- Serie A
- J31
- Roma-Fiorentina (0-2)
En voiture, Simeone !
Après une petite parenthèse de doutes, Giovanni Simeone retrouve progressivement le chemin des filets avec la Fiorentina. Déclic et détails.
Il y a des tonnes de raisons d’aimer Rome. Son Colisée, sa fontaine de Trevi, son soleil et ses jolies filles, cela fait déjà quatre arguments pour passer du bon temps dans la Ville Éternelle. Déjà connaisseur de la capitale italienne à l’époque où son père portait la tunique de la Lazio, Giovanni Simeone n’est cependant pas revenu en ville pour flâner. Comme son père, Diego, le gamin aime le football. Au contraire de son père, il empile les buts, que ce soit du pied, du genou, de la cuisse ou de la tête. Dans un Olimpico déjà refroidi par une ouverture du score rapide de la Fiorentina, samedi, l’AS Rome n’a pas réussi à maîtriser le bulldozer Simeone. Un pressing sur Federico Fazio a engendré la perte de balle romaine, son point d’appui avec Riccardo Saponara l’a lancé dans une course folle, au bout de laquelle l’Argentin a allumé Alisson à bout portant pour boucler le scénario (2-0). Un but animal.
« La vie ne t’offre rien sans effort »
Réduire la performance de Simeone à ce simple but au cours de la victoire de la Fio à Rome ce week-end serait malhonnête. Gio, c’est la pointe du 4-3-2-1 concocté par Stefano Pioli. Son boulot ? Servir de point d’appui ou prendre la profondeur quand la Viola possède la balle, puis endosser le rôle du premier défenseur quand elle n’est plus maîtresse du cuir. Comment cela se traduit ? Par des courses tout en haut du sapin, toujours et encore. « Mon père m’a très vite enseigné que la vie ne t’offre rien sans effort, raconte-t-il. Aujourd’hui, je suis seul et unique décideur de mes choix de carrière, mais quand j’avais besoin d’un avis sur un sujet lié au football, notamment au début de ma carrière, je l’écoutais beaucoup. »
Remplacé dans la dernière minute du temps réglementaire par Diego Falcinelli, Simeone aurait pu esquisser un sourire, synonyme de sentiment du devoir accompli. Dans les faits, le jeune homme de 23 ans reprend son souffle avec difficulté, le visage marqué par la souffrance. Pourquoi ? Parce que chez les Simeone, un match se boucle carbonisé, avant de se projeter vers le prochain sans fixer le rétro. « Je suis une personne qui veut toujours plus, décrit l’aîné de la famille. Au Genoa, j’ai fait une bonne saison en marquant douze buts en championnat. Peut-être que j’aurais pu rester une année supplémentaire là-bas. Mais ma décision fut celle-ci : cette signature était une réelle évolution personnelle, où je devais continuer d’apprendre. » Depuis son transfert pour 18 millions d’euros l’été dernier, Simeone est, en compagnie du gardien Marco Sportiello, le seul joueur de l’effectif ayant pris part à tous les matchs de la Fiorentina depuis le début de saison. Ou comment passer de jeune promesse à néo taulier.
Sur les traces de Batistuta
D’un point de vue statistique, Gio reste sur trois pions en trois rencontres, à chaque fois soldées par le même résultat : 2-0 contre Crotone, 2-0 à Udine, puis 2-0 contre la Louve. Sur les cinq dernières journées, sa Fio a d’ailleurs réalisé quatre clean sheets et pointe désormais à la septième place de Serie A, deux petits points derrière l’AC Milan, tenu en échec par Sassuolo (1-1) dimanche soir. Pour Simeone, auteur de onze buts en trente-quatre rencontres avec les Gigliati, l’heure n’est toujours pas au repos. De fait, il manque encore 196 buts pour rejoindre la légende Gabriel Batistuta dans les cœurs florentins.
« Avoir la possibilité de succéder à Batistuta avec ce numéro 9 dans le dos, c’est quelque chose de très important pour moi, confesse Simeone, déjà honoré de la visite du meilleur buteur de l’histoire de la Fio le 23 mars dernier. C’est une responsabilité, je le sais. Il faut que je démontre à chaque match que je mérite ce maillot. Je ne veux pas jouer comme lui, mais je souhaite atteindre le même niveau. Si je peux marquer autant de buts que Batigol à la Fio, je compte bien le faire. » Sans la mitraillette, mais avec le sang du Cholo dans ses veines, Giovanni Simeone semble bien parti pour honorer ses cinq années de contrat à Florence. Par sa rigueur à l’entraînement, un célibat assumé et des heures de méditation durant son temps libre qui lui servent à « se sentir vivant » , Simeone poursuit avec sérénité son voyage en sachant que tous les chemins mènent à Rome.
Par Antoine Donnarieix
Propos de GS recueillis par AD.