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Enfin, Joey, tu nous as fait marrer !

Swann Borsellino
4 minutes
Enfin, Joey, tu nous as fait marrer !

À coups de vidéos, de compilations, de témoignages, on nous a vendu un bad-boy, un type ingérable, qui vérolerait l'OM jusqu'aux racines. Quelques mois après son arrivée, Joey Barton, discret mais efficace sur le pré, s'est enfin fendu de son premier gros coup. Résultat : ni sang ni carton, juste une vanne sur le pif de Zlatan et une belle et franche marrade. The show must go on !

Ce n’est pas trop tôt. À vrai dire, on a même cru, à un moment, qu’on s’était foutu de nous. Qu’on nous avait refilé une version cheap de Barton, le modèle Joseph alors que celui que la France attendait, c’était Joey. Joey Badass. Le casseur de gueules, le fouteur de merde. Celui qui allait retourner la Ligue 1 comme une moissonneuse-batteuse avant de repartir en Angleterre en chiant sur la France, ce pays pourri. Au vrai, on a bien compris que l’Anglais ne mettra jamais la France à feu et à sang. Mais ce mercredi soir, il est devenu celui qu’il aurait dû être. Un mec drôle avec une grosse paire de couilles. Car ce qui est marrant, quand on se paye quelqu’un, c’est de s’attaquer à quelqu’un qui pèse, pas de se moquer d’un unijambiste roux. Hier, Barton aurait pu se faire la jambe de Beckham. Mais vu que Joey est Joey et que c’est très bien comme ça, il s’est payé le pif de Zlatan. Non, le British n’a taclé personne. Mais putain, qu’est-ce qu’on s’est marrés.

Le seul moment de fierté marseillais

Une goutte de fierté dans un océan de honte. Mercredi soir, les supporters de l’OM n’avaient qu’une raison d’être fiers d’être marseillais. À une heure où la comédie française est plus standby que stand-up, Joey Barton est venu nous rappeler que la nature même du rire et de l’humour réside dans cette denrée rare qu’est la spontanéité. Dans un football de plus en plus aseptisé, l’instinct se savoure comme un bon Whooper. Au sol, Joey ronchon, mécontent du traitement que lui a réservé Zlatan, aurait pu péter un plomb. Mais il s’est montré plus créatif. Au vrai, il a profité de la plus belle des scènes hexagonales pour rappeler à certains ce qu’est le football. Car si les embrouilles sont fréquentes sur le rectangle vert, l’Anglais a su innover et rebondir là où on ne l’attendait pas forcément : dans la vanne pure et dure. Rare, la blague est d’autant plus délicieuse qu’elle est mimée et filmée. L’instant devient magique et l’Anglais donne une dimension humaine à une rencontre qui ne l’est plus vraiment. En une seconde, Joey s’est fait le premier ambassadeur de cette magnifique doctrine sociale qu’est la « charriade » . Alors oui, il paraît que Joey en a choqué quelques-uns. Parce que lui, il a osé. Il a dégainé une vanne sur le physique. La plus facile, il paraît. Mais aussi la plus efficace dans ce seul sport plus populaire que le football car praticable partout : la vanne. Alors ouais, on ne sait pas. Ça se trouve, il mimait Pinocchio. Pourquoi pas, si Pinocchio avait un nez crochu. Peut-être bien qu’il parlait de Pierre-Alain Frau, aussi. Mais au fond, on ne veut pas savoir. Le fameux secret du magicien.

« The show must go on ! »

Pauvre Joey. Ce matin, la démagogie a parlé : il paraît que les seuls qui ont le droit de vanner, ce sont ceux qui sont irréprochables sur le terrain. C’est marrant, parce qu’en général, ce sont les moins drôles. Pascal Nouma vous le dira. Et puis bon, aux pisse-froid qui ont décidé de ne pas l’aimer au moment même où ses pieds ont touché le territoire français, l’Anglais répond sur le terrain. À Marseille, Barton n’a pas fait d’étincelles, mais il s’est bien fondu dans le moule. Quelques passes décisives, de l’intensité, une envie de gagner contagieuse et peu de loupés. Alors oui, ils sont nombreux à être meilleurs que Joey. Mais tellement rares à être plus drôles. Barton ne pourra jamais fermer la gueule de Hart en lui claquant une Panenka où faire taire Spike Lee en mettant des shoots impossibles. Mais au fond, c’est ce qu’on attend de lui. Se marrer. Car hier, on a rigolé comme on rigolerait à la vanne d’un pote. Quand il s’est relevé après avoir été mis au sol par un monstre, on a vu ce pote, le dimanche, à peine décuité de la veille, mettre une vanne à un adversaire sur un terrain synthétique un peu nul. Et ça, ça vaut bien un recoiffage, une nuit au Bristol et quelques groupies. D’ailleurs, le pote qui imite Barton, on l’aime beaucoup plus que celui qui prend la posture de Beckham avant de rater son corner. Nan ?

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Swann Borsellino

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