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Lartiste : « Wilfried Mbappé, c’est un chanteur d’opéra »
Après ses hits Chocolat ou Mafiosa, Youssef Akdim dit Lartiste revient sur le devant de la scène avec la premier volet de Soledad. Loin de cette "solitude", le rappeur franco-marocain de 39 ans se rappelle plutôt les moments de communion apportés par le foot. Et cette histoire a notamment pour cadre Bondy et comme figurants la famille Mbappé.

On t’appelle Lartiste sur scène. Est-ce que, quand tu es sur un terrain de foot, tu te considères aussi comme un artiste ?
Oui, j’ai ma propre vision du foot. Mon foot de cœur, c’est celui des artistes, de ceux qui jouent avec le ballon, des footballeurs qui sont à la fois sportifs et acrobates. Quand tu es petit, tu es obligé d’apprécier ces acrobaties, qu’on appelle plus tard « les gestes techniques ». Les belles frappes ou les qualités physiques, ça vient plus tard. La tactique, quand tu rentres dans un centre de formation et que les choses deviennent plus sérieuses. Moi, je me suis arrêté avant, alors je suis resté sur cette image du footballeur technique.
Être un artiste, ça s’apprend ?
Je crois que c’est inné. C’est très compliqué à travailler, même si les pros doivent finir par le faire, sinon il y a le risque de devenir un freestyler.
Quelle est ton histoire personnelle par rapport au foot ?
Déjà, c’est le premier sport que j’ai pratiqué. La chance du foot, c’est que c’est un sport qui est praticable par tout le monde, par toutes les classes sociales, partout dans le monde et sur n’importe quelle surface. La vraie surface, c’est l’herbe, mais tu peux jouer sur du béton, tu peux jouer sur des pierres. Comme pour la grande majorité des gamins du monde, j’ai commencé à jouer en bas de la maison, au Maroc. (Il a grandi à Nfifa près de Marrakech, NDLR.) Ensuite, c’était à Bondy, dans le 93, où je suis arrivé à 7 ans.
Ces footballeurs, ce sont des superstars, des super-héros à qui on a envie de ressembler. Ce sont des personnages DBZ. R9, c’est Gogeta, tu vois, la fusion.
Il y a un frère, un cousin, un parent qui te pousse vers le ballon ?
Non, les potes. À cette époque, il y avait deux discussions principales : le football et Dragon Ball Z. La cour de récré, c’était ça. Le mercredi, on se faisait le débrief de Dragon Ball Z et le lundi, après le week-end, on se faisait le débrief de ce qui s’appelait la Première Division. C’était vraiment ça notre pop culture, ce qui nous faisait vibrer. On n’avait pas Internet, du coup, on était vraiment sollicités que par les dessins animés du Club Dorothée et Téléfoot.
Le premier tournoi qui a marqué ta génération, c’est la Coupe du monde 1994. Qu’est-ce que tu découvres là ?
Je crois qu’à un moment, il y a des papas qui disent à leurs enfants : « Il y a une compétition, il faut qu’on la regarde. » Et pour moi, c’était donc ce Mondial aux États-Unis. C’est là que tu vois ce que tu tentes en bas de ta rue traduit à l’écran. J’avais mes idoles : Bebeto et Romário pour le Brésil, Baggio pour l’Italie. Et quand ils se sont retrouvés en finale, je m’en foutais : j’étais déjà gagnant à la fin. Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre que ces footballeurs, ce sont des superstars. Mieux, des super-héros à qui on a envie de ressembler. Ce sont des personnages DBZ. R9, c’est Gogeta, tu vois, la fusion.
Pour un petit Marocain qui débarque en région parisienne, c’est donc le foot qui permet de se faire une place ?
Je pense que ça aide à s’intégrer socialement, à se connecter aux autres. On l’a tous connu, ce gamin isolé en classe qui est là, avec son cartable, tout timide ; un jour, tu vas le voir au club, et il va s’exprimer. Le foot, c’est un révélateur de personnalité. L’un des premiers conseils que j’ai donnés à mon fils, c’est : si tu aimes le foot, joue avec tout le monde. C’est ce qui va te permettre d’avoir tes premiers vrais copains. Ça, tu le ressens avec la première passe. Dès que le gars fait la première passe, tu te dis, lui je l’aime bien, il m’aime bien. S’il me fait la passe, c’est qu’il a confiance en moi. Et tu vois, ça installe plein de choses.
