- Portugal
- FC Porto
Encore une mauvaise cuvée de Porto
À l'issue d'une quatrième saison de suite sans remporter le moindre titre, le FC Porto a une nouvelle fois décidé de se séparer de son entraîneur, Nuno Espírito Santo. Un choix peu étonnant, mais qui obligera le club à repartir de zéro la saison prochaine. Encore.
Fin mai 2016. La ville de Porto est bien triste. Éder et ses copains n’ont pas encore ramené l’Euro au pays. Les touristes n’ont pas encore envahi la Rua de Santa Catarina. Le temps ne permet pas encore aux jeunes enfants de la ville de sauter du pont Dom-Luís pour se jeter dans le Douro. Mais, surtout, le FC Porto va mal. Très mal. Troisièmes du dernier exercice, à quinze longueurs du leader, le Benfica Lisbonne, les Dragões n’ont plus remporté de titre depuis le 10 août 2013 et la victoire en Supercoupe du Portugal face au Vitória Guimarães (3-0). Une éternité pour un club qui dominait alors outrageusement le championnat entre 2003 et 2013, décennie durant laquelle Porto remporta neuf des onze éditions.
Nuno, des paroles, mais pas d’actes
Après trois saisons blanches, les supporters du FC Porto retrouvent alors le sourire en ce 1er juin 2016. La raison ? L’arrivée sur le banc de Nuno Espírito Santo. Malgré son échec à Valence et son étiquette de « meilleur ami de Jorge Mendes » , l’entraîneur portugais apporte de l’enthousiasme aux Portistas. Premièrement, parce que Nuno est un ancien de la maison – il y a terminé sa carrière de gardien entre 2007 et 2010 – et appuie dessus lors de son discours de présentation : « C’est ma maison ici. Retourner à la maison pour gagner est mon destin. » Deuxièmement, Nuno débarque à Porto avec un discours de gagnant : « Être Porto, c’est bien plus que des paroles, c’est un sentiment. Être Porto, c’est gagner. Et je garantis à la nation portista une équipe de qualité qui fera tout pour gagner. Ceci est bien plus qu’une promesse, c’est une garantie. »
Satisfaits par les paroles de Nuno, les supporters attendent alors les actes. Qui ne viendront jamais. Une élimination en seizièmes de finale de Coupe du Portugal aux tirs au but face à Chaves, une dernière place en phase de poules de Coupe de la Ligue derrière Moreirense, Belenenses et Feirense, puis une seconde place en championnat derrière l’ennemi du Benfica à la suite d’un sprint final très mal négocié. Difficile donc pour les supporters de se réjouir de ce tableau morose, malgré l’élimination de l’AS Roma en barrage de Ligue des champions, suivi de la qualification en huitièmes de C1 où Porto n’a logiquement pas fait le poids face à la Juventus.
Et la stabilité dans tout ça ?
Face à ce constat d’échec, le président du FC Porto, Pinto da Costa, prend alors la même décision qu’en mars 2014 avec Paulo Fonseca, en janvier 2016 avec Julen Lopetegui ou encore en mai 2016 avec José Peseiro : il dégage Nuno Espirito Santo. Alors oui, l’ancien coach de Valence n’a pas tenu ses promesses de début de saison en ne ramenant pas de trophées aux Dragões. Oui, Nuno a eu quelques soucis avec certains joueurs comme Yacine Brahimi qu’il a laissé au frigo jusqu’à la fin du mercato estival. Malgré tout, au classement, le FC Porto n’échoue qu’à six points de Benfica, avec seulement deux défaites – dont une anecdotique lors de la dernière journée – la deuxième meilleure attaque de Liga NOS (71 buts contre 72 pour Benfica) et la deuxième meilleure défense (19 buts encaissés contre 18 pour Benfica).
Dominé par le SLB en championnat, Porto devrait alors s’inspirer des Lisboètes qui n’ont connu depuis 2009 que deux entraîneurs – Jorge Jesus et Rui Vitória – contre sept pour le FCP. Idem concernant les transferts. Reconnu pour être expert en recrutement, Porto peine dans ce domaine ces dernières années. Preuve en est, une nouvelle fois, lors du dernier mercato estival où Laurent Depoitre et Willy Boly ont débarqué pour finalement disputer dix rencontres à eux deux en championnat. Dans le même temps, Benfica ne fait que très peu d’erreurs de recrutement et déniche de jeunes prodiges (Nélson Semedo, Victor Lindelöf, Álex Grimaldo…) que le club revendra pour des sommes astronomiques très prochainement. Soit la stratégie anciennement employée par le FC Porto. L’équation est simple : renouer avec la tradition pour retrouver les sommets. Et les trophées.
Par Steven Oliveira