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Équipe de France : une soirée pour l’histoire
En battant le record de sa plus large victoire face à Gibraltar (14-0), l'équipe de France a écrit une belle page de son histoire. Et confirmé qu'elle est absolument certaine de ses forces, à sept mois de l'Euro.
Bixente Lizarazu a eu beau répéter depuis son poste de commentateur que la victoire 10-0 de l’équipe de France contre l’Azerbaïdjan le 6 septembre 1995 à Auxerre ne l’avait pas marqué outre mesure, les Bleus présents sur la pelouse de l’Allianz Riviera ce samedi soir devraient garder quelques souvenirs de la démonstration infligée à Gibraltar. Par l’ampleur du score d’abord, et par conséquent la trace qu’elle laissera dans le livre d’histoire tricolore. Mais aussi parce qu’ils sont plusieurs à avoir vécu un moment à part de leur carrière en sélection à titre individuel ; et pas seulement Antoine Griezmann, qui quitte Nice sans avoir marqué pour la première fois de sa carrière.
Records battus
Tout d’abord, il y a le tableau d’affichage. 14-0, on ne sait même plus vraiment à quel autre sport comparer les chiffres, mais le fameux « score de tennis » était dépassé avant même la pause. Sept buts en 37 minutes et déjà un premier record pour une soirée qui allait en faire tomber un paquet : jamais les Bleus n’avaient inscrit plus de cinq pions avant la mi-temps. « Le coach nous a mis au courant du record à aller chercher. On voulait rester dans l’histoire et on l’a fait collectivement, se réjouissait Kylian Mbappé après le coup de sifflet final au micro de TF1. L’équipe a fait une performance extraordinaire. » Sans enjeu ou presque et annoncée sans grand frisson, cette soirée a en effet brisé l’ordinaire au fil d’une seconde période où les hommes de Deschamps ont poursuivi l’impression d’extrême facilité aperçue dès les premiers instants, enfilant les buts comme des perles.
14 – La France est la 1re équipe européenne de l'histoire à marquer 14 buts dans un match de qualification à une grande compétition (EURO + Coupe du Monde). Magnifique. pic.twitter.com/eK2O9GCp8a
— OptaJean (@OptaJean) November 18, 2023
« On a voulu aller chercher ce record », lançait Olivier Giroud, tout heureux d’avoir pu s’offrir un doublé en deux minutes pour clore le spectacle, porter son total à 56 caramels en sélection, et célébrer les trois ans de sa petite dernière. « Quatorze buts, c’est pas mal, souriait à son tour Didier Deschamps, toujours sur la Une. C’est aussi respecter l’adversaire, quand on peut marquer des buts, il faut les mettre. On ne va pas aller en Grèce pour faire de la balade ou des visites. Ce soir, c’est une soirée parfaite, sauf pour la blessure de Warren. »
Des Bleus et des boss
La grande première de Warren Zaïre-Emery constituait déjà un premier événement, le milieu parisien devenant à 17 ans et 255 jours le plus jeune joueur de l’histoire de la sélection depuis plus de 100 ans. Des débuts totalement improbables. Sur une action dont il a le secret, il avait triplé la mise pour s’offrir – déjà – un premier but en Bleu, avant de sortir dans la foulée, sévèrement touché à la cheville par un tacle d’Ethan Santos sur le coup. « Je préfère qu’il se souvienne de sa première sélection pour son but que pour d’autres raisons plus négatives », espérait son sélectionneur deux heures plus tard, assurant que les premiers examens n’avaient pas révélé de fracture. S’il faudra certainement attendre au moins le mois de mars pour le voir remettre le couvert, le Montreuillois a peut-être bien écrit le premier chapitre d’une longue romance avec le maillot frappé du coq.
17 & 255 – Titulaire ce soir face à Gibraltar, Warren Zaïre-Emery (17 ans et 255 jours) est le 3e plus jeune joueur de l'histoire à porter le maillot de l'Equipe de France, après Félix Vial en 1911 (17 ans et 76 jours) et Maurice Gastiger en 1914 (17 ans et 128 jours). Prodige. https://t.co/H28HWCkC2E
— OptaJean (@OptaJean) November 18, 2023
S’ils ne sont pas moins de neuf bonshommes à avoir couché leurs noms au tableau d’affichage – et certains pour la toute première fois –, l’un des premiers à ranger au rayon des satisfactions individuelles n’est autre que Kylian Mbappé, et pas seulement pour sa huitième victoire en huit capitanats. Un penalty, un plat du pied bien placé et enfin un lob somptueux de 44 mètres : voilà le Bondynois à 300 buts professionnels avant même de souffler ses 25 bougies, une performance inédite. « Y arriver aussi vite, je ne pensais pas, mais j’ai toujours voulu marquer l’histoire de mon sport, pouvait-il savourer. Il y a des joueurs qui ont mis 800 ou 850 buts, donc mes 300 buts, c’est ridicule à côté, c’est une étape pour moi. »
Une étape, c’est également ce que représente cette nuit magique sur la Côte d’Azur dans ce chemin vers l’Euro que cette équipe de France espère couronné de succès. Insatiables depuis la désillusion de Doha, les vice-champions du monde n’ont qu’une idée en tête : effacer le mauvais souvenir du dernier tournoi continental, en offrant à leur sélectionneur le dernier sacre qu’il lui manque. « Participer, c’est pas mon truc à moi. Tant que je porterai ce maillot, vous ne m’entendrez jamais dire que j’y vais pour autre chose que gagner », lâchait en guise de conclusion un Mbappé sûr des forces affichées depuis des mois par les siens. Cette histoire n’a pas encore fini d’être écrite.
Par Tom Binet