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Enzo Millot : « Ça va être difficile de taper la balle avec les frères Lebrun aux JO »
Meneur de jeu indéboulonnable du VfB Stuttgart, Enzo Millot savoure pleinement son choix d’avoir quitté l’AS Monaco et la Ligue 1 à peine la majorité fêtée. Ses performances outre-Rhin lui ont permis d’intégrer l’équipe de France espoirs à quelques mois des Jeux olympiques. Entretien avec un as de la roulette.
En 2021, après trois petits matchs en pro à Monaco, pourquoi partir à Stuttgart ?
J’avais vraiment espoir de faire quelque chose dans mon club formateur. Là-bas, je m’y sentais très bien. J’ai connu trois entraîneurs, Leonardo Jardim, Robert Moreno et Niko Kovač, mais je ne jouais pas beaucoup. La philosophie de jeu prônée par Moreno, autour d’un tiki taka et des petits espaces, collait parfaitement à mon profil. Malheureusement, il est parti rapidement, et derrière, Kovač arrive, pour me faire jouer trois fois. C’est important d’avoir du temps de jeu quand on est jeune, alors j’ai pris la décision de partir à Stuttgart. Mes débuts se passent très bien, puis je me blesse au genou et à mon retour sur le terrain, je rechute, c’est compliqué. À cette période, il faut aussi s’acclimater à un nouvel environnement, et l’équipe tourne mal. Lors de la deuxième saison, les résultats ne s’améliorent pas, et plusieurs coachs se succèdent, il fallait prouver en permanence que j’avais ma place dans l’équipe.
Puis Sebastian Hoeness est arrivé.
Oui, en fin de saison dernière. Il a directement cru en moi, m’a tout de suite mis sur le terrain et c’est à partir de là que j’ai pu démontrer ce que je savais faire. Dans le sport, on a besoin de se sentir en confiance, surtout dans un sport collectif. L’entraîneur n’est pas le seul critère, car je pense que les bons résultats aident beaucoup : marquer et faire marquer donnent aussi beaucoup de confiance en soi.
Malgré tout, tu joues le maintien en Allemagne avec un club qui ne parle pas à grand monde en France. As-tu eu peur de passer sous les radars ?
Honnêtement, non ! C’est sûr que Stuttgart est un club moins prestigieux que l’AS Monaco, mais je sais de quoi je suis capable sur un terrain. Je me dis toujours qu’après la pluie vient le beau temps. Surtout, je ne voulais pas griller les étapes. Après ma blessure, il fallait prendre le temps de bien se soigner pour éviter d’avoir mal au ligament tous les trois mois. Comme j’avais du temps, j’en ai profité pour apprendre la langue, connaître le pays, afin de m’adapter plus rapidement à cette nouvelle culture. Ce n’est pas forcément une langue que j’avais envie d’apprendre, mais je devais comprendre ce qu’on me disait, surtout les mots du coach, c’était une nécessité plus qu’autre chose. Et je pense que ça m’a bien servi depuis, notamment pour établir une bonne connexion avec Sebastian Hoeness.
Justement, comment expliquer que vous soyez troisièmes de Bundesliga cette saison ?
On a toujours eu un effectif avec beaucoup de qualités. Depuis mon arrivée, j’ai été surpris par le niveau et l’intensité de ce groupe. Au vu des talents présents dans notre effectif, je n’ai jamais vraiment compris comment cette équipe se retrouvait à lutter pour son maintien en se sauvant grâce aux barrages, c’était incompréhensible… Cette année, si l’on performe autant, le coach y est pour beaucoup. On a un plan structuré avec et sans ballon, il nous donne beaucoup de confiance et compte sur la folie du jeune effectif à sa disposition. Devant, je m’éclate avec Sehrou Guirassy et Deniz Undav. C’est une chance d’avoir deux attaquants qui marquent énormément de buts. Quand l’un ne marque pas, c’est l’autre, et inversement, ça aide forcément dans une équipe.
À titre individuel, comment tu juges ta saison ?
J’ai quitté l’AS Monaco pour gagner du temps de jeu, on peut dire que le pari est réussi aujourd’hui. Je suis à cinq buts et sept passes décisives, c’est plutôt bien. (Il a marqué un but supplémentaire contre Hoffenheim depuis l’entretien.) Je m’attarde pas mal sur les statistiques pour pouvoir me juger sous différents angles et ce que je préfère : faire l’avant-dernière passe et savoir que j’ai aidé à la création d’espace. J’aimerais faire encore plus, mais je me fixe en premier sur les résultats de l’équipe. Je me considère plus comme un leader technique qu’une personne qui va donner de la voix. Je tente de développer ce côté-là, car c’est important, mais je préfère avoir ce rôle de leader sur le terrain.