Toi, le club qui t’a ouvert ses portes, c’est l’AS Bondy, avec Wilfried Mbappé…
Oui, mais ça a failli ne jamais se faire. Je n’avais pas fait les détections, les autres gamins avaient déjà tous rempli leur dossier d’inscription et il n’y avait plus de place dans l’effectif. Il y a des règles et, pour avoir été éducateur à un moment, je sais qu’il y a un nombre d’enfants par encadrant à respecter. Pour le coup, j’étais venu après la fête. Ils avaient tout remballé, mais il y avait Wilfried dans son petit bureau. Je rentre avec mon père, qui lui demande de faire quelque chose pour moi. Et Wilfried dit : « Il n’y a plus de licence là, c’est mort. Mais pour ne pas qu’il traîne dans la rue, je vais le garder avec moi. Il va faire les entraînements et s’il y a des tournois, on fera signer une dérogation des parents pour qu’il puisse venir avec nous. » En fait, il m’a juste donné espoir. Sa phrase – « je ne veux pas qu’il reste dans la rue, donc je vais le prendre avec moi » – avait beaucoup de sens.

La rue ou le club : il n’y a pas d’alternative ?
Dans la ville de Bondy dans les années 1990, pas vraiment. La ville est coupée en deux avec d’un côté un quartier populaire et de l’autre un quartier un peu plus résidentiel. Tu vois, c’est ce type de ville, dans sa construction et son architecture, qui a fait beaucoup de mal à ce pays, finalement. Ça n’aide pas forcément à se développer ou à s’épanouir socialement en tant qu’être humain, ni à créer un pays homogène. Et cette division, tu la sens même dans tes activités du quotidien. Tu es en bas de ton immeuble, tu n’as rien à foutre. Ça, c’est la réalité de millions de gamins depuis des décennies.
En fait, Wilfried Mbappé m’a juste donné espoir. Sa phrase – “je ne veux pas qu’il reste dans la rue, donc je vais le prendre avec moi” – avait beaucoup de sens.
C’est quel type de coach, Wilfried Mbappé ?
Déjà, c’est un coffre. Pour moi, c’est un Pavarotti, un chanteur d’opéra. Quand il crie, tu peux être à l’autre bout du terrain, tu trembles. Tu vois, c’est un beau monsieur camerounais avec un bon dos bien costaud. Il en impose physiquement. Nous, on avait peut-être aussi besoin de ça, d’une figure un peu autoritaire, parce qu’on était vite amenés à faire des bêtises, à être déconcentrés. Donc, c’était un bon éducateur et un bon coach.
Tu n’es resté que deux ans à l’ASB. Pourquoi avoir arrêté aussi vite ?
À cause d’un adulte. C’était un papa d’un des joueurs de l’équipe qui avait une entreprise de distribution de café. Je crois qu’il finançait bien le club. Il y en a dans chaque club, des comme ça. Si son gosse est goal, même s’il n’est pas très fort et qu’il fait des erreurs, ce n’est pas grave, on lui pardonne plus facilement parce que son père a un rôle dans le club. Moi, j’étais dans le groupe des turbulents. Un jour, on est partis faire un tournoi à Montpellier. On dormait chez des familles. Je me suis retrouvé dans une famille de poissonniers, avec les enfants qui vont se coucher à une certaine heure, tu vois le truc. C’était génial, parce que ça me changeait de mon 93. C’est comme dans plein de sketchs d’humoristes issus de banlieue, avec ce contraste culturel entre la cité et la France « normale », on va dire. Le tournoi, je kiffe. C’était dans un cadre magnifique, il y avait plein d’enfants, des ballons partout. On jouait. On avait envie d’aller le plus loin possible. Pendant un match, un joueur adverse m’écrase la pointe du pied avec son talon et ses crampons. Ça fait très mal, mais personne ne le voit. Le gars avait déjà un petit vice à la Thiago Motta. Du coup, je le pousse, mais moi, je me suis fait cramer par l’arbitre, qui me sort le rouge. En vrai, je suis dégoûté, mais j’accepte. Le truc qui me dérange, c’est que ce papa-là qui était avec les dirigeants, il rentre sur le terrain et me crie : « Tu ne vas plus jamais jouer avec nous. » Il me le dit devant les adversaires et mes coéquipiers. Tu ne dis pas ça à un gamin de 13 ans ! Ça m’a choqué. J’ai senti comme une sorte d’injustice. Après ça, je ne suis plus jamais allé à l’entraînement.
