobe. Noel me paraît plus abordable. C’est la matière grise, toujours proche de City et des joueurs. Et je me dis que je serais peut-être mieux reçu, peut-être même que ça lui ferait plaisir.
Propos recueillis par Andrea Chazy