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Eremenko, au nom du frère
Dans le temps, la Finlande comptait dans ses rangs des mecs talentueux comme Jari Litmanen, Sami Hyypiä ou Teemu Tainio. Aujourd'hui, la sélection dirigée par Mixu Paatelainen manque de tout : de talent(s), de joueurs et de stars. Dans ce désert, deux frangins, les Eremenko, font figure de cracks. Deux mecs qui portent en eux le gène de l'URSS. Et chez les Soviets, on savait tripoter la gonfle...
La Scandinavie a toujours eu le chic pour balancer ses talents à la face du monde par paires. Que ce soient les frangins Sedin, génies du hockey venus de Suède, ou les doublettes Riise, Laudrup et Farnerud, venues respectivement de Norvège, Danemark et Suède, on aime faire les choses en double. Dans les années 80, Aleksei Borisovich Yeryomenko, né dans une obscure taule de l’URSS (Novocherkassk), joue avec son ballon dans le championnat local. Lui est tout seul par contre. Pour l’instant. Formé à la dure école du FC Rostselmash Rostov-on-Don, le milieu de terrain écume tous les rades d’un pays encore fermé à l’Ouest. Le Spartak, le Torpedo ou encore le Dynamo s’inscrivent sur le CV de ce petit trapu. Sur son curriculum vitae, Aleksei a un autre vice : une double nationalité.
Comme beaucoup de Russes, il a des attaches en Finlande. Dès lors, sa carrière prend un nouveau virage, et Aleksei emprunte le chemin de Jaro, un club finnois basé à Jakobstad, un patelin de 20 000 habitants. Dans ses bagages, le joueur a fait de la place pour ses deux rejetons nés en URSS : Alexei Junior (né en 1983) et Roman (1987). Physiquement, les Eremenko sont tous dessinés sur le même modèle : de beaux châssis (1m80) avec un coffre de dingue. Comme papa, les deux fistons se lancent dans le football. Chacun aura son parcours pour finalement se retrouver, en 2011, sous la même liquette : celle du Rubin Kazan. Hasard ou pas, les Eremenko sont chez eux, en Russie. Ils y sont nés, y ont grandi, et leur football possède cette touche russe que la France a su apprécier dans les prises de balle des Mostovoi ou des Zavarov. Contre la France, les frangins seront en première ligne avec l’équipe de Finlande. C’est la caution technique d’une sélection qui vivote comme elle peut.
Formé au FC Metz
Certes, les Suomis ne se font pas trop d’illusions quant à leurs chances de qualification dans un groupe comprenant l’Espagne et les Bleus, mais les frangins Eremenko ont envie de se montrer. D’une, parce qu’ils ont un minimum de talent. De deux, parce que l’ainé, Alexei, connaît parfaitement la France pour avoir squatté la formation messine durant deux ans à la sortie de l’adolescence (1999-2001). C’est là que le robuste milieu de terrain se façonne pour le métier de footballeur, dans le championnat de CFA. Autant dire qu’il prend des coups et s’efforce d’en rendre. Mais comme les décideurs messins ne voient pas en lui le potentiel, le milieu de terrain prend ses valises et retourne au pays. C’est à Jokerit qu’il découvrira le haut niveau. Un parcours qui le verra faire, par la suite, le tour de l’Europe en passant par l’Écosse, l’Ukraine et l’Italie, avant de poser ses crampons dans le championnat russe. Roman, lui, n’a pas autant voyagé. Surtout, il semble avoir plus de talent que son grand frère. Là où Alexei semble être plus besogneux, Roman excelle dans la technique. Le plus jeune des frères est davantage sexy, il sent mieux le jeu que son aîné. Bizarrement, le moins talentueux des deux est le meilleur buteur. Comme quoi, la logique et la génétique…
En attendant, Roman part très vite vers la Serie A. À peine majeur et le voilà déjà en route pour Udine, souvent là où il faut pour dénicher les talents de demain. Dans le Frioul, la greffe ne prend pas. Le milieu de terrain peine à se faire un prénom. Son prêt à Sienne ne change rien, le football italien n’est pas fait pour lui. Il décide de tenter l’expérience ukrainienne et signe au Dynamo Kiev. Là, il s’éclate enfin. Sous sa tignasse brune, le mec ratisse un max de ballons et donne de l’air à son entrejeu. C’est une bonne pioche. Le Rubin Kazan tombe également sous le charme et n’hésite pas à raquer 13 millions d’euros pour l’attirer dans le Tatarstan. Sur place, il retrouve son frangin, arrivé quelques semaines plus tôt. « Nous nous appelons tous les jours. Il m’a toujours conseillé. Il est arrivé un peu avant moi à Kazan, sa présence n’a pas été anodine dans ma venue » , opine Roman, lors de son arrivée en Russie. On l’a toujours dit, le football est une affaire de famille.
Par Mathieu Faure