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Équipe de France : les gestes de premières secousses
À 68 jours de l'entrée à la Coupe du monde de l'équipe de France, Didier Deschamps s'apprête à donner sa dernière liste avant les choses sérieuses, dans un climat extrasportif orageux et une avalanche d'indisponibilités.
Est-ce que ce coup de chaud n’est finalement pas la meilleure des préparations pour un Mondial qui se disputera, à l’automne, mais dans un climat désertique ? C’est une tempête de sable que s’apprête à traverser les Bleus pour leur dernier rassemblement avant de décoller en novembre vers le Qatar. Cette route les mènera d’abord à Saint-Denis, pour y affronter l’Autriche (jeudi 22 à 20h45), puis Copenhague, où les attendent de pied ferme les Danois (dimanche 25 à 20h45), mais les turbulences les plus violentes ne seront certainement pas causées par ces adversaires. Pour cause, les remous viennent de l’intérieur. Le scandale auquel doit faire face la Fédération française de football et son président Noël Le Graët planera forcément au-dessus de leur tête, les débats sur l’écologie et autour du boycott du Mondial, mais également la résonance qu’a encore la passe d’armes entre les frères Pogba ne participent pas vraiment à purifier l’air ambiant autour des champions du monde en titre. Sans compter les forfaits qui s’accumulent et qui ne contribueront pas à redresser la barre après une séquence de juin délicate (deux défaites contre le Danemark et la Croatie à domicile, deux nuls à l’extérieur en Autriche et en Croatie).
Tant de pépins qu’a identifiés le capitaine Lloris, alors qu’il avait déjà la défaite de Tottenham au Sporting à assumer. S’il botte en touche sur les casseroles que se traîne la FFF à la suite de l’enquête de So Foot, en attendant de savoir « si tout cela est fondé », le portier aux 139 capes a anticipé son appel à l’union : « C’est important de rester solidaires et concentrés sur l’objectif(la Coupe du monde, NDLR). On aura besoin de toutes nos forces, de toutes nos énergies. Il faut rester focus sur le terrain. Ça s’éparpille un peu trop en ce moment. »
Ne tirez plus sur l’infirmerie
Au-delà de ce qui secoue les hautes sphères, qui revêt aujourd’hui une dimension politique (ou plutôt demain avec la rencontre entre la ministre des Sports et NLG), Didier Deschamps compte avant tout ses billes. Beaucoup sont d’ores et déjà hors jeu pour ces retrouvailles de septembre. Opéré du ménisque début septembre, Paul Pogba va seulement boucler sa deuxième semaine de récupération sur huit et est lancé dans une course contre la montre pour pouvoir prétendre au Mondial, en parallèle de gérer ses histoires familiales ; N’Golo Kanté n’est pas encore revenu de sa blessure à l’ischio-jambier droit ; Ibrahima Konaté, touché au genou, ne devrait pas être disponible avant le 25 septembre ; Presnel Kimpembe est parti pour six semaines de repos pour récupérer son ischio-jambier gauche ; Karim Benzema ne sera pas libéré par le Real Madrid si son genou couine encore au moment d’affronter l’Atlético ce dimanche ; Kingsley Coman est out à cause de sa cuisse, tous comme son compère du Bayern, Lucas Hernández, sorti en cours de match contre le Barça… Et il y a encore un week-end de foot à jouer avant de retrouver Clairefontaine.
Pour résumer, avant ce jeudi 14h, DD devra trouver six remplaçants aux joueurs présents dans sa dernière liste. Dans le sens des retours, cela ne se presse pas non plus au portillon. Ousmane Dembélé revient en forme à Barcelone, Olivier Giroud est toujours en embuscade pour récupérer le baquet de KB9, Dayot Upamecano ou Clément Lenglet peuvent profiter de l’hémorragie en défense pour faire leur retour en sélection, à moins qu’Axel Disasi ne leur grille la priorité, tout comme son compère asémiste Youssouf Fofana au milieu. Alors que le réservoir de talents a longuement été loué, c’est aujourd’hui un quitte ou double qui se présente à Deschamps. Soit ces matchs sans grand enjeu – avec les performances de juin, la France sait déjà qu’elle ne sera pas au Final Four – serviront à évaluer les plans de secours tout en espérant que les habituels titulaires reprennent des forces avant le Mondial ; soit les Bleus continuent de tâtonner avec des seconds couteaux qui devront par la force des choses compléter un groupe décimé au Qatar. Dans tous les cas, pour les rescapés, la priorité sera de profiter de cette fenêtre internationale pour « se retrouver » et « se resouder un peu ». C’est souvent comme ça, blottis les uns aux autres, qu’on limite les dégâts pendant les tempêtes.
Par Mathieu Rollinger