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Enzo Réale, la revanche d’un Gone

Par Arnaud Clément
Enzo Réale, la revanche d’un Gone

Capitaine depuis ses 14 ans de la fameuse génération lyonnaise 1991 des Grenier, Lacazette et consorts, Enzo Réale n'a pourtant jamais eu sa chance avec les pros, sans qu'on lui dise pourquoi. Voilà pourquoi il attend son retour à Gerland avec envie et un peu de rancoeur.

Autant être clair d’entrée de jeu : après Scifo et Francescoli, le prochain Enzo qui donnera du plaisir aux spectateurs du championnat de France ne sera pas un mirage nommé Zidane, mais un Réale, un vrai. Enzo, de son prénom, c’est l’histoire d’un gamin qui a toujours été honnête envers le ballon, d’un milieu de terrain aux qualités qui ne manqueront pas de sauter aux yeux du plus grand nombre au fil des années. Mais c’est aussi une love story lyonnaise mal terminée, lui qui s’est fait griller la politesse après avoir attiré sur lui toute l’attention de l’intelligentsia lyonnaise pour sa vision du jeu, sa grinta, ses qualités techniques, son aisance dans un rôle de box-to-box, voire sa finition face aux bois. « J’ai toujours prouvé que je méritais ma place à Lyon. Mais je n’ai jamais eu d’explications quant au fait qu’on ne me laisse pas de temps de jeu. Pour ça, je garde une petite rancœur, oui. Ce n’est pas normal qu’un jeune qu’on a formé et qui n’a rien couté ne puisse pas avoir sa chance » pose sans sourciller l’intéressé, qui espère plus que jamais figurer dans le onze de départ de Christian Gourcuff aujourd’hui.

Si les histoires d’amour finissent mal en général, tout a longtemps pourtant été idyllique, pour ne pas dire trop parfait. Le gamin des Minguettes baigne dans un environnement footballistique on ne peut plus idéal. Son père Alain, lui-même ancien numéro dix pas manchot qui a joué en D4, et sa mère ont donné naissance à une tribu de footeux. « Aujourd’hui, seul l’ainé de mes cinq enfants, Mario, ne joue plus car il a 37 ans, mais sinon, Franck, Sandro et Tony jouent tous encore à l’AS Minguettes. Dans la famille, on a toujours été des joueurs de ballon avec de bonnes capacités d’endurance » explique Alain Réale, qui rechausse parfois les crampons à 56 ans avec les vétérans des Minguettes. Et le paternel de souligner que le petit dernier né en 1991 a pris une bonne part du gâteau familial pour aujourd’hui être le plus doué. Déjà tout jeune, il épatait la galerie, que ce soit en bas de l’immeuble à Monmousseau ou lors de ses confrontations en débutant contre Harry Novillo, lui aussi formé à l’OL et alors licencié à Saint-Fons. « Dès que je marquais, mon père me donnait une pièce de dix francs. Mais ensuite, il est revenu à celles d’un franc parce que je lui coutais trop cher » se marre aujourd’hui Enzo Réale.

La tête, le cœur et les c*******

Quand l’OL entend parler du phénomène, il ne met pas longtemps à se lancer à sa poursuite. Alors âgé d’à peine 8 ans, le gamin convainc son monde lors d’un tournoi test disputé à Meyzieu. Il n’en faudra pas d’autre aux éducateurs pour comprendre du potentiel du gamin, qui s’engage en poussins pour son club de cœur. Là où il découvre une autre exigence, celle de la compétition dans sa version la plus poussée : « Comme on avait une belle génération, on gagnait des titres et il y avait une exigence de résultat. Ça forge » explique celui qui remporta son premier titre de champion de France… en benjamins, avant d’en empiler bien d’autres jusqu’à son passage en pro. Pas de quoi l’effrayer pour autant, le garçon étant stimulé par les rendez-vous comme le soutient son premier fan de père : « Contrairement à d’autres, Enzo a les c******* et ne s’est jamais démonté dans les moments importants. S’il rate un match, je sais d’avance que ce n’est pas mental, mais plutôt lié à son état de forme. » Pourquoi cette grinta de tout instant ? Sans doute un trait de caractère hérité des joutes au quartier. « Déjà, il faut dire que ça jouait bien là-bas. Et puis, ça ne manquait pas de caractère, il ne fallait jamais perdre. En même temps, je ne comprendrai jamais un footballeur qui ne se dit pas compétiteur » explique-t-il.

