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Benjamin Pavard, le cas à part
Malgré son expérience, sa cinquantaine de sélections et son statut de champion du monde, Benjamin Pavard doit aujourd’hui compter sur les forfaits des uns et des autres pour être invité à Clairefontaine. Après deux rassemblements manqués, le Ch’ti est de retour dans le groupe bleu.
Le saviez-vous ? Benjamin Pavard n’a plus porté le maillot de l’équipe de France dans un match officiel – comprenez hors amicaux – depuis le 7 septembre 2023 et son entrée à la 89e minute d’une rencontre de qualifications à l’Euro contre l’Irlande, au Parc des princes (succès 2-0, réalisations d’Aurélien Tchouaméni et Marcus Thuram). Depuis ce 7 septembre 2023, l’ancien Dogue doit se contenter des matchs pour du beurre (l’Allemagne deux fois, mais aussi l’Écosse et le Luxembourg) ou du banc (qu’il n’a pas quitté de tout l’Euro), lorsqu’il n’est pas tout simplement blessé (une luxation du genou gauche, en novembre 2023) ou snobé par Didier Deschamps, comme lors des deux dernières fenêtres internationales.
Scudetto et ronds de serviette
Cette fois-ci, il a fallu le forfait du maudit Wesley Fofana pour que la convocation tombe. Quatre jours plus tôt, au pupitre, Deschamps avait préféré s’entourer du défenseur de Chelsea, d’Ibrahima Konaté, de Jules Koundé, de William Saliba et de Dayot Upamecano. « J’ai pris l’option d’appeler d’autres joueurs, que je veux revoir, parce qu’ils ont aussi des étapes à franchir, déclarait la Dèche après une question concernant l’avenir international de Pavard. À lui de maintenir ce qu’il fait avec son club. Évidemment, à ce poste, il y a beaucoup de concurrence, peut-être un peu plus que les autres. Il a été dans cette liste, cette fois il n’y est pas. Ce n’est pas fini, il fait partie (des choix potentiels), autrement je vous le dirais. Il fait partie des prélistes, j’ai des choix ponctuels à faire, par rapport aux joueurs que j’ai pris et que je veux continuer de prendre. »
Un argumentaire flou pour tourner autour d’un constat clair : à l’heure actuelle, en équipe de France, Benjamin Pavard est à peine un deuxième choix. Quand certains (prenez Adrien Rabiot ou Randal Kolo Muani, par exemple) conservent leur rond de serviette à Clairefontaine même sans convaincre grand monde en club, l’Intériste, ancien cadre de ce groupe, galère lui à sortir du placard. Et les trêves de septembre et octobre n’ont pas forcément été simples à vivre, comme il l’avouait chez GQ début novembre : « Je respecte toujours les choix du coach, c’est lui le boss. Mais c’est sûr que ça fait bizarre car depuis novembre 2017, j’avais quasiment été appelé en équipe de France à chaque fois, sauf à cause d’une blessure et du Covid. J’ai eu l’occasion de me ressourcer et de partir quelques jours avec ma fiancée, donc j’ai bien vécu cette période. Mais évidemment, je n’abandonne pas et je continue de bosser pour que le coach fasse de nouveau appel à moi. C’est vraiment lui qui m’a transmis la gagne et j’ai encore envie de gagner à ses côtés. […] Devant ma télé, je suis un grand fan de l’équipe de France. »
Il est vrai que depuis plusieurs années, la relation entre le natif de Maubeuge et la sélection est trouble, à l’image de son positionnement sur le pré : défenseur central en club mais historiquement cantonné au rôle de latéral droit par DD, il avait fini par être titularisé dans l’axe par deux fois, en octobre 2023 (il en avait d’ailleurs profité pour inscrire un doublé, contre la Tartan Army) et mars dernier, avant de disparaître des radars ; pour contourner la concurrence et pouvoir de nouveau exhiber le coq sur son pectoral gauche, il devra peut-être accepter de recoller la ligne de touche. Sa relation avec le sélectionneur n’est, elle non plus, pas très fluide : on se souvient qu’au Mondial 2022, son cas avait été posé sur la table après une disasterclass lors du match d’ouverture contre l’Australie ; après ça, il n’était plus apparu de toute la compétition. À l’Euro, Koundé, Upamecano et Saliba l’ont totalement barré. Aujourd’hui, dans la vie de tous les jours, du côté de Milan, Benjamin Pavard est pourtant un joueur qui compte : grand artisan du Scudetto décroché par les Nerazzurri en 2023-2024 pour sa première saison au pays du calcio, le Français est resté un titulaire quasiment indiscutable, depuis la reprise, et enchaîne actuellement les performances de costaud du côté de Giuseppe-Meazza. Là où les Bleus affronteront l’Italie, dimanche.
Par Jérémie Baron