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En retard pour l’Euro 2016…
Oublions la victoire trop fastoche contre le petit Danemark (2-0). Seule la défaite contre le Brésil (1-3) compte vraiment. Malgré l'absence de Pogba, ce revers a mis en lumière un état des lieux qui place les Bleus entre outsiders et « parmi les favoris » pour le prochain Euro. Mais certainement pas en vainqueurs, comme on l'avait cru un peu trop vite.
France A’ bat France A
Si, si : les matchs amicaux servent à quelque chose. Déjà, ils comptent pour l’indice FIFA (France-Brésil) et pour l’indice UEFA et FIFA (France-Danemark). Et dans ce cas, il vaut mieux engranger des points en vue de futurs barrages ou tirages au sort. Mais surtout, ils permettent une revue d’effectif au sortir de laquelle certains marquent des points et d’autres en perdent. Alors, on peut résumer schématiquement le match contre le Brésil comme l’évaluation de l’équipe de France A et celui contre le Danemark celle de l’équipe A’. Et paradoxalement, c’est le deuxième, ou du moins la première mi-temps de celui-ci, qui a apporté le plus de satisfactions : les « réservistes » sont bien là (Giroud, Lacazette, Koscielny, Payet, mais aussi Kondogbia, Trémoulinas ou Fekir). Ceci dit, ce Danemark n’avait plus qu’un lointain rapport avec la Danish Dynamite d’autrefois. Pour faire bref : les Bleus ont perdu le match le plus important et ont gagné trop facilement le match le moins dur. Un bilan moyen, donc. Et qui interroge à un an de l’Euro 2016. Parce que la défaite contre la Seleção est un véritable coup d’arrêt qui a montré une fois de plus les limites de l’équipe nationale : le 1-3 à dom, au cours d’une rencontre largement dominée par les Or et Vert, a fait mal. Et ce n’est pas la mine déconfite de DD après ce revers qui nous contredira. Car ce France-Brésil était tout sauf un match amical : Deschamps (puis Dunga) n’a procédé à son premier remplacement qu’à la 75e. Comme si les deux coachs avaient voulu maintenir sur le terrain le plus longtemps possible leur équipe type, bloc contre bloc, afin d’en tirer un max d’enseignements… Et le premier bilan auquel DD a dû se résoudre, c’est que dès que ça devient dur en face (Uruguay 2013 : 0-1, Allemagne 2014 : 0-1, Brésil 2015 : 1-3), les Bleus se heurtent à leur plafond de verre.
Neymar bat Benz
Il faut bien sûr parler des absents, au nombre de quatre : Lloris, Pogba, Debuchy, Cabaye. Incontestablement, sans ces quatre-là, la France n’est plus exactement la France. Notamment sur le plan technique face au Brésil où l’indigence et la lenteur à projeter le jeu vers l’avant ont atteint la cote d’alerte. Mais la vérité, c’est que même au complet, la France aurait souffert face à ce Brésil. C’est une question d’organisation et une question de leadership. Les Bleus ont été neutralisés par un bloc brésilien qui défendait en avançant et qui savait parfaitement quoi faire du ballon devant dès qu’il le récupérait. Dure leçon à méditer et dont il faudra s’inspirer en matière de cohésion collective, supérieure coté brésilien. Le leadership, c’est, outre l’état d’esprit plus conquérant chez les Auriverde, la différence entre Neymar et Benzema, les deux atouts maîtres des deux sélections : le premier semble être un leader de jeu charismatique qui électrise son équipe de par sa grâce et ses buts, à la différence de Benz dont les deux ratés face au but nous renvoient toujours à l’incertitude. Avec Neymar devant, on sent que la Seleção peut gagner la Copa América en juillet prochain et revenir parmi les favoris du Mondial 2018. Avec Karim, on n’est sûrs de rien. Avec lui, pour l’instant, on doute de posséder le top player qui nous fera gagner l’Euro l’an prochain. Et puis le Brésil possède aussi d’autres leaders au caractère bien affirmé avec Thiago Silva, Luiz Gustavo, Jefferson ou David Luiz (forfait jeudi soir). Où sont les fortes têtes de l’équipe de France ? On pense secrètement à un super Pogba qui fracasserait tout lors de ce championnat d’Europe 2016 et qui nous ferait gagner. On peut rêver. Mais ça va être un peu juste… Du coup, on doit plus miser sur le collectif pour espérer l’emporter l’année prochaine. Un peu comme la Mannschaft a été championne du monde sans véritables stars (sans faire insulte à Lahm, Neuer, Schweini, T. Müller), mais avec une identité de jeu claire et maîtrisée. Et là, les Bleus ont encore du boulot…
France bat Croatie ?
Un bon collectif, c’est plus un système de jeu adaptable à tous les adversaires plutôt qu’à tels ou tels joueurs qui doivent y figurer. Même si on peut s’interroger sur Sagna, Sissoko, Guilavogui en EdF… Face aux « gros » , blinder physiquement dans un milieu placé trop bas (Sissoko-Schneiderlin-Matuidi) et attendre, devant, l’étincelle d’un Benzema ou d’un Griezmann comme on l’a vu face au Brésil ne mènera nulle part. De même que les séquences offensives par à-coups face à l’Allemagne avaient montré leurs limites. Or, d’ici l’Euro, le système (4-3-3 ou 4-2-3-1) ne changera vraisemblablement pas. Et tant pis pour un 4-4-2 avec une attaque Benzema et Giroud (décidément très intéressant en Bleu) ? Idem pour le groupe : sauf révélation extraordinaire, genre retour atomique d’un Grenier), c’est globalement le même onze du Mondial 2014 qui sera à l’Euro 2016. Avec des nuances (Payet pour Valbuena, Koscielny pour Sakho, Rémy pour Griezmann) et de la réserve de qualité : Trémoulinas, Mathieu, Lacazette, Fekir, Kondogbia, voire Imbula ou Corchia… C’est donc sur ces bases quasi immuables qu’il va falloir s’appuyer et progresser d’ici l’Euro. Bosser ensemble, consolider derrière, fluidifier au milieu et devenir plus efficace devant : voilà le programme platement banal auxquels les Bleus devront s’atteler. C’est en fait tout simplement celui qu’on applique aux équipes jeunes avec un bon potentiel, mais qui oscillent entre le niveau « moyen-plus » et le niveau « bon » … Heureusement, la France a quand même des certitudes offensives démontrées depuis sa victoire très parlante contre les Pays-Bas en mars dernier (2-0). Contre l’Allemagne au complet en Coupe du monde et contre le Brésil (sans ses quatre absents de marque), les Bleus ont imprimé de beaux mouvements et se sont créé pas mal de véritables occasions de but. C’est ce qui fait la différence entre ces Bleus de Deschamps et ceux de Domenech et de Blanc, au jeu plus pauvre. Voilà pour les acquis globalement garantis. Mais ce ne sera pas suffisant pour être champions d’Europe. Par exemple, et au hasard, jouer une équipe « secondaire » comme la Croatie à la fois technique, physique et bien en place, apparaît encore aujourd’hui comme un casse-tête pour l’EdF…
Par Chérif Ghemmour
NB : le choix de KFC et de la malbouffe industrielle comme partenaire commercial des Bleus (donc du sport et de la santé), c'est aussi très moyen…