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Michael Olise, le champ des possibles
À peine arrivé chez les Bleus, Michel Olise doit déjà porter le fardeau de la succession d’Antoine Griezmann. Ce qui est sans doute trop lourd pour un talent brut de 22 ans venant d’atterrir au Bayern Munich, et n’ayant même pas encore eu le temps de trouver sa place dans le groupe France.
Une médaille d’argent aux Jeux olympiques, un transfert à 60 millions d’euros dans un géant européen et un début de saison canon, puis une première convocation avec les Bleus à la rentrée, bientôt suivie du lourd statut d’héritier d’Antoine Griezmann : depuis plusieurs semaines, le destin de Michael Olise carbure à pleine vitesse. Un peu trop, sans doute. Car si l’ailier français a parfaitement réussi ses débuts au Bayern Munich dans la lignée de son tournoi olympique de haute volée, il n’a pas franchement brillé lors de ses trois premières sélections avec les Bleus après avoir plongé dans la piscine de Clairefontaine sans avoir eu le temps de se mouiller la nuque.
Le Bayern à ses pieds
Rappelons que du haut de ses 22 ans, Michael Olise était encore méconnu de la France du foot il y a un an à peine. Né à Londres en 2001 d’un père nigérian et d’une mère franco-algérienne, puis passé par l’Angleterre (Arsenal, Chelsea et Manchester City) pendant sa formation avant de découvrir le monde professionnel (Reading et Crystal Palace, 2021-2024), le virevoltant ailier s’est révélé au public tricolore lors des Jeux olympiques : dans un rôle central derrière l’attaquant, Michael Olise a en effet été le fer de lance des Bleus de Thierry Henry, médaillés d’argent à domicile. Athlétique et rapide, mais aussi dribbleur et passeur hors pair, il a terminé la compétition avec 2 buts et 5 passes décisives au compteur. Tout en signant avec le Bayern Munich dans le même temps, contre 60 millions d’euros.
C’est ainsi qu’en un mois à peine, le statut de Michael Olise a totalement changé en passant du crack tricolore connu des amoureux de Premier League à nouvel espoir du pays. Logiquement, Didier Deschamps l’a retenu pour affronter l’Italie et la Belgique en septembre, lui offrant même une première titularisation face à la Squadra Azzurra. Comme d’autres avant lui, l’artiste forgé dans les rues de Londres s’est toutefois montré timide lors de ses deux premières apparitions avec les Bleus. Ce qui a de nouveau été le cas face à Israël, alors que Didier Deschamps lui avait donné les clés du camion tricolore en le positionnant en soutien de l’avant-centre qu’était Randal Kolo Muani. Replacé à la pause dans le couloir droit, Michael Olise n’a pas remis sa tête à l’endroit pour autant en signant une pâle prestation (8 passes manquées et aucune menant à un tir, 1 dribble réussi sur 6 tentés), loin de ses nouveaux standards au Bayern (6 buts et 3 passes décisives, en 9 matchs).
Deschamps à sa main
Un jeune espoir qui ne brille pas lors de ses premières avec les Bleus, cela n’a rien d’inédit ni de dramatique. D’autant que ce n’est pas comme si Didier Deschamps et ses troupes lui avaient facilité les choses, loin de là. D’habitude si prompt à maîtriser le récit autour de son groupe, la Dèche s’est bien plantée en laissant installer l’idée que Michael Olise allait à lui seul combler le vide immense laissé par la retraite surprise d’Antoine Griezmann. Certes, le Bavarois a les qualités pour s’imposer à ce poste. Mais de là à lui laisser les clés du camion dès sa troisième sélection, à 22 ans seulement ? La maladresse de Didier Deschamps aurait pu s’arrêter là, sauf que le Basque est venu enfoncer le clou après le match en conférence de presse : « Michael n’a évidemment pas fait son meilleur match, il a eu beaucoup de déchets techniques. Avec sa patte gauche et la technique qui sont les siennes, il est capable de faire mieux. » Comme pour William Saliba ou Dayot Upamecano avant, le sélectionneur a loupé une occasion de protéger un jeune joueur. Ce qu’il a tenté de rattraper, ensuite : « Michael a beaucoup de qualités, d’étapes à franchir. Il n’a pas fait son meilleur match dans la justesse technique, il le sait bien. C’est nouveau pour lui aussi, les exigences sont élevées, même s’il fait de bonnes choses au Bayern. Mais on ne peut pas le comparer à Grizou avec tout ce qu’il a fait, même s’il était plus ou moins dans la même position. Il est généreux, mais il est capable d’avoir plus de justesse technique. »
Au-delà de sa communication, Didier Deschamps a surtout raté son coup tactiquement en donnant trop de responsabilités trop vite à son jeune talent. L’inverse de ce que Vincent Kompany a fait au Bayern, en couvant son joyau au chaud sur l’aile droite. « Il joue vraiment un grand rôle, ce qui n’est pas facile quand on est arrivé en Bundesliga et dans un club comme le Bayern. Il va franchir d’autres étapes », appréciait ainsi le Belge face aux médias, après six rencontres sous ses nouvelles couleurs. La gestion de l’éclosion de cette étoile montante est symptomatique des errements tactiques des derniers mois, en équipe de France : un groupe pétri de talents, mais où les virtuoses ont du mal à faire parler leur créativité. En l’absence d’Antoine Griezmann, il faudra pourtant bien que Didier Deschamps accorde ses violons pour que les Bleus retrouvent l’harmonie. Avec son sens de la passe, sa qualité sur coups de pied arrêtés et sa patte gauche ou sa vitesse, Michael Olise a toutes les qualités sur le papier pour devenir l’un des hommes forts des Bleus. Mais avant cela, il convient de lui faciliter une adaptation jamais évidente. Surtout quand, dans les esprits, on doit prendre la place d’une légende.
Par Adrien Hémard Dohain