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En Allemagne, un Euro 2024 entre déception et réconciliation

Par Julien Duez, à Berlin

En ce week-end de finale de l’Euro 2024 entre l’Espagne et l’Angleterre, le cœur de Berlin s’est remis à battre une dernière fois au rythme du football. Mais dans la capitale allemande, l’heure n’est plus vraiment à la fête depuis l’élimination de la Nationalmannschaft en quarts.

En Allemagne, un Euro 2024 entre déception et réconciliation

« ET N’OUBLIEZ PAS ! PEU IMPORTE L’ESPAGNE OU L’ANGLETERRE, CELUI QUI A DÉJÀ GAGNÉ LA FINALE, C’EST JESUS-CHRIST, NOTRE SAUVEUR ! TOUS AVEC MOI : NOTRE PÈRE, QUI ES AUX CIEUX… » Sous le regard interloqué des touristes venus photographier la porte de Brandebourg, une poignée de femmes vaguement illuminées font du prosélytisme en tentant d’alpaguer une foule qui n’a pas vraiment les nerfs à les écouter, à l’image de cet Anglais qui interrompt sans vergogne le Pater Noster pour brailler It’s Coming Home. On est à la veille de la finale de l’Euro 2024, point d’orgue d’un tournoi qui placera Berlin au centre des regards. Mais dans le centre de la capitale, il flotte une atmosphère de week-end estival on ne peut plus banal. Sous le ciel gris de l’Alexanderplatz, hormis le portrait de Florian Wirtz qui s’affiche sur la façade d’une galerie marchande, l’Euro semble déjà terminé et les badauds font ce qu’on fait d’ordinaire par un week-end on ne peut plus banal sur l’Alexanderplatz : du shopping, bouffer au fast-food, boire un verre trop cher sur une terrasse pour touristes et faire un grand pas de côté pour échapper aux représentants d’associations venus gratter des sous pour sauver les ours polaires de la fonte des glaces.

Dans une grande enseigne d’articles de sport, les clients sont déjà passés à autre chose et arpentent davantage les rayons rando et camping plutôt que football. Plus aucun maillot de l’Allemagne n’est d’ailleurs disponible, un vendeur s’excuse en expliquant qu’ils ont tous été vendus et que, depuis l’élimination de la Nationalmannschaft contre la Roja, il n’a pas été jugé utile de faire un réassort. Un peu plus loin, sur la célèbre avenue Unter den Linden, les étals des boutiques de souvenir sont encore bien garnis de « produits sous licence officielle » de l’Euro : une peluche Albärt, la mascotte du tournoi, coûte 34,99 euros, le mini-maillot à accrocher au rétroviseur de sa voiture 4,99 euros. « On ne va pas baisser les prix sous prétexte que la compétition est sur le point de se terminer, justifie un commerçant. Au contraire, avec l’afflux de supporters qui arrive pour la finale, c’est l’occasion rêvée pour engranger quelques ventes supplémentaires ! »

À l’ombre de la cage géante

De fait, dans la Fanmeile (la « fanzone » en bon allemand) de la porte de Brandebourg, les maillots anglais et espagnols commencent déjà à se faire remarquer sur les 24 000 mètres carrés de gazon synthétique qui seront découpés dès le lendemain de la finale, puis redépliés sur les divers terrains urbains de la ville. Pour ce qui est de l’immense cage de but en métal (23 mètres de haut, 64 de large et un poids de 40 tonnes), son avenir est incertain. Alors qu’elle devait être tout simplement détruite, l’aciérie du Land de Saxe-Anhalt à l’origine de sa construction l’a mise en vente sur l’équivalent allemand du Bon Coin pour 180 000 euros. Avis aux amateurs ! En attendant, elle attire encore quelques touristes et locaux qui profitent du week-end pour s’y promener, taper un foot ou une petite sieste. Les échoppes de nourriture et de boissons sont ouvertes, mais n’attirent pas les foules. Peut-être à cause des prix pratiqués (six euros la pinte, auxquels s’ajoutent trois euros pour la caution du verre, une douzaine d’euros pour un snack mexicain, italien, indien, voire népalais) ?

