En pensant aux Reds

Comme un air de déjà-vu. La saison passée, l’Olympique Lyonnais, déjà assuré de sa participation aux huitièmes de finale, avait “sacrifié” le dernier match face au Bayern Munich de Franck Ribéry avec de lourdes conséquences. Sa deuxième place l’avait placé à la merci d’un tirage compliqué. Ce fut même bien plus que cela avec le FC Barcelone pour une avoinée mémorable. Cette fois encore, l’OL, son sésame en poche, est placé devant ce drôle de dilemme : jouer la première place à fond ou se réserver pour les joutes de championnat. Évidemment, à écouter les joueurs, il n’y a aucun doute à avoir sur la détermination des Gones à Florence. « Cela fait du bien d’être qualifiés, récite Cris. On est très contents, mais nous allons faire l’effort de bien jouer les deux matches qui restent pour finir premiers » . Et Kallstrom d’ajouter son petit couplet à la déclaration de bonne intention. « Sur les cinq dernières saisons, nous sommes tombés trois fois contre le futur champion (Porto, Manchester United et Barcelone). Le tirage au sort, c’est quand même important. Et c’est un signe très fort de remporter son groupe en Ligue des champions » . On est sûr que les Rhodaniens pensent ce qu’ils disent mais on reste sceptiques sur le degré d’implication des anciens champions de France. Car cette saison peut-être plus encore que les années passées, Lyon démontre une réelle incapacité à enchaîner ses combats européens et ses luttes domestiques. Alors forcément, à l’heure où la reconquête de la Ligue 1 s’annonce bien compliquée, la tentation est grande de ne pas aller se bousiller la santé au stade Artemio Franchi face à une Viola crève-la-dalle malgré les possibles forfaits des deux merveilles offensives, Mutu et Jovetic. D’autant que de son côté, l’OL devra faire sans Toulalan, qui lui n’aurait pas pu s’empêcher d’aller au feu. Et puis, il ne faut pas se le cacher : une petite défaite des Lyonnais assurerait au club de Jean-Michel Aulas de ne pas retrouver Liverpool plus tard dans la compétition en sachant que les Reds du printemps sont souvent autrement plus dangereux que ceux de l’automne. Un très gros en moins à ce stade de la compétition, pourquoi se priver ?

La série noire des Rouges

En vieux routier, Rafael Benitez a lui aussi entrevu cette hypothèse et s’est appliqué à mettre la pression direct. « Si les Lyonnais veulent montrer au monde entier qu’ils sont des bons professionnels qui veulent gagner tous leurs matches, ce serait bien. Ça peut être positif pour Liverpool » . Tu m’étonnes, vital même ! Depuis la fin de l’été, la formation de la Mersey n’est que l’ombre du quintuple champion d’Europe, deuxième club le plus performant en C1 sur les cinq dernières saisons derrière le Barça. En ce moment, l’histoire tourne même carrément au cauchemar. Un succès en dix matches, toutes compétitions confondues, un rythme dont seul Grenoble pourrait être jaloux. La raison de ce bilan famélique ? Une cascade de blessures en tous genres qui poussent les Reds à jouer aux chaises musicales à l’infirmerie. Dernières victimes en date, Babel et Agger samedi face à Manchester City (2-2). Et à voir Benayoun claudiquer (relancé samedi alors que l’Israélien relevait tout juste d’une contracture) et Gerrard éviter le moindre contact, on serait surpris que la série noire s’arrête là. A dire vrai, en l’état, même face à Debrecen, l’affaire n’est pas dans la poche et on se souvient d’ailleurs combien Liverpool avait souffert face aux Hongrois lors de la première journée (1-0) quand les Anglais disposaient encore de la plupart de leurs stars. Mais voilà, les hommes de Benitez doivent faire le job en croisant les doigts et tout ce qui marche par paire pour que l’OL tienne en échec la Fiorentina. On aurait alors droit à une sorte de seizième de finale retour entre les Reds et les Italiens. On y croit. Et pourquoi ne pas le dire, on le souhaite.