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En Turquie, Trabzonspor file vers le titre de champion

par Matthieu Darbas
En Turquie, Trabzonspor file vers le titre de champion

Leader de l'élite turque avec quatorze points d'avance sur Konyaspor, son actuel dauphin, Trabzonspor file tout droit vers un titre qui lui échappe depuis 1984. Ses supporters n'attendent que ça, et surtout que leur équipe favorite balaye Fenerbahçe ce dimanche pour que la fête soit totale. Une manière de panser une plaie ouverte il y a onze ans, lorsque la couronne promise à Trabzonspor avait échoué sur la tête du club stambouliote au terme d'une saison entachée par des histoires de corruption.

« J’avais 16 ans et je m’en souviens comme si c’était hier. J’étais un jeune garçon à qui on avait volé la joie et le bonheur. J’ai enchaîné des nuits horribles. » Ces mots, ce sont ceux de Baycan, fan de Trabzonspor, lorsqu’il repense à cette soirée du 22 mai 2011. Celle qui a vu le Fenerbahçe être sacré champion avec autant de points que Trabzonspor (82 points), le célèbre club stambouliote terminant sur la plus haute marche de l’élite turque grâce au goal average. Et pourtant, le fanatique de l’écurie bleu et grenat l’assure, « nous sommes les vrais champions. Dieu connaît la vérité et c’est la chose la plus importante. » La raison ? L’UEFA avait placé en détention provisoire de nombreux membres du Fener, dont le président Aziz Yildirim, les inculpant dans une grosse affaire de matchs truqués quelques mois plus tard. Avec les preuves incontestables que dix-neuf rencontres ont été arrangées, l’instance européenne exclut le 3 juillet 2011 le jeune vainqueur turc de la Ligue des champions la saison suivante. Quant au titre, personne ne sait vraiment s’il est encore dans les armoires à trophées du Fener, de Trabzon, ou d’aucun des deux. Si dans les rues de Kadıköy, tous les 3 juillet, on indique que le bon nom est à jamais gravé dans l’histoire, à Trabzon on raconte « le long récit d’un championnat volé » à travers des communiqués.

Une domination sans faille

Aujourd’hui pourtant, ces temps tristes semblent enfouis volontairement dans un lointain passé. « Même si on évite d’en parler, on a tous pris la pleine mesure de cette histoire. On est au courant que tous les gens ont encore cette plaie ouverte, affirme Fodé Koïta. Champion de France en 2012 avec Montpellier, Koïta défend aujourd’hui les couleurs du club de Trabzon depuis cet été. Il en est certain : un exploit similaire à celui des ouailles de Loulou Nicollin peut aussi se matérialiser en Turquie. « Il se passe quelque chose de grand. Tout joue en notre faveur », affirme-t-il. Avec pas moins de quatorze points d’avance à onze journées de la fin, Trabzon file tout droit vers le titre. En 2019, le sextuple champion de Turquie n’était pas loin de réussir son coup. Mais le coronavirus et une nouvelle enquête autour du non-respect du fair-play financier du club d’Ahmet Agaoglu, président depuis 2018, avaient vu Trabzonspor terminer dauphin de Başakşehir pour quatre petites unités. Cette année, rien ne semble pouvoir arrêter l’armée Bordo-Mavi (grenat et bleu en turc, NDLR). Baycan en est sûr : cet effectif est tout simplement « le plus étoffé au cours de ces 40 dernières années ». Difficile de le contredire. Avec vingt victoires, six matchs nul, une petite défaite et une invincibilité face aux cadors du championnat, le bilan de Trabzonspor fait baver tout le monde. Sa baraka, aussi. « Nous avons tout pour nous, reprend Fodé Koïta. On est capable de marquer l’histoire tous les week-ends. Pour dire, même menés 2-0, on peut gagner le match. On a une force qui nous permet d’aller au bout des choses à chaque fois. Je ne sais pas comment le décrire, mais on le sent tous. »

Sur le banc de l’écurie Bordo-Mavi depuis novembre 2020, Abdullah Avcı y est pour quelque chose. « Le coach a réussi à créer un environnement idéal pour travailler. Il a construit un véritable groupe, enchaîne le Franco-Guinéen de 31 ans. Il y a de la qualité et une excellente mentalité. Il a réussi à fédérer et ça se ressent sur la pelouse. » Avec Gervinho, Andreas Cornelius, Edin Višća, Marek Hamšík, Bruno Peres ou encore Tymoteusz Puchacz parmi les vingt recrues arrivées l’été dernier, l’entraîneur de Trabzonspor a trouvé le parfait cocktail pour que tout le monde soit concerné par l’objectif numéro 1 : le titre. « Tout ça se traduit parfaitement dans les vestiaires. Que ce soit à la mi-temps d’un match, avant ou après une rencontre, il n’y a jamais un seul joueur qui prend la parole. Tout le monde s’exprime et personne n’est écarté. C’est une grande force », témoigne Koïta. Un collectif bien rodé, un capital confiance à son summum, de quoi en faire « l’équipe à abattre », résume l’ancien pensionnaire de La Paillade. Deux forces auxquelles s’ajoute un troisième atout permettant l’engrenage parfait : le douzième homme.

« Aujourd’hui, nous sommes en mission »

Pour décrire les 40 000 sociétaires qui garnissent le stade Şenol Günes chaque week-end, Koïta répond sans trembler que ça « lui rappelle un peu Lens ». Passé chez les Sang et Or en 2012, il a retrouvé à Trabzon « ce côté famille » : « Dans le stade on voit des enfants, des dames âgées, des mères de famille, des jeunes, des grands-pères, et tous sont derrière l’équipe. Mais le plus beau, c’est qu’ils parlent football toute la semaine. Demain, je pourrais discuter plusieurs minutes avec une grand-mère qui connaît tous les joueurs, la tactique… Aujourd’hui, nous sommes en mission. Après tout ce que ce peuple a connu, on se doit d’aller chercher ce titre. »

En attendant les festivités, il y aura de l’électricité dans l’air en marge de ce Fenerbahçe-Trabzonspor. « C’est limite le match le plus important de la saison pour tous les supporters, rappelle Baycan.Si tu termines premier, perdre face à eux viendra entacher le parcours. C’est une rencontre gravée au fer rouge dans la tête de tout le monde. » À l’aller, les Bleu et Grenat l’avaient emporté 3-1 dans les dernières minutes. Une nouvelle victoire ce dimanche permettrait de redonner le sourire à Baycan, à tous les supporters de Trabzonspor, de se rapprocher encore plus du graal, mais surtout de rendre la pareille au Fener. À charge de revanche.

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par Matthieu Darbas

Tous propos recueillis par MD.

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