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Encore plus décisif pour André Ayew
Auteur d'une très bonne CAN, André Ayew, régulièrement présenté comme un joueur sous-coté, sait qu'il n'est à plus grand-chose de basculer dans une autre catégorie.
Lucas Ocampos a beau avoir marqué pour son premier match avec l’OM, les supporters marseillais guetteront avec impatience le retour d’André Ayew dans l’effectif. Un sacré paradoxe puisque le milieu de terrain formé au club ne faisait pas partie des joueurs les plus vénérés lorsque l’équipe phocéenne enchaînait les succès en Ligue 1 à l’automne. Mais alors que les éléments offensifs se font de plus en plus discrets avec le maillot blanc, André postule, avec ses trois buts et ses deux passes décisives, au titre de meilleur joueur de la CAN 2015. Si Ayew se souvient des visages qu’il a croisés lors de son arrivée au centre d’entraînement, juste après le dernier jour du mercato de l’été dernier, il notera non sans amusement les changements la semaine prochaine. En même temps, ce n’est pas vraiment une nouveauté pour lui. Les impulsions de sa carrière, André Ayew se les est toujours données grâce aux Black Stars.
« Un entraînement entre les voitures »
À ses débuts à l’OM, il est considéré comme un attaquant, et profite du contingent de déceptions (Moussilou, Arrache, Akalé) pour grapiller des minutes aux côtés de Niang ou Cissé. Il part en prêt un an à Lorient derrière et ce n’est pas vraiment une réussite. La saison suivante, Didier Deschamps est nommé entraîneur. Ayew se dit que c’est une chance, c’est quand même un pote de son père. Mais DD veut que Dédé s’endurcisse. Il ne le calcule pas dans les stages de pré-saison, ne le prend même pas dans son groupe. « C’est tout juste s’il ne devait pas s’entraîner sur le parking, entre deux voitures » soupire un dirigeant du club. Le dernier jour du mercato, il signe à Arles-Avignon, tout juste promu en Ligue 2, mais part presque dans la foulée au Mondial des U20 en Égypte. Il en revient avec le titre mondial, glané contre le Brésil. Gonflé à bloc, il demande à jouer à son vrai poste, milieu relayeur. À la fin de la saison, Arles-Avignon monte en Ligue 1.
La bonne affaire qui n’en est pas une
Mais l’OM ne lui a toujours trop rien proposé. Dommage, parce qu’il s’illustre au Mondial 2010. De bons matchs en poule contre l’Allemagne ou l’Australie, mais surtout une partie de feu contre les États-Unis en huitièmes où il est partout. Suspendu pour les quarts, il assiste des tribunes à la qualification aux pénos de l’Uruguay. Tous les observateurs sont d’accord pour dire qu’avec lui, le Ghana aurait été la première nation africaine dans le dernier carré. La reconnaissance est tout autre, et le joueur va savoir l’exploiter. De retour à Marseille, il fait valoir des offres de Bundesliga pour renégocier son contrat alors que le club doit également gérer les états d’âme de Mamadou Niang et Ben Arfa. « On lui a multiplié son salaire par cinq et c’est pourtant notre meilleure affaire de ce mercato » plaisante un autre dirigeant sur le moment. Oui mais… Le conseiller du joueur a pris soin d’intégrer une clause de départ dans le contrat d’une douzaine de millions d’euros. Et la saison suivante, lorsque le joueur se met à flamber contre Dortmund et l’Inter Milan en Ligue des champions, Vincent Labrune a peur de la voir tomber. Alors il renégocie le contrat du joueur, lui offrant un des meilleurs salaires de l’effectif.
La dernière chance de décoller vers la Premier League ?
Un contrat en or que l’OM ne lui renouvellera pas. Ayew le sait. Dans son plan, il devait de toute façon ne pas avoir à aller au bout. Malgré l’élimination au premier tour du Ghana à la Coupe du monde 2014, André Ayew a tiré son épingle du jeu avec deux buts dans le groupe de la mort. Un aux forceps, un d’une tête imparable : un joli résumé de ses qualités. Pourtant, à la fin, pas un club plus attrayant que Hull City ne s’est présenté pour le recruter. S’il repart pour un tour à Marseille, coup de bol, la CAN 2015 lui offre une nouvelle fenêtre pour montrer ce qu’il sait faire… Bien évidemment, André Ayew joue pour son pays, pour succéder à son père au palmarès, 33 ans après. Mais c’est aussi parce qu’il sait l’impact qu’une victoire peut avoir sur sa carrière qu’il ne lâchera rien.
Par Romain Canuti