S’abonner au mag
  • Mondial 2023
  • France

Salut les musclés

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

La défaite, d’un seul point, dimanche soir contre l’Afrique du Sud (28-29), ne signe pas seulement un échec sportif pour une génération dorée du rugby tricolore. Elle marque aussi un coup d’arrêt, provisoire peut-être, pour les rêves de grandeur de l’ovalie dans l’Hexagone.

Salut les musclés

Les mines déconfites des joueurs du XV de France, l’air abattu de Fabien Galthié en conférence de presse, les larmes en gros plan sur les joues de certaines spectatrices… Le climat dimanche était au drame national, si d’autres événements bien plus graves à Arras ne nous ramenaient pas à un peu de décence. Pourtant, personne ne peut en douter. Dans la fraîcheur d’octobre qui arrive enfin sur le pays, les rugbymen tricolores ont perdu davantage qu’un match. Le rugby français jouait gros lors de cette Coupe du monde à domicile. Toujours fonçant la tête baissée dans son rêve de rattraper son retard sur le frère du ballon rond, autrement en tout cas qu’en se plaignant comme Antoine Dupont de l’arbitrage, cette édition 2023 à domicile devait enfin offrir l’opportunité de remporter ce premier trophée après trois finales perdues.

Fête gâchée

Le sélectionneur du XV ne pourra pas se tourner vers Michel Hidalgo, Aimé Jacquet ou Didier Deschamps, ses homologues du XI qui avaient conduit les Bleus en finale de chacune des compétitions internationales organisées sur le sol français. Exception faite de la désillusion des filles de Corinne Diacre en 2019, ce pays avait oublié à quoi peut ressembler une fête où les visiteurs s’amusent dans son salon après qu’il s’est couché. La comparaison avec France 1998 s’était imposée dans tous les esprits. Une première à la maison et un élan populaire qui auraient en principe garanti, à l’instar du triomphe des Bleus de Zinédine Zidane et Lilian Thuram, d’installer définitivement le rugby au rang de grand sport national et rassembleur. Une ovalie qui s’extirperait enfin de son Sud-Ouest pour désormais s’imposer aussi bien à Marseille qu’en Seine-Saint-Denis (c’était le pari commercial d’Adidas, déchaînant un torrent de réactions racistes en retour). Le black-blanc-beur version 2023 n’aura même pas le temps d’être une illusion.

Toutes les étoiles semblaient s’aligner. Un XV de France talentueux, avec enfin une star de dimension mondiale pour incarner la discipline dans l’imaginaire et le marketing. L’apparition spontanée de rugbix qui se prenaient de passion pour la compétition – certes à rallonge – et leurs nouveaux héros. Enfin un soutien de l’ensemble de la nation, jusqu’au plus haut sommet de l’État. Malgré les quelques ratés en chemin (la cérémonie d’ouverture aux relents réacs et les tentatives de récupération de l’extrême droite), les belles performances laissaient entrevoir un parcours tout tracé jusqu’à une finale en apothéose, un France-Irlande qui aurait été la réplique de France-Brésil (dont Michel Platini avoua que le tableau avait été conçu pour le favoriser). Sur les plateaux télé ou radio, le storytelling se récitait avec la foi du converti, chacun dissertait sur le destin qui attendait le XV de France. Les festivités avaient été planifiées. Les Champs-Elysées avaient déjà les bras ouverts pour accueillir la foule. Le buffet pour la réception des nouveaux champions du monde par Emmanuel Macron sûrement déjà commandé. Mais voilà : le sprinteur Cheslin Kolbe s’est opposé au botteur Thomas Ramos, lui barrant le chemin vers la gloire à la manière d’un Dibu Martinez face à Randal Kolo Muani en décembre dernier.

Avec pertes mais sans fracas

Sans ça, nous serions-nous réveillés en novembre avec donc un second sport national, largement aussi populaire que le foot et paré de vertus coercitives ou éthiques, certes aujourd’hui largement fantasmées ? L’enthousiasme aurait-il garanti la ruée des gamins dans les clubs et une manne financière chez les pros, avant que Paris ne reçoivent les Jeux olympiques et son rugby à 7 ? Une fois de plus, le coq a trébuché sur la marche. Il n’y a pas de honte à ça, juste l’amertume de voir des Anglais bien vite enterrés être les derniers représentants de l’hémisphère nord en demi-finales. Ce France-Afrique du Sud n’aura jamais le drama fondateur d’un Séville 1982. Il s’agit juste d’une défaite, face à des Springboks sans complexe et sans peur et à qui on avait oublié d’expliquer qu’ils devaient perdre par respect pour leurs hôtes.

D’un petit point, le rugby va retrouver sa place de sport important, mais quitte sa tenue de gala qui lui a permis d’être célébré avec des concerts géants et des célébrités qui souhaitent bonne chance sur grand écran à la sélection nationale. On se demande ce qu’il va rester de la fête et de ses dividendes, maintenant que les néophytes vont se remettre à parier sur la Ligue 1 ou la Ligue des champions. France 2023 ne sera donc pas le France 1998 du rugby. Ce XV de France, dont personne ne nie le talent ni le potentiel, retournera gagner des tournois des Six nations, parfois avec des grands chelems. Le Top 14 demeurera le meilleur championnat d’un sport dont la fédération internationale compte deux fois moins de membres que la FIFA. Et il restera l’amour des vétérans du COM Bagneux pour leurs rucks du dimanche matin. Ils ont peut-être, eux, gagné quelques années avant que les marchands du temple ne viennent définitivement tout leur prendre…

Dans cet article :
Élection présidentielle de la FFF : on vous fait le topo
Dans cet article :

Par Nicolas Kssis-Martov

À lire aussi
Articles en tendances
03
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
  • C1
  • J6
  • Salzbourg-PSG
Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)

Revivez Salzbourg-PSG (0-3)
02
Revivez Sainté-OM (0-2)
  • Ligue 1
  • J14
  • Saint-Étienne-Marseille
Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)

Revivez Sainté-OM (0-2)
10
Revivez Brest-PSV (1-0)
  • C1
  • J6
  • Brest-PSV
Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Revivez Brest-PSV (1-0)

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Pep Guardiola est-il finito ?

Oui
Non
Fin Dans 2j
63
68

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

France