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Enes Sali, porteur d’espoirs de la Roumanie

Par Alexandre Lazar, en Roumanie
Enes Sali, porteur d’espoirs de la Roumanie

À 15 ans, 8 mois et 19 jours, Enes Sali s'apprête à casser un record ce jeudi face à l'Islande (20h45). Encore un. Celui détenu par Cristian Manea depuis 2014, du plus jeune débutant en sélection roumaine (16 ans et 10 mois), un peu plus de 90 jours après avoir vécu ses premiers pas en professionnel du côté du Farul Constanța. D'un côté, le choix du cœur, de l'autre une politique assumée par la Fédération, pour couper l'herbe sous le pied du Canada et de la Turquie. Car si Sali a les défauts de sa jeunesse, ses premiers coups d'éclat ont déjà fait grand bruit.

Une célébration au terme d’une course effrénée, qui prend fin dans les bras de son entraîneur, mentor et idole Gheorghe Hagi. Enes Sali a le sens du symbole. Le 13 septembre dernier, un mois après ses dix premières minutes en pro sur les bords de la mer Noire contre Sepsi, le voilà qui scotche les Roumains en marquant contre l’Academica Clinceni pour parfaire la manita de son Farul (5-0). Le minot né en février 2006 effaçait ainsi des tablettes le record de précocité du « héros de Bratislava » Ion Geolgău, plus jeune buteur du championnat roumain pendant 44 ans (plus précisément à 16 ans et 24 jours en mars 1977). Qui plus est, à 15 ans, 6 mois et 21 jours, la manière y était pour forcer les comparaisons et les superlatifs : un raid messiesque en hommage à son autre modèle, tout de toupet vêtu, pour faire d’honnêtes pères de famille des plots d’entraînement. Déjà surclassé avec les U17, Sali a été sélectionné contre toute attente par Mirel Rădoi pour la double manche décisive face à l’Islande et au Liechtenstein, qui doit sceller la participation des Tricolorii aux barrages pour le Mondial 2022, au terme d’un attendu six sur six.

Cœur tricolore de l’Ontario

Un choix qui peut paraître insensé de l’extérieur, compte tenu de la pression médiatico-populaire prête à s’abattre sur les épaules de Sali et aussi de l’importance des deux rencontres, mais qui relève avant tout d’une stratégie préventive de la Fédération (FRF), pas d’un pion jeté à la « advienne que pourra » pour la dernière liste de Rădoi. Né à Toronto, d’un père issu de la minorité turque de Roumanie et d’une mère turco-canadienne, Sali est – comme Jovan Markovic – un de ces gamins de sang-mêlé que la Roumanie ne peut plus se permettre de laisser filer. Un gamin dont les parents ont fini par quitter l’Ontario sur une promesse d’ami. « J’étais sceptique au premier abord. Les parents de ma femme vivent depuis 30 ans au Canada, moi je suis parti de Roumanie une fois qu’on s’est mariés, confie Engi Sali, le père. Un jour, un ami d’enfance à Constanța m’a dit que l’Académie de Gheorghe Hagi pourrait faire d’Enes le footballeur qu’il rêve d’être… Et voilà où nous en sommes. Ce n’est que le début, mais il a ce don d’être imprévisible balle au pied. »

Ma famille et moi sommes d’origine turque, oui. Mais nous ne sommes pas citoyens turcs. Et même si je suis aussi canadien, je veux jouer pour la Roumanie et gagner un trophée international avec elle.

Repéré par le Barça lors d’un tournoi de minots auquel ont participé ses Woodbridge Strikers de la banlieue de Toronto, Enes Sali débarque à La Masia à 11 piges. Sur le papier seulement. Car à cause de la bureaucratie, de documents jamais émis par la FIFA et de l’indifférence des Catalans, le fringant milieu offensif reste deux ans sans pouvoir s’entraîner, avant de dire stop et de partir sur une grosse claque. « Hagi nous a tendu la main en 2019, après l’épisode Barcelone. Choisir la Roumanie est aussi une façon de le remercier », abonde Sali père. Pour Enes aussi, dans un roumain parfait, cela ne fait aucun doute : « Ma famille et moi sommes d’origine turque, oui. Mais nous ne sommes pas citoyens turcs. Et même si je suis aussi canadien, je veux jouer pour la Roumanie et gagner un trophée international avec elle. » Mais le boss de la FRF, Răzvan Burleanu, le sait : Sali est unique. Il peut faire un flop royal comme devenir un phénomène de la trempe de Karim Adeyemi (dont la mère est roumaine). Alors mieux vaut prendre le risque de lui assurer ses trois capes avant ses 21 ans, d’autant que le Canada de John Herdman a déjà approché le paternel.

Dribbleur de caractère doté d’une conduite de balle version haute couture et d’un combo vitesse/percussion indispensable pour perdurer dans le football moderne, Enes Sali est un briseur de reins et un créateur de rêves. Qu’il mène le jeu ou explose sur une des deux ailes, le droitier de poche a tout pour incarner – un jour – la Roumanie flamboyante, sortie de sa lente désuétude. Cela passera par corriger ses défauts, comme son manque d’altruisme et sa propension à vouloir être le héros d’un match uniquement par le but ou l’exploit décisif. Mais n’est-il pas normal qu’un môme de 15 ans ait encore trop la tête dans le guidon et ne veuille pas lâcher sa balle ? Les yeux déjà rivés sur le Ballon d’or, la Ligue des champions ou le Mondial, il assume, avec une longueur d’avance sur par mal de ses aînés qui se contentent d’une place au chaud sur un banc de Serie B ou de Championship, vouloir viser la Lune pour retomber dans les étoiles. Face à l’Islande ce jeudi, qu’il ait droit à 30 secondes pour faire passer le temps ou à dix minutes pour aller chercher un résultat, Sali va lancer son ère : celle du tout pour le tout. Et pour que dans une douzaine d’années, sur sa future toquante, son heure ait fini par venir, il faudra tordre le cou à cette célèbre maxime au pays de Mihai Eminescu : « S-a născut talent, a murit speranță ! » ( « Il est né talent, il est mort espoir ! » , NDLR.)

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Par Alexandre Lazar, en Roumanie

Propos d'Enes Sali tirés de Farul TV, propos d'Engi Sali tirés de GSP.

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