Et s’il en est bien un qui confirme ses dires, c’est bien Robert Valette, indéboulonnable coach de la CFA rhodanienne pendant plus de quinze ans : « Si je dois partir à la guerre, je le prends sans hésitation. Le charbon, le combat, il connait. Nous avons souvent été placés dans le groupe sud en championnat de France amateur, avec des déplacements dans des endroits où on a connu l’intimidation, pour ne pas dire plus. Mais s’il y en a un qui ne s’est jamais démonté, c’est bien lui. C’est un banlieusard, au bon sens du terme : indépendamment du fait qu’il a un sacré caractère, il ne lâche jamais rien. » Ceci explique pourquoi le Vénissian prend dès ses 14 piges le brassard de capitaine d’une génération (Grenier, Lacazette, Faure, Umtiti, Tafer…) qui fournira largement les équipes de France de jeunes et d’Espoirs. Un rôle qui va comme un gant de par ses attributs psychologiques, mais aussi grâce à son rôle d’organisateur balle au pied. « J’aime bien faire le relais entre la défense et l’attaque. C’est pourquoi ce poste de six ou huit me convient bien. » Jouer le chef d’orchestre-meneur d’homme et donner le tempo avec l’or qui lui brûle les pieds tel un Fabregas époque Arsenal, il sait faire. Son but contre Troyes est d’ailleurs une bonne illustration de sa large palette.

« Il a tout balle au pied »

D’ailleurs, lorsqu’on fait référence à ses qualités à Robert Valette, le technicien à la retraite sort son instrument de mesure favori qu’il a précieusement gardé en stock : son carnet de statistiques. « Alors, Enzo, où est-il… Ah, le voilà. En soixante matches avec la CFA, qu’il a intégrée à 17 ans, il a marqué seize fois. De tous ceux que j’ai vu passer à ce poste, seul Steed (Malbranque) a dû faire mieux » compare-t-il. Une donnée à rapprocher de son total de l’an passé avec Boulogne-sur-Mer. « Six buts pour un relayeur qui découvrait ce niveau, ne tirait ni pénalty, ni coup-franc et jouait dans une équipe moyenne qui est finalement descendue, c’est pas mal, non ? » commente son père. Et Robert Valette d’expliquer le pourquoi du talent d’un garçon dont le gabarit (NDLR : 1m75, 69 kg) a pourtant souvent constitué un handicap pour faire sa place : « Il a tout balle au pied, mais ce n’est pas son plus gros point fort. Dans tout sport, c’est l’œil qui compte le plus et lui voit vraiment avant les autres. » Le gamin l’a bien compris et a fait sienne une maxime que beaucoup n’ont pas saisie : voir avant de donner. Un exemple parmi tant d’autres ? Ce caviar servi à l’aveugle – sa spéciale – pour Yanis Tafer à l’époque des joutes en Gambardella (à partir de 45 sec.)

Des capacités d’analyse qui l’ont aussi vite incité à aller voir ailleurs lorsque Rémi Garde laissa deviner qu’il serait bon pour de nouvelles piges en réserve. Direction Lorient, un choix qui sonne comme une évidence pour sa progression, lui qui dit se régaler des séances d’entrainement signées Gourcuff, auquel il n’est pas le seul à vouloir prouver qu’il a le niveau pour faire son trou dans l’élite. Une chose dont ne doute pas Robert Valette, qui regrette de l’avoir vu faire ses bagages pour la Bretagne : « S’il fait les bons choix de carrière et s’étoffe encore un peu physiquement, on verra qui est le vrai Enzo lorsqu’il atteindra les 23 ou 24 ans. J’ai vraiment bon espoir le concernant, il est à l’aube d’une belle carrière. Dommage que ça ne soit probablement pas chez nous. » A coup sûr, Enzo Réale voudra donner raison à son ancien mentor. Histoire de faire comprendre à tout Gerland que même si nul n’est prophète en son pays, c’est encore plus nul d’être passé à côté d’un jeune qui n’a rien à envier à un Gourcuff ou un Grenier.

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Par Arnaud Clément

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