Tu donnes l’impression d’être une personne extrêmement méthodique.
J’aime qu’il y ait de l’organisation autour de moi. Même dans la vie de tous les jours, je pense qu’on ne peut pas tout faire sur un coup de tête, il faut que ça soit réfléchi. J’ai besoin de savoir ce qu’on fait aujourd’hui et demain, sans pour autant tout planifier sur trois mois à l’avance. Sur le terrain, ça se ressent quand je parle des statistiques, mais je pense qu’on est tous obligé de se concentrer là-dessus maintenant. Il y a aussi mon côté compétiteur qui ressort, en raison du rôle de joueur offensif que j’ai. Je veux marquer et réussir à faire marquer.
Tu as aussi deux enfants, à seulement 21 ans. Cette maturité se transmet-elle aussi sur le terrain ?
Concrètement, j’ai toujours été sur cet aspect : être une personne bien structurée dans sa vie privée et dans son métier. Ça aide à avoir de bonnes performances sur le terrain. J’ai eu la chance de rencontrer ma femme assez jeune, puis on s’est marié et on a eu nos enfants. Pour moi, c’est le cycle de la vie. Après, j’ai eu la chance de faire du football mon métier, donc j’ai pu me consacrer à la construction de ma famille. L’aspect primordial, c’est d’être bien structuré dans sa vie privée, pour l’être sur le terrain.
Tu peux quand même avouer ton penchant pour les jeux de hasard…
(Rires.) C’est vrai, j’apprécie surtout le poker. Entre amis, c’est un moment de bonne rigolade. En revanche, il y a pas mal de bluff, quand on connaît vraiment bien toute la table, on peut se créer un personnage, et c’est loin d’être du hasard. J’aime aussi la roulette, mais là c’est basé sur la chance et l’aléatoire, donc j’y joue un peu en sachant que ce n’est pas une valeur sûre. Ce n’est pas quelque chose de structuré, donc c’est pour se faire un petit frisson avec des potes.
Tu as pu rencontrer Thierry Henry avec l’équipe de France Espoirs, qui a aussi la réputation de ne rien laisser au hasard, qu’est-ce que tu ressens à ses côtés ?
C’est une chance d’être entraîné par Thierry Henry au vu de sa carrière exceptionnelle. C’est une légende ! Je prends évidemment tous ses conseils. Avant, j’étais encore plus haut sur le terrain, donc ça me parle. Mais même aujourd’hui, je reste dans le secteur offensif où je dois marquer, donc quand il te parle de finition, d’appels de balle, de dribble, de jeu dos au but, je prends tout. Ça me rappelle Cesc Fàbregas à Monaco. Il était en fin de carrière et donnait de son temps aux plus jeunes pour partager ses conseils, son expérience. Il échangeait beaucoup avec nous, je suis toujours en contact avec lui, c’est un vrai passionné de foot et il a un grand cœur.
Ta convocation avec les Bleuets a mis du temps à arriver, tu n’as jamais perdu espoir ?
À vrai dire, non pas du tout, même s’il faut reconnaître que ça a pris du retard et que je suis arrivé au dernier moment. Je ne pense pas que le fait d’être à Stuttgart m’a fermé des portes, regardez Benjamin Pavard. Je me suis vraiment concentré sur moi-même et sur le club. Maintenant que j’ai la chance de pouvoir enchaîner les matchs et montrer mes qualités, avec des résultats à la clé, je me dis que tout est possible. Si on travaille dur, il n’y a pas de raison pour que ça ne paye pas.
Le prochain objectif est donc de participer aux Jeux olympiques ?
J’ai évidemment les JO en ligne de mire, ce serait magnifique de les jouer en France. Bon, j’aime beaucoup le tennis de table, mais je pense que ça va être difficile de taper la balle avec les frères Lebrun, c’est vraiment pas du tout le même niveau. (Rires.) Si on ramène la médaille d’or, j’ai déjà prévu de mettre une petite perruque pour la photo. Parce que je me suis coupé les cheveux, et ma nouvelle coupe fait trop mature et sérieux par rapport à mon ancienne touffe.
@so_foot Le sélectionneur de l’équipe de France olympique Thierry Henry était présent au tirage au sort du tournoi de foot des JO, à Paris, alors on lui a demandé si Karim Benzema ferait partie de son équipe 👀 #footballtiktok #sportstiktok #sofoot #jo #jo2024paris #jo2024 #henry #equipedefrance #benzema #foryou #pourtoi #arsenal #paris #mbappe #deschamps #realmadrid #alittihad
Propos recueillis par Jean-Baptiste Chanet et Enzo Leanni