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Encore une belle semaine pour rien pour les clubs français en Coupe d’Europe
La médiocrité des clubs français a encore respecté le cycle des saisons, avec son hécatombe habituelle bien située entre automne et hiver. C’est fini pour Marseille, Rennes et Nice. Lille et Paris essaieront en mode macronien de « penser printemps »...
Le PSG en 9 + 2
Finalement, c’est mieux ainsi. Quatre défaites et une victoire en trompe-l’œil. Voilà qui témoigne le mieux de l’état alarmant du football français de clubs. Rien de bien nouveau par rapport aux décevantes campagnes européennes précédentes, hormis ce Final 8 estival un peu spécial avec un OL dans le dernier carré et un PSG en finale ? Oui, mais… Ce nouveau fiasco hexagonal en C1 et en C3 intervient dans un contexte périlleux. Dans une conjoncture inédite qui tient à la fermeture prolongée des stades pour cause de crise sanitaire et surtout au désastre Mediapro qui met en danger les finances des clubs. Les deux seuls qualifiés, Paris et Lille, peuvent toujours briller en 2021 et atténuer l’inquiétude manifestée à l’égard de nos clubs. Mais aujourd’hui, le constat général « d’avoir touché le fond » est imparable. Un tweet féroce de Vincent Duluc incriminait justement Rennes et Marseille, non pas seulement pour leur élimination de la C1, mais pour leur piteuse dernière place de groupe. L’OM séché à Manchester par City (3-0) et Rennes puni à domicile par Séville (1-3) ont fini respectivement derrière l’Olympiakos et Krasnodar, deux clubs qui n’avaient peut-être de supérieur qu’une plus grande présence en coupes d’Europe ces dernières années. C’est peu…
Nice, de son côté, a terminé dernier de son groupe de C3 derrière la très modeste formation israélienne de Beer Sheva, son vainqueur improbable jeudi soir (1-0). Les trois recalés cumulent ensemble quinze défaites qui s’inscrivent dans une logique sportive accablante : pas le niveau et pas d’excuse. Un Lille émoussé a achevé son parcours en queue de poisson en allant perdre à Glasgow face au Celtic (3-2), laissant ainsi sa première place de groupe au Milan. Cette victoire pour du beurre de Bhoys vraiment pas géniaux a paradoxalement mis en évidence tout le minimum professionnel qui a terriblement manqué aux clubs français, hormis le LOSC : cohésion tactique, solidarité, sens de l’honneur… Car même le PSG ne coche pas pleinement ces trois cases, sauf à Old Trafford, et seulement par intermittence. Pour le « replay » face à Başakşehir, ponctué d’un 5-1 trop facile, le 3-5-2 de Tuchel (même si pas inintéressant) disait beaucoup de la philosophie de jeu parisienne lapidaire du moment : neuf soutiens (dont Navas) placés derrière deux freestylers, Mbappé et Neymar. On verra bien si ce schéma qui zappe Kean et Di María, mais qui gagne à MU (dernière demi-heure) et face aux Turcs (au Parc) sera durable et de nature à faire plier les machines de guerre que sont Liverpool, le Bayern ou un Real requinqué…
OM, le pacte trahi
L’UEFA avait très arbitrairement permis aux quatre « grandes nations de foot » (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie) de pouvoir aligner quatre clubs en Ligue des champions. Décision plus que contestable au vu des éliminations cette semaine de deux « grands clubs de foot » que sont Manchester United et l’Inter. Mais une contestation plus crédible se manifeste d’abord sur le terrain. Or, en C1, les clubs français, russes (trois représentants), ukrainiens (deux) et néerlandais (un, l’Ajax) ont failli. Consolidant de fait la prééminence de ce « quatre fois quatre » continental qui nous mène de plus en plus vers la Super Ligue européenne. Car, outre l’importance d’un bon indice UEFA des clubs français (toujours bloqués au 5e rang), ce sont aussi les résultats sportifs qui permettent de peser dans les instances décisionnaires qui régissent le foot continental. Or, les bilans lamentables réguliers de nos clubs affaiblissent leurs intérêts. Et là, on ne peut que déplorer l’absence de l’OL en Europe. Tant du point de vue sportif, avec ses parcours généralement honorables, que du point de vue institutionnel, avec Jean-Michel Aulas comme meilleur défenseur des intérêts français.
À mi-parcours d’une édition pour l’instant médiocre pour nos clubs, on peut aussi déplorer le fiasco absolu de l’OM, emblématique des illusions sabordées, ici comme ailleurs en Ligue 1. C’est la perspective de participation en C1 qui avait cimenté au printemps dernier le pacte olympien entre André Villas-Boas et son effectif pour la saison 2020-2021 à venir. Que dalle ! La mystique de l’Europe, réelle et si chère à l’Ohème, a été bazardée avec la non-qualification en Ligue Europa. Une compète qui sied si bien au club phocéen, trois fois finaliste (1999, 2004, 2018). Mais finalement, il aura manqué plus qu’un but supplémentaire pour doubler l’Olympiakos : l’envie et le sens de l’honneur. Et puis, de toute façon, la C3, AVB n’en voulait pas. Et pas parce qu’il l’avait déjà gagnée avec Porto en 2011… Privé de cet ADN européen que possède l’OM, le LOSC va représenter la France dans une C3 qu’elle n’a jamais gagnée. Avec un tirage lundi qui s’annonce très délicat (Lille a fini second), les Dogues disposent pourtant d’atouts qui pourraient les mener loin. Reste que le tableau actuel renforcé des reversés de la C1 les condamne à l’épopée. Une peine que leur envient aujourd’hui Rennais, Marseillais, Niçois et Lyonnais…
Par Chérif Ghemmour