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En Coupe de France comme en Ligue 1, Rennes veut rêver plus longtemps
Pour la première fois de son histoire, le Stade rennais pourrait se qualifier pour une deuxième finale consécutive de Coupe de France en cas de succès à Saint-Étienne, ce jeudi soir. Une belle perspective pour le club breton, qui rêve de prouver que la saison dernière n'était pas seulement un heureux accident.
Plus d’un an après l’arrivée de Julien Stéphan, il y a un constat : le Stade rennais aime repousser les limites de son histoire. Tout n’est pas parfait, c’est vrai, mais le club breton peut encore s’offrir le droit de vivre un printemps excitant, entre la perspective d’une nouvelle finale de Coupe de France en cas de succès contre Saint-Étienne ce jeudi soir, et un mois de mars chargé en Ligue 1 (Montpellier, Bordeaux et Lyon) pour rester dans la course au podium jusqu’au mois de mai. Toujours aussi prudent dans sa communication à 48 heures de la demi-finale dans le Chaudron, Stéphan a surtout voulu rappeler que cette période dorée n’était pas une formalité pour un club comme Rennes : « Une victoire, ce n’était plus arrivé depuis 48 ans. Deux demi-finales consécutives, ce n’était plus arrivé depuis cinquante ans. Et cette possibilité de faire une deuxième finale consécutive, ce serait entrer dans l’histoire parce que ça n’a jamais été fait. Il ne faut pas banaliser les performances. » Une façon de rappeler que la bonne dynamique peut aussi s’arrêter brutalement à une époque où il est devenu presque impossible de s’inscrire sur le long terme. Surtout quand l’environnement est celui du Stade rennais.
Le spectre de la crise institutionnelle
La question peut légitimement se poser : le SRFC a-t-il vraiment changé ? La réponse est terriblement prévisible : oui et non. Sur le terrain, tout roule ou presque pour les Rouge et Noir, qui n’ont plus la tronche d’un candidat à une humiliation contre un club amateur en Coupe de France (Rennes n’a plus été éliminé de la compétition par une autre équipe que le PSG depuis le 19 janvier 2016 et une défaite contre Bourg-en-Bresse), ni celle d’une victime idéale pour Toulouse, à la dérive en championnat. En coulisses, en revanche, les événements récents ont prouvé que le Stade rennais pouvait toujours ressembler à un joyeux bordel. Près d’un mois après son éviction surprise, Olivier Létang n’a toujours pas de remplaçant – le fidèle Jacques Delanoë assurant seulement l’intérim -, et la famille Pinault semble vouloir prendre son temps avant de donner une nouvelle direction au club breton. D’après nos informations, Nicolas Holveck, qui vient de quitter son poste de directeur général adjoint à Monaco, devrait être nommé dans les prochains jours et pourrait débarquer avec un directeur sportif. Mais pour l’instant, la priorité est ailleurs.
En pleine tempête institutionnelle, Stéphan a réussi un nouveau coup de force, résistant aux secousses provoquées par le départ de son président – avec lequel il avait de nombreux désaccords -, et accentuées par les rumeurs faisant du coach de 39 ans l’épicentre de ce séisme hivernal. « Maintenant, il faut regarder vers l’avant, lâchait-il au lendemain de la nouvelle. Ça ne changera rien, je suis un entraîneur. Il ne faut pas m’accorder le pouvoir que je n’ai pas. Je m’occupe de l’entraînement du groupe professionnel. On a assez d’échéances pour rester focalisés sur le terrain. Dans une carrière, le terrain doit nous obnubiler. » Voilà le succès du technicien français, 75 matchs au compteur comme entraîneur chez les professionnels, depuis début février : il n’a jamais perdu son groupe, au sein duquel certains joueurs étaient attachés au président Létang, pour ne pas sombrer dans une crise de résultats (une seule défaite, à Reims, depuis le départ de Létang). Mais jusqu’à quand ?
Même ambition, nouvelle histoire
Une chose est sûre, les Rennais vont se rendre dans le Chaudron avec l’ambition de s’offrir un nouveau frisson le mois prochain. « C’est une compétition qui nous tient à cœur, a assuré Stéphan aux côtés de son gardien Édouard Mendy devant la presse. On veut défendre notre titre et on va tout mettre en œuvre pour se qualifier. On a une envie folle de retourner au Stade de France. » Le discours logique d’un homme invaincu dans la compétition depuis ses débuts dans la cour des grands, et qui rêve d’améliorer la belle série rennaise de dix qualifications (trois aux tirs au but) consécutives dans le tournoi. Mais attention, Stéphan refuse de « personnaliser l’évènement » , comme il ne souhaite pas faire de lien avec le sacre du printemps dernier. « Depuis le début, le coach a été très clair en nous disant qu’il ne parlerait pas de ce qui s’était passé la saison dernière, a confirmé Mendy. C’était beau, mais c’est à nous de construire notre propre histoire. » La finalité reste la même, mais les ingrédients sont différents.
Cette fois, Rennes doit avancer sans André, Ben Arfa, Sarr, Bensebaini, Koubek ou encore Mexer. Une perspective qui n’emballait pas beaucoup le coach breton au moment des turbulences automnales, une période lors de laquelle il aimait répéter que son effectif manquait de vécu, d’expériences communes, pour se faire violence dans les moments clés. Mais les choses ont changé : ce nouveau groupe a réussi à sortir d’un long tunnel, marqué par l’échec en Ligue Europa, pour se forger un vrai caractère. Et rappeler qu’il était capable de prolonger la période dorée du Stade rennais. « Un nouveau groupe s’est construit en faisant un excellent début de championnat. Ensuite, on a tous connu un moment compliqué en septembre-octobre qu’on a parfaitement bien négocié, a jugé Stéphan. Ça nous a soudés, permis de vivre une expérience très riche, et on sait ensuite quelle dynamique on a pu enclencher. » Pas de vision sur le long-terme ou de discours pompeux autour d’un fameux projet de jeu, mais l’envie de gagner rapidement et maintenant. Et si c’était ça, le nouveau Stade rennais ?
Par Clément Gavard