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Clauss, profession latéral
Auteur d’une très bonne prestation face aux Pays-Bas, Jonathan Clauss a confirmé son retour en forme, mais surtout démontré l’étendue de son potentiel à un poste où l’équipe de France manque encore de certitudes et de spécialistes.
Une passe décisive, de la sueur sur le front et des accélérations le dos voûté. Jonathan Clauss a dû passer une bonne nuit après sa performance amstellodamoise. Au service de Kylian Mbappé sur le premier but des Bleus face aux Pays-Bas (1-2), le latéral marseillais s’est surtout illustré par son activité incessante dans un couloir droit où il a longtemps pris le dessus sur Quilindschy Hartman (pourtant buteur). Une performance loin d’être sporadique en réalité, pour celui qui confirme son excellent début de saison avec l’OM, a enfin digéré son absence en Coupe du monde, et apporte quelques garanties à Didier Deschamps.
Homme de couloir
Car le nom de Clauss en équipe de France est toujours relié à son parcours, malgré ses 31 ans, ses 222 matchs en professionnel et ses sept sélections. Ce parcours de novice, snobé par les centres de formation et passé par les cases amateurs pour arriver au plus haut niveau. Cette étiquette de « novice », Clauss l’a justement déchirée, comme il l’a lui-même concédé en zone mixte de la Johan Cruyff Arena : « Désormais, les changements et le rêve sont finis. C’était important pour moi, je voulais le montrer au groupe, et ça y est, je ne suis plus là pour juste paraître mignon à la télé. » Fini les rêves, place aux objectifs. Devenu l’un des maillons forts du RC Lens puis de Marseille, le voici intégré à la rotation en équipe de France. Chez Deschamps, l’objectif est en effet de pouvoir compter sur un latéral droit de métier, en pendant complet de Théo Hernandez à gauche. Jusque-là, Jules Koundé et Benjamin Pavard étaient les préposés à la tâche, en dépit d’une identité beaucoup plus ancrée en défense centrale.
En août dernier, le sélectionneur prévenait d’ailleurs gentiment les deux protagonistes : « Des joueurs sont polyvalents, et tout dépend des systèmes. Je sais très bien que “Benji” aspire à évoluer aussi dans l’axe, peut-être pas uniquement, même si ce sera un peu plus le cas à l’Inter, dans un système à trois défenseurs centraux. Mais après, il y a les besoins de l’équipe de France. J’en ai connu, non des moindres, qui peuvent jouer dans l’axe et sur le côté. Cela vaut aussi pour Jules Koundé. » Au milieu de ces tâtonnements, Clauss a donc une sérieuse carte à jouer, lui qui s’est désormais perfectionné en piston dans une défense à trois, et comme un véritable latéral dans un système à quatre.
De déception en satisfaction
Utilisé comme gâchette offensive par Igor Tudor la saison dernière, en soutien du trio axial Mbemba-Balerdi-Gigot, Clauss a retrouvé la base d’un dispositif classique sous les ordres de Marcelino et Gennaro Gattuso. Le bagage suffisant pour satisfaire aux exigences de DD ? L’intéressé se dit plus ou moins convaincu : « Le coach m’avait dit que l’aspect défensif était plus important que celui offensif. Maintenant, ça fait partie de mon jeu… »
Pour autant, la dernière marche semble encore loin. Déjà frustré par son absence lors du Mondial au Qatar, Clauss devra conserver ce rythme de croisière parfois trop fluctuant afin d’être de la partie à l’Euro dans huit mois et s’éviter une nouvelle désillusion. Par le biais de ses performances en club – évidemment –, mais également par l’état d’esprit qu’il affichera durant les quelques chances accordées par le staff des Bleus. Il reste du chemin pour convaincre Deschamps de changer ses habitudes dans les grands rendez-vous, c’est-à-dire aligner au moins trois centraux sur sa ligne défensive pour gagner en sécurité derrière, comme Pavard, Kouné ou encore Lucas Hernandez ont pu l’expérimenter ces dernières années. « Il est intéressant et égal à lui-même », concluait la « Dèche » en conférence de presse en parlant de Clauss. Le défenseur marseillais est de retour dans l’équation, ce qui ressemble à une première victoire.
Par Adel Bentaha