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Eran Zahavi, le goleador d’Israël

Par Andrea Chazy
Eran Zahavi, le goleador d’Israël

À 33 ans, Eran Zahavi empile les buts comme des perles avec Israël. Une performance exceptionnelle au sein d’une équipe loin de ses belles années, et qui dépend grandement des performances du nouveau buteur du PSV Eindhoven. Portrait d’un homme né pour marquer, et dont la Slovaquie va devoir se méfier ce mercredi dans le cadre de la Ligue des nations.

Parfois, on n’y peut rien. Ou du moins pas grand-chose. Lorsque le sort s’acharne et décide de vous priver d’une tranche de bonheur et de vie bien méritée, il faut savoir l’accepter. Et en ce soir d’octobre à Hampden Park, Eran Zahavi a dû se résoudre à voir les Écossais heureux. La faute à une séance de tirs au but, un exercice sur lequel Zahavi s’est planté. Pourtant devant le but, à cette distance, il est habituellement une valeur sûre. Sur la soixantaine de penaltys tirés dans sa carrière, le chasseur de Rishon LeZion s’est pris les pieds dans le tapis moins de dix fois. Mais malgré son pedigree, la star israélienne va voir sa tentative stoppée par David Marshall. L’Écosse s’impose 5 à 3, remporte la première séance de tirs au but de son histoire et peut continuer de rêver à une participation au prochain Euro. « Arrêter leur premier penalty les a un peu plombés et nous a donné confiance », expliquait après la rencontre le dernier rempart de Derby County. Eh oui, ça fout les jetons de voir son meilleur joueur se prendre les pieds dans le tapis en premier sur cet exercice. D’autant que s’il y a bien une star, un guide aujourd’hui au sein de la sélection d’Israël, c’est Eran Zahavi.

Un brassard encombrant

Un mois auparavant, toujours face à l’Écosse et toujours en Ligue des nations, mais cette fois pour la campagne en cours, Zahavi ne s’était pas gêné pour nettoyer la lucarne du pauvre Marshall à la suite d’un « une-deux » aérien avec Munas Dabbur. Un but qui n’a pas vraiment surpris les suiveurs des Bleu et Blanc, tant voir marquer Zahavi est devenu une habitude depuis quelques mois. Depuis le 15 novembre 2018 très exactement, lors d’un match amical face au Guatemala remporté 7-0 par Israël, où Zahavi plante un but anodin deux ans après son dernier en sélection. Depuis, les chiffres sont affolants : sur les seize derniers matchs d’Israël, Zahavi a planté à… quinze reprises. Lors des qualifications en vue l’Euro 2020, il a marqué autant de buts que Cristiano Ronaldo et n’a été devancé que d’une unité par le meilleur sur la période, Harry Kane. Une période où, après un triplé face à l’Autriche, Zahavi devait demander aux journalistes de patienter en zone mixte pour prendre un appel de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre du pays. Excusez du peu.

Mais avant de connaître ces moments de bonheur et cette réussite insolente, Zahavi a touché le fond. C’était le 2 septembre 2017, lors d’Israël-Macédoine. Ce soir-là est celui d’une désillusion, une nouvelle pour les fans israéliens. C’est surtout celui d’une défaite, d’un but de Goran Pandev à Haïfa qui enterre les derniers espoirs d’une qualification à la Coupe du monde. Sifflé sur tous les ballons qu’il touche, Zahavi pète les plombs et jette son brassard de capitaine. Dans la foulée, il siffle la fin de sa carrière internationale et explique : « Je n’en peux plus, nous sommes dans un pays qui ne sait pas honorer ses grands sportifs, alors je préfère partir. C’est incroyable que le public siffle son équipe, cela ne se produit nulle part ailleurs dans le monde. Je ne voulais pas réagir comme je l’ai fait, mais j’ai implosé. » La Fédération le suspend pour une « durée indéterminée », la ministre des Sports, Miri Regev, s’en mêle et explique que Zahavi a même « bafoué les valeurs que nous tentons d’inculquer aux générations futures ». Le scandale est national. Mais le bagne ne durera finalement qu’un an, avant que l’ancien sélectionneur Andreas Herzog ne fasse des pieds et des mains pour le ramener dans l’équipe. La suite, aujourd’hui, tout le monde la connaît, même si Eran Zahavi n’a plus jamais touché au brassard depuis.