Il n’y a personne au club qui a tenté de recoller les morceaux ?
Non, pas vraiment. À ce moment-là, j’étais dans un vide. C’est là qu’est venu un grand du quartier. Lui aussi était éducateur, mais plus en mode maison de quartier. Il m’a dit qu’il y avait des ateliers d’écriture, qu’on pouvait faire du rap, DJ Abdel qui venait pour nous apprendre à scratcher et tout ça. Je n’avais rien d’autre à faire, donc j’y suis allé sans penser que j’allais tomber amoureux comme le foot.
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Ça vient combler l’espace laissé par le foot…
(Il coupe.) Non même pas. J’étais loin de la musique, moi. C’est tombé comme un cadeau du ciel, en fait. Je m’en souviens comme si c’était hier : je rappe mon premier couplet devant les grands du quartier. Et tu vois le « hey, c’est bien » ? Ça y est, c’était parti. Je cherchais juste un peu de reconnaissance. Tu commences à avoir une identité dans le quartier, à être quelqu’un. Dans ces grands ensembles, être quelqu’un, ce n’est pas facile.
J’ai vu des gars qui sont passés de Milan à la deuxième division israélienne, à la troisième division espagnole, à revenir au quartier. C’est pire que de ne pas avoir réussi.
Faut-il encore être repéré par les bonnes personnes…
C’est sûr ! Nous, quand on voit un mec du quartier vraiment bon, on se dit qu’il n’a rien à faire avec nous. Déjà parce qu’il nous tabasse tous ; et pour lui, c’est comme être dans des chaussures trop petites. Mais trop souvent, ils se font détecter par des personnes intéressées. Les agents chez nous, il y en a une minorité qui font bien leur métier, mais la plupart sont ultra toxiques. Vraiment, il y a ce truc de réussir à faire rentrer de l’oseille tout de suite. Une carrière peut vite vriller à cause d’un agent véreux. J’ai vu des gars qui sont passés de Milan à la deuxième division israélienne, à la troisième division espagnole, à revenir au quartier. C’est pire que de ne pas avoir réussi.
Quand tu dis que ces mecs au-dessus du lot n’ont « rien à faire avec nous », ça veut dire que pour réussir, il faut absolument quitter son quartier ? On ne peut pas réussir à Bondy ?
Il faut partir ! C’est même indécent de rester. Ce serait comme se balader avec une liasse de billets dans un bidonville. Déjà que dans cette ville, il y a très peu d’interactions entre les classes moyennes et les classes pauvres, comment veux-tu qu’un mec multimillionnaire ait une interaction avec son ancien quartier ? C’est complexe. Il n’y a pas que des gens qui t’aiment. Il y a même une schizophrénie où ils peuvent t’aimer, être fans de ce que tu fais et venir cambrioler chez toi.
On a vu ça récemment avec les histoires de Paul Pogba ou N’Golo Kanté. Que ce soit dans la musique ou dans le football, pourquoi est-il aussi difficile de gérer cet entourage ?