En tout cas, malgré une affluence moyenne de 50 000 personnes par jour – 130 000 pendant les matchs – et près de 2,5 millions de visiteurs accueillis en plus des 2 millions habituels pendant le mois écoulé, l’Euro n’a pas été l’occasion rêvée pour renflouer les caisses, selon un premier constat de la fédération allemande des hôteliers-restaurateurs (DeHoGa). « Il faut dire qu’avant les quarts de finale, tous les matchs n’ont pas été diffusés ici, explique Jens, un grilleur de saucisses. Il n’y avait que ceux de l’Allemagne et ceux qui se sont joués à l’Olympiastadion. Et encore, pendant le match entre l’Autriche et la Pologne, la fanzone est restée fermée à cause du mauvais temps. » En y ajoutant les incidents survenus à l’issue du huitième de finale Pays-Bas-Turquie, lors duquel des bagarres entre supporters ont éclaté, et l’élimination prématurée de la Nationalmannschaft, l’esprit du Sommermärchen – le conte d’été – du Mondial 2006 semble bien loin.

Pour quelques instants de bonheur en plus

Malgré tout, les maillots allemands n’ont pas tous été déjà remisés au placard. « En même temps, j’ai payé le mien 120 balles, donc je compte bien le porter le plus de temps possible ! », se marre Chris, liquette de la DFB floquée Füllkrug sur les épaules. Son fils Lukas s’affiche quant à lui avec le nom de Jamal Musiala dans le dos. Malgré la déception, ils profitent des derniers jours de l’Euro pour parader avec les couleurs nationales, comme ces Danois et ces Autrichiens aperçus dans l’autre fanzone de Berlin, au pied du Reichstag, le Parlement allemand. « Finalement, on s’en fout de ne pas jouer la finale, c’est la fête du foot, tout le monde représente son pays et profite de l’ambiance pour faire encore un peu la fête », décrit Mathias, un Viennois expatrié à Berlin. Si les Anglais et les Espagnols font monter la température, les autres visiteurs trouvent leur bonheur en se prélassant sur un transat au son des DJ sets successifs, entrecoupés de performances artistiques dans le cadre du Fussballkultursommer, l’été de la culture foot. Sur la pelouse du Reichstag, on peut en effet faire la connaissance de plusieurs projets socioculturels en lien avec le foot et initiés par diverses associations berlinoises, mais aussi faire le plein de goodies via les stands des différents partenaires de l’Euro.

« On est venus passer une tête parce qu’on est en visite pour le week-end, lâche Nina entre deux gorgées de Spritz. C’est sympa, mais ça reste quand même très commercial. » Son compagnon Bernd et elle pensent tout de même revenir pour la finale, « parce que c’est quand même plus sympa de vivre ce genre de moments à plusieurs », dit la jeune femme, déçue que le rêve de voir l’Allemagne remporter l’Euro à domicile ne se soit pas réalisé. « Cependant, je constate qu’il s’est passé un truc. J’ai ressenti un sentiment de communion que je n’avais plus vu depuis longtemps autour de l’équipe nationale. » Bernd ose carrément parler de « réconciliation » entre la sélection et son public : « En soi, c’est déjà une forme de victoire. Nagelsmann a réussi à bâtir un groupe talentueux et composé de profils hyper sympas. Des mecs comme Füllkrug, Musiala, Wirtz, Andrich… ils dégagent un truc qui fait que tu as envie d’être pote avec eux. » Dans deux ans, leurs nouveaux potes seront peut-être arrivés à maturité pour décrocher leur cinquième titre mondial. En attendant, la ville de Berlin devrait peut-être mettre la main à la poche pour racheter la cage de la Fanmeile, on ne sait jamais…

L’équipe type de l’Euro 2024

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