Ciseau à Lyon, flop à Palerme

Quand Luis Fernandez lance Eran Zahavi en sélection, il y a dix ans face à Malte, Zahavi n’a que 23 ans et est là avant tout pour sa complémentarité avec l’un des meilleurs joueurs israéliens de l’histoire : Yossi Benayoun. « Offensivement, il était bien complémentaire de Yossi, se rappelle aujourd’hui l’ancien coach du PSG. Eran allait plus dans les espaces, il faisait davantage d’appels. » À cette période, au niveau international, Zahavi est encore loin de la machine à buts qu’il est aujourd’hui. Il mettra même trois ans à débloquer son compteur en sélection. Mais selon Fernandez, ce n’était qu’une question de temps : « Ses qualités techniques et son adresse m’ont tout de suite marqué. Ses prises de balle, ses contrôles, sa vitesse d’exécution aussi. Il a le sens du but, il sent le but. Il a un petit côté Yuri Djorkaeff, une adresse diabolique dans une surface de réparation. »

S’il n’est alors connu en Europe que pour un passage raté à Palerme et un ciseau fantastique à Gerland sous les couleurs de l’Hapoël Tel-Aviv en Ligue des champions, son nom est une évidence dans le championnat israélien. Son passage de l’Hapoël au Maccabi, après deux ans difficiles en Italie, ne plaît d’ailleurs pas trop aux supporters du club ouvrier. Un fan de l’Hapoël descendra même sur le terrain pour échanger quelques châtaignes avec lui au cours d’un derby de 2014 qui n’ira pas à son terme. Pas étonnant, car en jaune et bleu, Zahavi explose tout sur son passage et plante 122 buts en 157 matchs toutes compétitions confondues. À la clef, il amasse trois titres de champion d’Israël, est élu deux fois joueur de l’année et termine surtout à trois reprises meilleur buteur du championnat. De quoi éveiller l’intérêt de certains, mais pas ceux que vous croyez.

Roi de Chine

Lorsqu’on lui présente une liste de joueurs qu’il refuse encore aujourd’hui de dévoiler, Dragan Stojković la balaye de la main et assène : « Donnez-moi un seul joueur : Eran Zahavi. » En face de lui, le propriétaire chinois du Guangzhou R&F ne comprend pas. « Le problème, c’est que les Chinois ne savaient pas qui étaient Zahavi, resitue Stojković. Mais moi, j’avais vu l’ensemble de son travail, ses buts, je le connaissais par cœur. J’ai eu du mal à convaincre le patron de le faire signer. Il était 3h du matin, je l’ai attendu devant son hôtel du Ritz Carlton et il a fini par venir me voir et m’a dit ok. Je lui avais dit :« Zahavi, c’est mon choix. Je m’en fous des autres. » » Guangzhou dépense un peu plus de 7 millions d’euros pour le faire venir. Un record pour le championnat d’Israël, pas vraiment pour la Chine qui verra Hulk débarquer quelques jours plus tard pour plus de 55 millions d’euros à Shanghai. Mais sur le terrain, il n’y a pas photo en matière de rendement : Zahavi s’impose comme la référence absolue. Même s’il n’a jamais joué dans un gros club européen, et même si Guangzhou R&F ne fait pas partie des cadors locaux. Stojković abonde : « Eran Zahavi, c’est un pro à 200%. Il a une mentalité incroyable, je n’ai jamais vu ça dans ma vie. C’est un joueur qui a un sens de l’espace extrêmement bon. Il a une frappe un peu bizarre, mais marquer est quelque chose de trop facile pour lui. Les autres grands clubs le voulaient six mois après son arrivée. C’est une machine à marquer. » Avec 103 pions inscrits en 117 matchs, sans oublier 31 passes décisives au compteur, cela paraît presque effectivement trop facile.

Cet été, le PSV Eindhoven a flairé la bonne affaire en l’attirant gratuitement dans ses filets. Une arrivée qui a conquis Olivier Boscagli, défenseur du club néerlandais depuis 2019 : « C’est un joueur qu’il faut très vite lire, car il peut tirer à tout moment. Dès qu’il est en position de frappe, il ne va pas hésiter. C’est très dur de défendre sur des joueurs comme ça… Ce n’est pas un mec qui va haranguer tout le monde, mais si tu vas le voir pour parler tactique, tu peux rester sans problème discuter plusieurs minutes avec lui. Il peut devenir un pilier sur la longueur. Il fait très attention à lui, son corps, son hygiène de vie. » On se dit alors qu’avec un autre parcours, dans des championnats peut-être plus relevés, Zahavi aurait pu prendre une dimension encore supérieure. Mais pour Luis Fernandez, ce n’est pas ce qui compte : « Il a toujours fait la différence, partout où il est passé. C’est un joueur techniquement au-dessus de la moyenne. Après, son choix de carrière… il faut le respecter. Ça ne l’a pas empêché de continuer à marquer en sélection. » La preuve : pas plus tard que le 11 octobre dernier, face à la Tchéquie, il a expédié un missile en lucarne malgré la défaite des siens (2-1). À ce jour, il n’est plus qu’à douze unités du record en sélection de l’immense Mordechai Spiegler et ses 33 réalisations. Et si Zahavi ne marquera probablement jamais en Coupe du monde contrairement à lui, il peut au moins aller le chercher sur ce terrain de jeu. À défaut de porter sa sélection, en devenir le meilleur buteur de l’histoire pourrait aider à le consoler.

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Par Andrea Chazy

Tous propos recueillis par AC, sauf mentions.

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