- Mondial 2022
- Quarts
- Maroc-Portugal (1-0)
En-Nesyri, forte tête
Buteur héroïque face au Portugal ce samedi en quarts de finale du Mondial, Youssef En-Nesyri est un spécialiste du coup de casque. Un don qu'il ne perd pas, même quand il traverse une période difficile.
Avant de débouler au Qatar avec sa sélection, Youssef En-Nesyri n’a inscrit que deux buts avec le FC Séville. Tous les deux en Ligue des champions, face au Borussia Dortmund et à Copenhague. Tous les deux de la tête. Ce samedi, à Doha, c’est encore d’un coup de casque que l’attaquant marocain a fait trembler les filets, comme il l’avait fait il y a quatre ans en Russie, contre l’Espagne. Déjà buteur cette année face au Canada, du pied droit, l’Andalou s’est envolé haut dans le ciel qatarien pour sanctionner la mauvaise sortie de Diogo Costa et propulser son pays en demi-finales de la Coupe du monde (1-0). Un exploit incommensurable pour cette nation et pour ce joueur, qui a encore du mal à confirmer son excellente saison 2020-2021.
Compliqué d’enchaîner
Après cet exercice couronné de 18 pions en Liga, et 6 en C1, le Marocain patine la saison suivante : seulement cinq buts et des pépins physiques qui ne le laissent pas tranquille en début d’année. Même si Julen Lopetegui continue de compter sur lui, le buteur est en manque de confiance et ne fait plus frémir les portiers du championnat. L’été ne l’a pas forcément regonflé à bloc, puisque sa saison actuelle reste sur le même rythme que la précédente. Prévoyant en vue du Mondial, Walid Regragui avait accusé Séville de ne pas mettre en confiance son attaquant. « Ce que je veux interpréter des propos de son sélectionneur, c’est qu’il faut lui donner de l’amour, et on fait ça, c’est naturel », répondait le technicien espagnol en septembre dernier. Reste que ce que fait surtout Lopetegui, c’est de le foutre sur le banc.
Pas facile de débarquer dans la compétition de sa vie avec si peu de certitudes. Mais s’il peut se reposer sur quelque chose, c’est bien son jeu de tête. En-Nesyri en a fait son arme fatale. Ou plutôt, le Marocain est né avec ce sens du coup de boule. Quand il débarque à l’Académie Mohammed VI, à 14 ans, le jeune joueur est déjà un monstre dans ce domaine. « Il avait une détente et un jeu de tête extraordinaires, une course incroyable », se souvient Pascal Théault, son formateur dans ce centre de formation. Fort de ce talent, il suffisait de développer d’autres aspects de son jeu pour en faire un attaquant complet. « On s’est appliqués à ce qu’En-Nesyri puisse intégrer le jeu, puisse mieux comprendre le jeu, les combinaisons », témoigne son ancien formateur, qui se rappelle encore mettre « des potences dans la fosse pour qu’il aille encore plus haut et qu’il frappe plus fort de la tête ».
Au moment de s’envoler pour l’Europe et Málaga, le Marocain a un peu de mal à s’intégrer au groupe. « Il était jeune, et ne parlait pas beaucoup. Il essayait tout de même de faire des petites blagues en français avec nous, mais son français n’était pas si bon. J’échangeais avec lui pour le faire progresser », confiait à So Foot Bakary Koné, qui l’a croisé là-bas. Mais, encore une fois, sa capacité à envoyer des coups de casque met tout le monde d’accord. « À l’entraînement, il était très dur à défendre. C’était le seul attaquant de l’équipe à avoir un aussi bon jeu de tête », expliquait l’ancien de l’OL. Grâce à son talent de la tête, et à sa force de travail impressionnante, il s’est finalement imposé sur la péninsule ibérique, qu’il vient tout juste d’éliminer du Mondial.
Par Léo Tourbe
Propos de PT recueilli par LT.