- Ligue des nations
- J2
- Croatie-France (1-1)
En Croatie, les Bleus de nouveau rattrapés
Pour la deuxième rencontre de rang, trois jours après le Danemark, l'équipe de France a été incapable de conserver son avantage en deuxième période après avoir ouvert le score, cette fois en Croatie (1-1). Une période de creux pas vraiment alarmante au regard du contexte, mais inédite pour cette sélection habituellement si orgueilleuse.
Certes, le marathon de ce mois de juin oblige le staff tricolore à agir en conséquence et à faire tourner pour garder de l’oxygène, faisant sortir de l’ombre un bon nombre de coiffeurs. Certes, l’équipe de France traverse une période maussade entre les pépins physiques de ses cadres et le deuil de son sélectionneur. Certes, tout n’est pas à jeter dans la prestation de chacun. Certes, la Ligue des nations n’est rien de plus qu’une compétition amicale servant à combler les derniers trous du calendrier FIFA. Certes, la pelouse du Poljud de Split ce lundi soir n’était pas digne d’un duel entre les deux finalistes de la dernière Coupe du monde, et laisse peu de marge de manœuvre à qui veut développer un semblant de jeu léché. Mais au sortir du nul des coqs en Croatie (1-1), les faits sont là et ils sont peu reluisants : après avoir braqué la Côte d’Ivoire à Marseille (2-1) et roulé sur l’Afrique du Sud à Lille (5-0) fin mars, les Bleus ont chuté d’un étage et ont été claqués par la réalité. Ébranlés par Andreas Cornelius et sa clique vendredi (1-2), rattrapés par la troupe d’Andrej Kramarić trois jours plus tard, Aurélien Tchouaméni et ses copains viennent de laisser filer quatre points après avoir pourtant à chaque fois ouvert le score sur des actions rondement menées.
Le traumatisme suisse
La défense à trois – ou à cinq – avait volé en éclats contre les Rød-Hvide, le retour à un schéma à quatre derrière n’a pas offert de solution miracle non plus. Et la thèse du simple accroc a pris du plomb dans l’aile, elle aussi, quand les visiteurs du jour ont essuyé les vagues en fin de partie, que Benjamin Pavard a couvert comme un goret – sur Mislav Oršić puis Luka Sučić – lors de l’action de la 80e et que le tout frais Jonathan Clauss a sauté à pieds joints dans le piège de Kramarić. À croire que les champions du monde ne font plus peur à personne. Et, pire : ne savent plus tenir un score. Redoutable équipe à réaction et/ou à verrouillage, l’EDF découvre ce genre de scénario incontrôlable. La dernière fois qu’elle avait perdu des points après avoir pris les devants en premier dans une partie, c’était en mars 2021 au Stade de France contre l’Ukraine (1-1). Et la dernière fois qu’elle s’était fait rejoindre après avoir mené à un moment de la partie, c’était à Bucarest lors de ce terrible huitième de l’Euro face à la Suisse, qui a prouvé à l’Europe et au monde entier que cette équipe était prenable, même en confiance. Et si cet affront faisait office de choc à retardement ?
Entre-temps, la folie du Final Four de Ligue des nations et les sept succès de rang entre septembre et mars sont passés par là. Mais cette période de grâce semble désormais loin. Et en cette fin de printemps, l’appétit français a quelque peu perdu de sa superbe, peut-être pour mieux renaître dans un petit émirat du Moyen-Orient entre novembre et décembre. D’ailleurs, au coup de sifflet final, Didier Deschamps n’arrivait pas à se sentir totalement frustré par ce résultat : « C’est dommage qu’on leur donne l’égalisation. À vouloir trop chercher la victoire, on s’est un peu plus exposés les cinq dernières minutes. Mais c’était relativement cohérent, ce qu’on a fait par rapport à l’utilisation du ballon. En deuxième période, ils n’ont pratiquement rien eu. On est dans la compétition, mais ce sont avant tout des matchs de préparation par rapport à ce qui nous attendra en fin d’année. Sur l’alignement, on peut avoir des soucis à trois, à quatre ou à cinq. À partir du moment où l’adversaire n’est pas cadré, il faut un peu plus protéger la profondeur. » « On avait le match en main, de ce que j’ai ressenti sur le terrain, a de son côté analysé Adrien Rabiot, auteur de son deuxième but en Bleu. Sur une erreur d’inattention, alors qu’on était bien même défensivement, on concède ce penalty. On aurait sûrement mérité la victoire. C’est vrai qu’il y a aussi pas mal de fatigue, même si ça n’excuse rien. On est à l’extérieur, le public a poussé, peut-être qu’on s’est un peu relâchés mentalement. » Espérons tout de même que les Bleus défendront avec plus d’entrain le titre acquis en juillet 2018 que celui d’octobre 2021.
Par Jérémie Baron
Propos de Deschamps et Rabiot recueillis par M6