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Warren Zaïre-Emery doit passer le crack-test
Tout juste après avoir obtenu son bac, Warren Zaïre-Emery est parti rejoindre en vitesse ses camarades de l’équipe de France qu’il côtoie depuis déjà un an. Durant son début de carrière, tout est allé un peu trop vite et il pourrait être préférable de se garer sur le bas-côté quelques instants pour éviter l’accident.
Dès l’annonce de la retraite internationale d’Antoine Griezmann, tous les yeux se sont tournés vers les milieux de terrain français. Les « autres », ceux accusés de ne pas savoir créer de danger par la passe. La faiblesse offensive affichée durant l’Euro 2024 les a propulsés en première ligne des critiques. Orphelins de Paul Pogba et avec un Grizou pas dans son assiette, ni Aurélien Tchouaméni ni Adrien Rabiot n’ont été capables de changer le rythme, quand Eduardo Camavinga se contentait des miettes laissées par Didier Deschamps. Warren Zaïre-Emery, lui, n’a pas disputé la moindre minute de la compétition, souffrant notamment du retour de N’Golo Kanté. Après une deuxième partie de saison sous les couleurs du PSG où il avait paru émoussé, le jeune prodige ne s’est pas vraiment ressourcé en Allemagne et vient de démarrer un nouvel exercice sans éclat dans la capitale.
Déjà plus de 5 000 minutes en pro
Dispensé des épreuves du bac en raison de sa convocation à l’Euro, celui qui a fêté ses 18 ans en mars l’a finalement obtenu avec quelques semaines de retard. Habituellement en avance sur les temps de passage et si souvent habitué aux sommets depuis sa plus tendre enfance, le néo-bachelier n’a pas vraiment survolé cette échéance, mais la moyenne est assurée – avec un beau 20 en EPS – et son sourire retrouvé : « Maintenant, je vais pouvoir bien me concentrer sur le football. » On n’attendait que ça. Après une année 2023 époustouflante durant laquelle « WZE » a marché sur les records de précocité avec Paris et les Bleus, voilà que la suivante est beaucoup plus délicate. Même s’il n’a jamais eu la gueule la plus juvénile du circuit mondial, sa fraîcheur des premiers mois a laissé place à une certaine usure. Déjà ? À peine la majorité fêtée, il a déjà passé 5 251 minutes sur les terrains professionnels, de quoi susciter un peu de méfiance à l’heure où les joueurs montent au créneau face à ces fréquences infernales.
Si Kylian Mbappé s’est permis de sécher le rassemblement d’octobre à Clairefontaine, Warren Zaïre-Emery ne peut pas faire de même. La bonne idée de Didier Deschamps aurait tout simplement été de ne pas le sélectionner. D’abord parce que son début de saison n’est pas à la hauteur des attentes avec le PSG et que ses prestations en équipe de France n’en font pas encore un indiscutable dans la traditionnelle liste du jeudi après-midi. Son entrée face au Luxembourg (3-0) à la place de N’Golo Kanté lui avait peut-être coûté sa place dans le onze à l’Euro, tandis que celle contre l’Italie (1-3), encore pour faire souffler le pensionnaire du championnat saoudien, n’avait pas dû davantage rassurer le sélectionneur.
Retour à la case départ ?
Personne n’est mieux placé que le gamin de Montreuil pour savoir que le football va très, très vite. Poussé dans le grand bain avant son seizième anniversaire, il a gravi les échelons quatre à quatre et n’a jamais vraiment pu goûter à la stabilité. Il y a moins d’un an, il était sans conteste le plus grand espoir du pays après avoir ouvert son compteur but pour sa première sélection contre Gibraltar (14-0), avant d’être renvoyé au statut d’adolescent encore irrégulier et coupable de ne pas trouver la solution aux problèmes de ses équipes.
Malgré les nombreuses heures déjà passées chez les grands, peut-être que Warren Zaïre-Emery doit simplement redescendre d’un étage et rattraper le temps perdu. Privé des Jeux olympiques avec la bande de Thierry Henry à cause de l’Euro, il n’a en réalité connu que quatre petites sélections chez les Espoirs. Auréolé du brassard par l’ancien sélectionneur des Bleuets, il avait rapidement fait ses valises pour Clairefontaine. Difficile de remettre en cause sa formation, mais les quelques manques affichés ces derniers mois, notamment en possession du ballon, ne pourront être corrigés qu’avec le temps et l’expérience, les catégories de jeunes servent aussi à ça. Il aurait pu se remplumer dans l’ombre d’un déplacement à Chypre ou la réception de l’Autriche en marge des éliminatoires de l’Euro Espoirs, digérer tous les événements vécus ces 12 derniers mois et même, qui sait, revenir plus fort.
Par Enzo Leanni