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- Le joueur de la 15e journée
Éric Bauthéac, petit VTT
Un but, une passe décisive et beaucoup d’activité. Éric Bauthéac a passé un week-end aussi bon que son début de saison. Auteur de cinq buts et de quatre passes décisives depuis août, le Petit Vélo niçois poursuit sa bonne progression, pour le plus grand bonheur de l’OGC Nice.
Il y a des choses comme ça, qui paraissent irrécupérables, mais que le travail et le talent arrivent à faire pardonner. Digne des plus belles cagoles de sa ville natale de Bagnols-sur-Cèze, la photo qui illustre la page Wikipédia d’Éric Bauthéac pique les yeux. Lunettes accrochées au col du T-shirt, casquette à faire passer les DA de Von Dutch et d’Audigier pour des personnes sobres, piercing à l’oreille et sourire de latin lover dans son petit haut estampillé DFCO. En photo comme sur la pelouse, le Niçois aime se faire remarquer. Aujourd’hui et après deux années passées à progresser à Dijon, le joueur de poche d’1m68 explose sous les couleurs du GYM. Une juste récompense pour ce bosseur de 25 ans.
Un homme patient
Cannes, Dijon, Nice. Éric Bauthéac a beau aimer se vêtir de rouge, son cœur, lui, est vert. Né dans le Gard, le gaucher a passé sept longues années de sa vie dans les bâtiments de l’Étrat, où il se préparait à la vie de footballeur professionnel en compagnie des autres bambins de l’AS Saint-Étienne. De 13 à 20 piges, Bauthéac écume les classes de jeunes de Sainté, où il est apprécié et remarqué. Cependant, dans le 42, où tout n’est pas vraiment rose à ce moment précis, son cas divise. Apprécié par Ivan Hasek, il n’entre pas dans les petits papiers de l’adjoint du Tchèque, Laurent Roussey, qui finit par prendre la tête de l’équipe. À la fin de sa formation, le petit gaucher se voit proposer un contrat d’un an aux allures de vague récompense pour son parcours au sein des équipes de jeunes, sans véritable perspective d’avenir ou de temps de jeu. Alors Éric prend ses couilles et se barre à l’AS Cannes, en National, avec un certain Patrice Carteron. La suite est effroyablement logique et carrée : trois saisons en National avec Cannes, deux saisons à Dijon, une en Ligue 2 et une en Ligue 1, et donc, cette arrivée à Nice, pour se stabiliser à l’échelon supérieur. Costaud, depuis ses débuts pro, Bauthéac a toujours joué plus de 30 matchs et 2500 minutes par saison. Il est un peu buteur et un peu passeur. D’ailleurs, ce week-end, il a fait les deux. Tranquillement. Contre Paris.
Symbole du Nice version Puel
Depuis petit, Éric Bauthéac n’est pas emmerdé par la technique. À l’aise avec ses pieds, le Niçois peut claquer du crochet ou envoyer du caviar, c’est selon. Ce samedi soir, sur la pelouse du stade du Ray, c’est le bon Valentin Eysseric qui en a profité. D’une transversale digne des plus grands quarterback de la NFL, Bauthéac a sollicité le beau Valentin dans le dos de Maxwell. Un geste technique et une embrouille entre Douchez et son poteau plus tard, Nice rafle la gagne contre Paris. Avant ça, le milieu de terrain de poche avait profité d’un bon boulot de Cvitanich et de la tristesse de Van der Wiel pour claquer son cinquième but en Ligue 1, son but du mois. Ouais, il est comme ça Bauthéac, un but en août, un but en septembre, un but en octobre, un but en novembre et donc, un but ce week-end pour la cinquième victoire d’une bonne première partie de saison de l’équipe drivée de main de maître par Claude Puel. D’ailleurs, Bauthéac, c’est le joueur « Puel » par excellence. Certes capable de beaucoup de choses balle au pied, mais surtout foutu d’aligner les kilomètres et de harceler l’adversaire en permanence. Libéré d’une grosse partie de sa tâche défensive grâce à l’énorme activité de la mobylette Kolodziejczak, la grosse différence entre Dijon et Nice pour Bauthéac, le joueur peut faire parler la poudre plus souvent et améliorer les autres secteurs de son jeu. La photo, elle, ne changera pas.
Par Swann Borsellino