- Ligue des champions – 1re journée
- Chelsea/Maccabi
Eran Zahavi, cauchemar des Blues ?
Chelsea démarre sa campagne européenne ce soir avec fébrilité, la faute notamment à une défense pas sereine du tout que va chercher à transpercer l'arme offensive numéro un des adversaires, Eran Zahavi. L'international israélien du Maccabi Tel Aviv en est déjà à 7 buts inscrits en 5 matchs dans la compétition. Star du tour préliminaire, il pourrait aussi montrer ses talents de finisseur lors de la phase de poules.
Chelsea contre le Maccabi Tel Aviv à Stamford Bridge. Sur le papier, c’est peut-être la rencontre la plus déséquilibrée de la soirée. Sauf que le champion d’Angleterre en titre va mal. Il est actuellement aux portes de la relégation et n’a obtenu qu’un seul succès après cinq journées. C’est sa défense surtout qui est montrée du doigt, la pire de Premier League avec déjà 12 buts encaissés. La série en cours est de neuf matchs de compétition de suite à encaisser au moins un but. La dernière « clean sheet » remonte au 3 mai dernier contre Crystal Palace, une éternité… Alors oui, bien sûr, ce Chelsea fébrile reste néanmoins le grand favori de la rencontre de ce soir. Sauf qu’en face, le Maccabi Tel Aviv ne vient sûrement pas à Londres en victime expiatoire. Le triple champion d’Israël en titre représente cette saison un pays qui était absent de la phase de poules de la Ligue des champions depuis 2010/2011. À l’époque, il s’agissait du grand rival, l’Hapoël Tel Aviv, équipe dans laquelle figurait déjà un certain Eran Zahavi, passé depuis à l’ennemi. Il y a cinq ans, Zahavi avait profité des lumières de la scène européenne pour s’illustrer une première fois, inscrivant notamment un doublé au Benfica et marquant d’un retourné d’une grande pureté à Gerland face au Lyon d’Hugo Lloris.
Des stats ronaldesques
Cet été, ce même Eran Zahavi est celui qui est parvenu à qualifier le Maccabi pour cette phase de poules, à lui tout seul ou presque. Manquant l’entrée en lice de l’équipe face aux Maltais d’Hibernians (défaite 2-1), il s’est ensuite rattrapé en étant décisif sur chacun des matchs suivants : deux buts et deux passes décisives au retour face à Hibernians (5-1), une passe décisive lors de la défaite 1-2 face à Plzeň, le doublé du 2-0 au retour face aux Tchèques, et les trois buts de la qualification surprise en barrage face à l’expérimentée formation de Bâle (2-2 en Suisse, 1-1 à la maison). Bilan : sept buts, trois passes, ce qui fait qu’il est impliqué directement dans dix des douze buts de son équipe. Et le pire, c’est qu’il n’est même pas un pur attaquant, se trouvant le plus souvent dans un rôle de soutien en pointe haute du milieu de terrain ou parfois sur une aile, plus rarement en pointe. « Il a tellement la gagne qu’il serait probablement bon si on lui demandait de jouer en défense, voire en gardien » , fait remarquer Dor Blech, du service des sports du quotidien israélien Haaretz, qui développe les qualités du garçon : « Eran va très vite avec la balle et possède un excellent timing. Ce n’est pas un gros dribbleur, mais il est toujours bien placé, car il fait les efforts. C’est à la fois un très bon finisseur, un passeur précieux et un bon tireur de coups de pied arrêtés. »
Promu capitaine du Maccabi cette saison, le joueur de 28 ans semble dans la forme de sa vie et a déjà inscrit trois buts en trois journées depuis le début de la saison du championnat israélien, un championnat modeste, bien trop modeste pour le talent qu’on lui prête. Dor Blech le reconnaît et pointe enfin un défaut chez Zahavi : le manque d’ambition. « Je pense qu’il préfère être la plus grande star de notre championnat plutôt que de tenter sa chance en Europe. Il pourrait pourtant s’éclater dans des pays comme les Pays-Bas ou la Belgique, à l’instar de Lior Refaelov (joueur cadre du FC Bruges, ndlr). »
À Palerme, échec à la succession de Pastore
Le problème, c’est que Zahavi a déjà eu sa chance de percer sur le Vieux Continent et qu’il n’a pas su la saisir. Ou plutôt : pas pu la saisir, corrige le journaliste d’Haaretz, qui resitue le contexte de ce qu’il faut bien appeler un échec, une saison et demie en Serie A avec Palerme en 2011 et 2012 et seulement deux buts inscrits… « Il a pourtant bien commencé en marquant le but le plus rapide de l’histoire pour Palerme en Serie A, mais il s’est ensuite blessé, puis il a perdu la confiance de l’entraîneur. » Zamparini, qui voyait en lui le successeur de Javier Pastore, s’est manqué. Et Zahavi, plutôt que de s’accrocher, a alors saisi la première opportunité de rentrer au pays.
Au Maccabi, grand rival de son club formateur, l’Hapoël Tel Aviv, ce qui lui vaut l’inimitié de ses anciens supporters de l’époque de ses débuts en pro. Le 3 novembre dernier, le derby de Tel Aviv n’avait d’ailleurs pas été à son terme, à cause d’échauffourées qui avaient commencé par l’arrivée sur la pelouse d’un fan de l’Hapoël qui s’en était pris à Zahavi, lequel avait repoussé l’assaillant d’un coup de pied dans les parties. Malgré la controverse entourant ce transfert houleux, Eran Zahavi est aujourd’hui clairement la star du football israélien. Celui qui peut faire perdre tout sens de la raison à ce cher José Mourinho en cas de nouvelle contre-performance des siens ce soir.
Par Régis Delanoë