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Jules Koundé, déjà le Bleu de l'année
Entre prises de position affirmées et performances de plus en plus convaincantes, 2024 aura été l'année de Jules Koundé en équipe de France. Autant qu'il prend aujourd'hui de plaisir à enchaîner les va-et-vient dans un couloir droit qu'il semble avoir finalement apprivoisé. Oui, même après la purge contre Israël et avant une dernière sortie en Italie, c'est bien lui le Bleu de l'année !
Il aurait fallu être solidement accroché à sa chaise, il y a de ça deux ans, si l’on avait annoncé avant le Mondial 2022, que le meilleur Bleu de l’année 2024 se nommerait Jules Koundé. Non pas que l’ancien girondin soit dénué de talent, loin de là, sa carrière parle pour lui, mais sa mutation vers le couloir droit de la défense n’avait alors rien de probante, alternant entre tâtonnements et performances encore loin des attentes, au point où sa chaîne portée en plein match faisait plus parler que le terrain.
Sauf que voilà, Koundé a pris du galon. Il n’a plus quitté son côté droit, fait partie des premiers noms couchés sur la feuille de match, s’est imposé comme un des leaders du groupe et s’est même permis de délocaliser la fashion week de Paris au fin fond des Yvelines, là où Kate Moss et consort n’ont certainement jamais mis un pied. En bref, il est devenu l’un des visages de l’équipe de France, et pas celui du fond de la classe.
Major de promo par défaut ?
À 26 ans, celui qui s’épanouit comme jamais sous les ordres d’Hansi Flick en Catalogne, a atteint une forme de plénitude en équipe de France. Un statut qui s’explique par ses performances et sa personnalité, mais aussi par un contexte très étrange autour d’une sélection qui ne tourne plus très rond. Lauréat d’un titre imaginaire, Koundé n’a pas eu affaire à la concurrence la plus farouche. Malgré ses six buts qui font de lui le meilleur buteur tricolore de l’année, Randal Kolo Muani ne fait pas illusion, alors que les autres candidats n’ont pas su tirer leur épingle du jeu.
Ibrahima Konaté et William Saliba ont brillé sur et en dehors du terrain, mais ont aussi connu leur période de creux, Bradley Barcola n’a pour l’instant pas encore donné sa pleine mesure (il l’a fait pendant les 20 premières secondes contre l’Italie), Ousmane Dembélé ne semble définitivement pas prêt à assumer son statut, quand les milieux alternent entre performances décevantes et blessures. Quant à Mike Maignan, il lui a manqué un match référence lors du dernier Euro. Invariablement, le Barcelonais bénéficie aussi de la retraite internationale d’Antoine Griezmann et de la mise en retrait de Kylian Mbappé, mais il fait aussi mieux que les autres, en n’ayant que très rarement ressemblé à un maillon faible. Tout un tas d’éléments qui, au-delà de mettre Koundé en lumière, soulignent aussi le manque de têtes qui dépassent, plus que de voix qui portent.
Piston tout terrain
L’avantage pour Koundé, après une année où il a été évoqué pour porter le brassard de capitaine, où il a tiré le premier penalty de sa carrière lors d’une séance historique pour les Bleus contre le Portugal et où il a été un porte voix contre l’extrême droite notamment, mais pas que, c’est qu’il peut presque tout améliorer ! Auteur d’un triplé de passes décisives en Ligue des champions il y a 10 jours, Koundé attend par exemple toujours d’être décisif maillot bleu sur les épaules.
Aucun but, aucune passe dé en 39 sélections, c’est tout de même peu pour un joueur capable de le faire de temps à autre en championnat. Sa qualité de centre, en pleine progression et qui partait d’assez loin, devrait bientôt lui permettre de s’offrir cette opportunité et de couper court à l’idée qu’il n’apportera jamais offensivement. Tout autant qu’il pourrait aussi prochainement être véritablement nommé capitaine, si la pause du Kyks© se prolonge ou s’il est simplement déclassé.
Mais enfin, messieurs, il ne faut pas vous emporter de la sorte pour si peu. Face à cette abondance de bienveillance nous n’avons plus le choix.. Le prochain rassemblement c’est promis on arrivera tous avec le survêtement, les crampons aux pieds sans oublier la parka si il pleut… https://t.co/DWX9lnPpM6
— Jules Kounde (@jkeey4) October 9, 2024
Sur le plan de la communication, qui prend chaque année plus d’ampleur dans le secteur, là aussi JK a été irréprochable. Si l’on espère qu’il n’aura pas à mener front contre l’extrême droite de sitôt, il s’est aussi attelé à ce que les Bleus ne se fassent pas marcher dessus. Lorsque Jean-Michel Larqué et Jérôme Rothen ont taclé le défilé de mode des Bleus à leur arrivée à Clairefontaine, il ne s’est pas caché pour faire part de son désaccord aux deux anciens internationaux (qui comptent moins de sélections à eux deux que le père Koundé), avant de venir en survêtement au rassemblement suivant, promesse tenue. Si ces derniers temps on a surtout vu Ibrahima Konaté passer une tête devant les médias, les prochaines conférences de presse du défenseur devrait valoir le détour (sa dernière date du 3 septembre), alors qu’il n’hésite pas non plus à mettre l’équipe face à ses responsabilités, parlant de « colère » après le nul face à Israël. Tranchant sur et en dehors du terrain, Jules Koundé a marqué une année bleue bien triste à sa manière, peut-être celle de cette nouvelle génération qui prend doucement les rênes de la sélection, et aurait intérêt d’en montrer plus.
Par Julien Faure