Parce qu’on revient toujours à cette réalité sociale dans un milieu où il y a beaucoup de délinquance, beaucoup de violence, peu d’opportunités et peu d’argent. Je n’incrimine personne, mais c’est une réalité. Imagine, tu pars sur cette ligne de départ avec tes potes. Vous êtes tous dans la même situation. Et d’un coup, il y en a un qui se détache. OK, il va emmener ses potes avec lui, mais c’est lui qui s’est détaché. Toi, tu veux les aider, ils vont prendre un peu d’argent, mais combien de temps ça va durer comme ça ? Comme on dit : la main qui donne se fatigue, mais celle qui prend, jamais. Il suffit qu’un jour, tu t’embrouilles sur un sujet pété, cet argent qui est entre vous, on en fait quoi ? Il y a toujours ce syndrome de l’imposteur, où tu te demandes si tu mérites cet argent. Ça, ça te met dans un sale mood.

Est-ce que la réussite de Kylian Mbappé au-delà des considérations sportives, ce n’est pas d’avoir réussi tout en gardant un entourage sain ?
Oui, c’est carré. Il y a un travail fou de la part des parents. Si bien qu’on essaye médiatiquement de casser ce truc. La seule fois où il s’est fait prendre, ce n’était pas pour des histoires de quartier, mais des histoires de paparazzi. (Il fait référence au séjour en Suède de Kylian Mbappé en octobre 2024, NDLR.) Alors qu’il ne s’est rien passé. À la fin, c’est con parce que la justice a beau dire que le garçon n’a rien fait, il y a toujours une petite tache qui reste. Je connais un peu la personne, je connais un peu la personnalité, je connais un peu l’environnement familial : il y a peu de raisons que Kylian se trouve dans ces histoires de merde. C’est un garçon vraiment gentil, timide, intelligent, sensible. Kylian, on ne le voyait pas autant que les autres gamins. Il y a une cellule familiale qui s’est mise autour de lui. Pas parce que c’était un « projet Mbappé », mais parce que si tu veux faire du foot, il faut que tu sois très grand à l’école. Regarde, quand Monaco remporte le titre, il était en train de réviser pendant que ses potes faisaient la fête. La machine Kylian, c’est Wilfried, c’est Fayza, c’est sa famille, c’est le groupe qu’ils ont réussi à créer.
Ton gamin, c’est une page blanche. Accompagne-le, oui, mais ne commence pas à mettre tes gribouillages et les ratures de ta vie sur sa page blanche à lui.
Tu parlais du projet Mbappé. Si ton fils te dit qu’il veut devenir footballeur professionnel, comment vas-tu appréhender la chose ?
C’est ce qui s’est passé l’an dernier. Il m’a dit : « J’ai envie de jouer au foot et de rentrer dans un club. » OK, pas de problème. On était à Rabat, je l’ai inscrit à la Juventus Academy l’an dernier. Ma fille aussi a voulu aussi faire du foot. Je ne suis pas là à exiger d’eux de réussir. Je n’ai pas envie de frustrer mes enfants ou de détruire quelque chose à l’intérieur d’eux. J’ai fait ce rêve, j’aurais voulu l’exaucer, mais je ne vais pas leur transmettre mes frustrations ou mes complexes. L’impression de rater sa vie, c’est une des pires qu’on puisse ressentir, mais il ne faut pas essayer de se rattraper avec ses gamins. Ton gamin, c’est une page blanche. Accompagne-le, oui, mais ne commence pas à mettre tes gribouillages et les ratures de ta vie sur sa page blanche à lui.
Tu as eu des échanges, récemment, avec Kylian ?
Forcément, ils sont moins nombreux qu’avant. Je me souviens d’une fois (après le titre de champion du monde en 2018, NDLR), où il revient à Bondy pour faire un grand événement au stade Léo-Lagrange, une journée offerte aux enfants. Fianso et moi sommes invités pour chanter. Quand je le croise, je lui dis : « Bravo à toi, tu as rendu fier toute la ville. » Sa réponse montre toute l’humilité et la finesse du garçon : « Mais Youssef, tu as rendu la ville fière avant moi. » Il sait ce qu’il représente et ce que les autres représentent.

Dans n’importe quelle autre ville de France, en faisant des millions de streams comme tu le fais, tu serais la personnalité numéro 1. Là, vous êtes plusieurs à incarner cette ville de Bondy. Comment expliquer cette profusion ?
