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Oubliez Zidane, votez Genesio !
Didier Deschamps a annoncé laisser sa place à la tête de l’équipe de France en 2026, et les prétendants risquent de se bousculer dans les mois à venir, même si Zinédine Zidane semble être le successeur évident. Il y en a un qui ne s’est pas présenté, mais le peuple vote quand même pour lui : Bruno Genesio.
Qui va prendre la place du calife ? Depuis douze ans, tout le monde en a rêvé, mais personne n’a jamais osé ambitionner le poste. On dit qu’il existe 68 millions de sélectionneurs dans ce pays et, pourtant, seul Didier Deschamps tenait les rênes d’une main de fer. Même l’idole Zinédine Zidane n’a pas tenté d’appeler Noël Le Graët pendant le long règne de son capitaine de toujours, par respect et parce que l’ancien président de la FFF « ne l’aurait même pas pris au téléphone ». Un temps pressé, Thierry Henry a pris son mal en patience, sachant qu’il partait avec un train de retard, tandis que Rudi Garcia prépare sans doute son entretien d’embauche depuis mardi soir. « Le roi est mort, vive le roi », clament ceux qui réfléchissent déjà à trouver le bon successeur qui récupérera les clés du camion en 2026.
Les compétences parfaites pour le poste
Tapi dans l’ombre, un homme pourrait bien récupérer le trône. S’inspirant du prêtre mexicain prêt à devenir pape dans Conclave, thriller haletant de la fin de 2024, Bruno Genesio peut créer la surprise et s’asseoir sur le banc de l’équipe de France l’année de ses 60 ans. Mais comment passer d’expériences sympathiques, mais pas forcément marquantes, à Lyon, Rennes et Lille au poste le plus convoité du pays ? En mettant en avant des qualités qui conviennent parfaitement au rôle : un management basé sur l’humain, une cote de popularité au beau fixe et un jeu offensif relativement facilement calquable à une sélection.
Hormis sur le dernier point, ce n’est pas Didier Deschamps qui viendra remettre en cause la recette du succès. Celui qui a placé la cohésion du groupe au sommet de la pyramide des besoins pour devenir champion du monde sait mieux que personne que cette gestion est primordiale. « Il aime arriver le matin, saluer son vestiaire, blaguer et rigoler un petit peu, et ne pas toujours parler que de football. Sa qualité, c’est aussi qu’il parvient à garder un vestiaire concerné. Il communique beaucoup avec les joueurs, surtout ceux qui ne jouent pas », expliquait à So Foot Mathieu Valbuena, qui a connu Bruno Genesio à l’OL, quand Damien Da Silva, sous ses ordres au Stade rennais, abondait dans le même sens : « Je suis beaucoup attaché au plan humain. Lui aussi, il est axé sur ça. Humainement, j’ai adoré. Son style de management, le relationnel, être proche des joueurs, c’est très intéressant. Ça nous met en confiance, ça nous fait sentir à l’aise dans un groupe. C’est une personne très franche, honnête, qui sait vous dire les choses. »
Une fraîcheur attendue
S’il n’a pas encore l’aura de Deschamps ou Zidane, celui que la France du foot surnomme Pep Genesio possède un capital sympathie nécessaire pour taper à la porte de la Fédé. D’abord raillé par les supporters lyonnais, l’ancien coach de Villefranche et Besançon s’est taillé une réputation en faisant tomber les gros mastodontes européens : Manchester City, l’AS Roma, le Real Madrid ou encore l’Atlético. De quoi espérer de beaux parcours à l’Euro et en Coupe du monde. Tout cela en proposant un jeu attractif, en témoignent les scores fleuves infligés aux équipes de Ligue 1 chaque dimanche à 13 heures lors de son passage à Rennes. « Il aime étouffer l’adversaire. Monopoliser le ballon, quelle que soit l’équipe, que ce soit le Real Madrid ou le dernier. Il gardera toujours ses principes d’avoir la balle, de prendre des risques, de jouer, de presser », confirmait Amine Gouiri, son attaquant chez les Rouge et Noir. Et si la tactique passe au second plan quand on n’entraîne une sélection qu’une dizaine de fois chaque année, Pep a plusieurs tours dans son sac. « Un projet de jeu est toujours dépendant des joueurs que vous avez sous la main. Je ne suis pas un dogmatique, j’aime adapter mes convictions à un système », expliquait-il à So Foot en décembre 2021.
Vous pensez que tout le pays ne connaît pas encore Bruno Genesio ? Le temps viendra. Il est effectivement moins célèbre que Laurent Blanc et Didier Deschamps, les deux derniers sélectionneurs des Bleus, mais il ne faut pas croire que Raymond Domenech, Aimé Jacquet ou Jacques Santini étaient les plus grandes vedettes de leur époque. Surtout, opter pour l’actuel coach du LOSC permettrait à Philippe Diallo de tirer un trait sur la génération 1998 qui semble croire que le poste leur est dû alors que Zizou n’a plus entraîné depuis 2021 et que Titi n’a pas mieux qu’une médaille d’argent aux Jeux olympiques. Les meilleures sélections ne sont d’ailleurs plus forcément entraînées par d’anciennes légendes, ce ne sont pas Luis de la Fuente (Espagne), Julian Nagelsmann (Allemagne), Dorival Júnior (Brésil) ou encore Domenico Tedesco (Belgique) qui diront le contraire. Pour définitivement faire oublier Didier Deschamps, Bruno Genesio pourra compter sur son verbe afin d’animer les conférences de presse de manière bien plus enflammée que son prédécesseur. À ceux qui ne veulent pas voter pour lui : « La seule chose inéluctable, c’est la mort. »
Par Enzo Leanni