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En Grèce, le Shakhtar Donetsk entame une tournée pour la paix
Face à l’Olympiakos Le Pirée, le Shakhtar Donetsk a entamé une série de matchs amicaux pour promouvoir la paix en Ukraine. Et si les ultras grecs ont refusé de participer à l'événement, celui-ci a apporté une belle image de la solidarité du football européen face à ce conflit.
Marioupol à droite, Kiev et Hostomel’ dans l’axe, Kherson en soutien de Volnovakha. En formation offensive, la carte de l’Ukraine s’étend sur la pelouse du stade Giorgios-Karaïskakis où les villes du pays, floquées sur les maillots du Shakhtar Donetsk, viennent rappeler les terrains de guerre. Face à l’Olympiakos, le club ukrainien entamait ce samedi 10 avril sa tournée internationale de matchs amicaux pour dénoncer l’invasion russe et récolter des fonds pour venir en aide aux victimes du conflit.
At the charity match against Olympiacos,Shakhtar players will wear shirts featuring the names of 10 hero cities that fiercely resisted Russia’s invasion of Ukraine. Mariupol Irpin Bucha Hostomel Kharkiv Volnovakha Chernihiv Kherson Okhtyrka Mykolaiv pic.twitter.com/oiYpQ9yRyD
— FC SHAKHTAR ENGLISH (@FCShakhtar_eng) April 9, 2022
« Le Shakhtar a perdu sa maison deux fois. Nous avons dû quitter Donetsk d’abord, puis Kiev maintenant », se lamente Darijo Srna, le directeur sportif du club, rappelant que la guerre dure depuis huit ans dans la région du Donbass, revendiquée par la Russie. Et alors que les hommes du pays sont réquisitionnés pour combattre, « les joueurs sont plus importants sur un terrain de foot que sur un terrain de guerre », estime l’ancien international croate.
Le Pirée derrière eux
Exempté de Superleague ce week-end, le champion de Grèce s’est proposé d’accueillir la première rencontre de cette tournée. Une décision de dernière minute, mais hautement symbolique dans un pays particulièrement concerné par la guerre en raison de la présence d’une large diaspora dans le sud de l’Ukraine. Environ 100 000 Grecs d’origine bordent aujourd’hui la rive nord de la mer Noire et composent une communauté hellénophone présente dans la région depuis des millénaires. Aux colonies de l’Antiquité installées dès le VIIIe siècle avant J-C. se sont succédé plusieurs vagues migratoires au cours des siècles, notamment pendant la période byzantine, puis au cours du XVIIIe siècle, faisant de la région un véritable point d’ancrage pour l’hellénisme.
Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, présent au stade Giorgios-Karaïskakis samedi soir, s’est rendu plusieurs fois en Ukraine depuis le début de l’invasion. Par sa voix, la Grèce a condamné les bombardements russes ayant tué au moins dix membres de la minorité grecque. La Grèce s’est également proposée pour reconstruire Marioupol la martyr, ville fondée par ses ressortissants en 1778 du nom de la Vierge Marie.
« Le plus important, c’est le symbole »
Avant le coup d’envoi, les hymnes des deux pays ont retenti avant que les joueurs n’entrent sur la pelouse en arborant des drapeaux ukrainiens. Une minute de silence a été respectée, tandis qu’une tribune avait été garnie de peluches en hommage aux enfants décédés dans la guerre. « Le football peut aider les gens à comprendre ce qu’il se passe. Notre mission est de le rappeler au monde encore et encore », a déclaré Mykhaïlo Moudryk, milieu offensif ukrainien du Shakhtar. Le jeune numéro 10 en a profité pour passer un message à ses homologues russes, dénonçant leur absence : « Je ne comprends pas, peut-être qu’ils ont peur. Mais c’est vraiment nul de rester silencieux dans une telle situation ». « Le football est tellement puissant, il peut envoyer un message très fort », abonde Pedro Martins, l’entraîneur de l’Olympiakos. « Ce soir, le plus important, c’est le symbole », a ajouté le coach portugais.
Για τα παιδιά που έχουν χαθεί στον πόλεμο… / For the children that have been lost in the war… #StopWar #Olympiacos #Ukraine #Children #Tribute #Toys pic.twitter.com/1Z2XbCIGzv
— Olympiacos FC (46) (@olympiacosfc) April 9, 2022
En Grèce, tous n’ont pourtant pas adhéré au symbole. Le virage de la Gate 7, où se regroupent les ultras de l’Olympiakos, est resté vide toute la soirée. Sous le message « No politica », les ultras grecs ont refusé de participer à l’événement et indiqué dans un communiqué qu’« au sein du plus grand mouvement de supporters de Grèce, toutes les opinions COHABITENT, et qu’elles sont toutes ÉGALES et RESPECTABLES ». « Cette guerre qui a commencé en 2014 et marquée par des crimes des DEUX CÔTÉS doit s’arrêter, poursuit le communiqué, avant de dénoncer l’hypocrisie supposée du président ukrainien. Rappelons à Monsieur Zelensky qu’il y a un État européen, au-delà de l’Ukraine, qui depuis 48 ans se trouve occupé par une armée, et qui s’appelle CHYPRE ! Peut-être que ses relations avec la Turquie lui font oublier… »
Pour le président de l’Olympiakos Evangelos Marinakis, le but de la soirée était « d’envoyer le message d’arrêter cette guerre le plus tôt possible et d’arrêter de perdre des âmes innocentes. Rien de plus que ça. Nous ne nous intéressons pas à la politique, ni à qui a raison et qui a tort. Ce qui nous intéresse, c’est d’arrêter cette guerre au plus vite. » Sur le terrain, l’Olympiakos s’est imposé sur la plus petite des marges grâce à une tête plongeante de Soares à la 22e minute. Un match ouvert, mais peu appliqué, dont l’intérêt se trouvait ailleurs. 102 000 euros ont été récoltés et seront reversés aux victimes de la guerre. La formation ukrainienne jouera le prochain match de sa tournée mondiale face au Legia Gdansk, le 14 avril. Et pour Darijo Srna, « le monde doit se tenir à nos côtés, pas seulement parler ».
Par Alexandros Kottis, au Pirée
Tous propos recueillis par AK, sauf ceux de Marinakis.