Au-delà de Kylian, il y a eu Jirès Kembo Ekoko, mon frérot Jonathan Ikoné, William Saliba. Il y a Audrey Tcheuméo qui a été médaillée olympique en judo (bronze à Londres, argent à Rio, NDLR). Mais aussi d’autres profils comme Mohamed Hamidi qui a été auteur pour Jamel Debbouze ou Les Guignols, sans oublier le Bondy Blog qui a tout pété à une époque. Moi, je trouve que ça raconte les belles heures du parti socialiste. Il y avait beaucoup de dispositifs pour accompagner les jeunes mis en place par la Ville. Le maire Gilbert Roger (élu de 1995 à 2011, NDLR), il bossait pour les quartiers. OK, on tirait la couverture vers nous pour avoir les budgets sur certains projets, et avant de voir émerger ces talents, il y a eu du talent chez les éducateurs et les acteurs sociaux. Mais ça montre qu’avec un peu de moyens, tu peux créer des vocations. Ce qui fait qu’il y a eu une émulation, comme un hub. Malheureusement, cette vision de la gauche a disparu depuis. Tout ce qui est socioculturel, ça a été sucré, les gamins sont livrés à eux-mêmes… On est reparti au point de départ.
En tant que supporter parisien, tu as été déçu de voir Kylian rejoindre le Real Madrid ?
Non, c’était essentiel et normal. Cette attitude du club, l’air de dire « Je paye donc tu restes là », ça ne marche pas avec tout le monde et surtout pas avec un talent fougueux comme Kylian. Je doute que les dirigeants de Manchester City auraient agi avec lui de la même manière. Comme dirait Mounir Moons, ils se sont trompés de rêve.
Les instances du foot peuvent casser notre jouet, on le réparera toujours, parce que le foot appartient au peuple, quoi qu’il en soit.
Tu n’as pas l’air en phase avec le projet des Qataris ?
Mon cœur est rouge et bleu, j’ai ça dans le sang, mais j’ai une certaine liberté pour parler de ça. J’ai fait un constat en comparant le PSG et Manchester City. Tu arrives comme ça du Qatar, avec tes pétrodollars et tes gazodollars et tu te mets tout de suite en scène en annonçant vouloir gagner la Ligue des champions… On est en Europe, dans des pays avec une culture judéo-chrétienne millénaire, c’est évident que cette agressivité ne plaise pas. Chose que n’ont pas faite les Émiratis à Manchester City. Ils sont venus, ils ont installé un board, ils se sont mis en retrait et ils ont accompagné un projet. Et aujourd’hui, ils ont cette Ligue des champions.
Est-ce que le foot te plaît toujours autant ?
Toujours. Certes, ceux qui dirigent les instances font un peu ce qu’ils veulent avec ce sport. Mais ce n’est pas pour ça que ça lui enlève son âme. Tous les quatre ans, tous les êtres humains regardent tous dans la même direction : la Coupe du monde. C’est ça, comme les autres grandes compétitions, qui nous fait rêver. Ils peuvent casser notre jouet, on le réparera toujours, parce que le foot appartient au peuple, quoi qu’il en soit.
Dernière question : tu vis aujourd’hui au Maroc. Tu dois forcément suivre le Botola, mais tu portes quelle équipe marocaine dans ton cœur ? Tu en as forcément une.
(Rires.) Je suis devenu le chouchou des familles marocaines en tant que musicien. Je ne vais jamais rentrer dans un débat comme ça. C’est tellement sensible en fait que si tu dis Raja ou Wydad, tu as toute une moitié de Casablanca qui te déteste. OK, tu as l’autre moitié qui t’aime, mais je préfère ne rien dire et que 80% de Casa m’aime. Allez, si : il y a des chants que j’aime bien au Raja. Les supporters ont des punchlines incroyables, ils clashent les autres… Parfois il y a des vulgarités, ça reste des ultras, mais on n’est pas dans les débats comme en France. Ce n’est pas pris au premier degré.
Propos recueillis par Hugo Geraldo et Mathieu Rollinger, à Paris
Photos : David Delaplace, Thomas Chatriot et Iconsport.