- Réportage
- Brésil
En 4×4 sur le sable chaud
Des anciennes gloires de terrains comme Romario, Renato Gaucho et Aldair, des retournés acrobatiques à tout va... La plage d'Ipanema à Rio accueille pendant trois jours le mondial 4x4 de Foot-Volley.
Oubliez le bon vieux tennis-ballon… Au Brésil, pas question de faire rebondir le ballon par terre. La hype des plages de Rio, c’est le foot-volley. Hier, Ipanema accueillait la première journée d’un mondial pas comme les autres, avec des règles adaptées pour produire un maximum de spectacle. Le filet est plus bas (2 mètres au lieu de 2,2) et on joue à quatre contre quatre, ce qui permet d’allonger considérablement les échanges. Mais surtout, en plus des joueurs habituels du circuit, les organisateurs ont fait appel des anciennes stars des terrains.
On retrouve notamment Romario, et Renato Gaucho, qui tout ou long de leur carrière se sont vus reprocher de privilégier leur préférence pour les séances de foot-volley sur la plage avec leurs potes, au détriment des entraînements avec leurs clubs. Aujourd’hui, le premier a dû s’absenter des bancs de la chambre des députés où il a été élu en fin d’année dernière. Quand au second, il a abandonné ses joueurs du Grêmio Porto Alegre, qu’il coache depuis bientôt un an. Leurs retrouvailles font fantasmer les fans du football carioca, qui ne sont pas prêts d’oublier la finale du championnat de Rio de 1995, qui a vu Renato, idole absolue de Fluminense, crucifier le Flamengo de Romario, en inscrivant le but décisif avec son ventre… Pour ne pas faire de jaloux, chacun est capitaine d’une équipe du Brésil. En foot-volley, les Brésiliens sont tellement au-dessus du lot qu’ils ont droit à deux équipes dans le tournoi. Et comme si ça ne suffisait pas, des anciennes gloires locales renforcent les rangs d’autres nations. C’est ainsi qu’Aldair, champion du monde avec la seleção en 1994 et défenseur mythique de la Roma avec 13 saisons et 415 matchs au compteur, se met à défendre la squadra azzura. Donato, brésilien précurseur de Marcos Senna pour avoir été sélectionné à douze reprises en équipe nationale espagnole après avoir fait les beaux jours de l’Atletico Madrid et de Depor, est aligné à nouveau avec la Roja.
Chez les bleus, on attendait JPP, qui aurait pu s’y donner à cœur joie avec ses papinades, d’autant plus que les actions conclues sur retourné acrobatique comptent double. Il aurait dû être remplacé au pied levé par Stéphane Porato, qui a finalement lui aussi décliné l’invitation. Au final, le seul ancien pro se nomme Yannick Achard, ancien milieu de terrain de l’AC Ajaccio de 1999 à 2003. La Corse est représentée en force dans cette équipe de France, qui compte aussi dans ses rangs Nicolas Ortolano et Anthony Alessandri sans compter le coach Patrick Castellana. « Dans les années 90, Fabio Barros, un Brésilien qui évoluait au Gazélec, a appris à ses coéquipiers à jouer au Foot-Volley sur la plage et depuis, la pratique s’est répandue » , rappelle ce dernier, l’un des précurseurs de ce sport en France avec Gaëtan Huard, ce dernier ayant fondé la fédération française de Foot-Volley. Les deux autres joueurs inscrits pour le mondial de Rio, François Pinardon et Daniel Sammut, n’on pas fait un trop gros déplacement vu qu’ils habitent déjà au Brésil.
Shark Attack et bicyclettes
Pour leur premier match, ils se sont fait surprendre par les Portugais (25-21). « On était plus forts qu’eux, on aurait dû gagner, dans leur équipe, il n’y a presque pas de spécialistes de la discipline, ils viennent presque tous du Beach-Soccer. Mais le problème, c’est que d’habitude, on joue à deux contre deux, on n’a pratiquement pas eu le temps de s’entraîner à quatre » , peste Anthony Alessandri. Au fil de second match, les bleus retrouvent leurs automatismes et font même trembler la grande équipe du Brésil. La tactique est simple, pilonner l’ami Renato Gaucho, qui assure beaucoup moins sur la plage que sur le terrain. A 22-20, l’équipe de France n’a besoin que de trois petits points pour créer l’exploit. Mais faut pas rêver, les 3-0 contre la seleção, ça n’arrive qu’au stade de France. D’une action meurtrière conclue par la fameuse byciclette qui compte double, le Brésil, égalise, puis s’envole vers la victoire (25-23), au terme du plus beau match de la journée.
Devant les artistes brésiliens, les Français ont aussi assuré le spectacle, à l’image de Nicolas Ortolano, spécialiste de la shark-attack, un saut ultra-spectaculaire pied en avant qui permet de smasher la balle du talon : « dans l’équipe du Brésil, il y avait Tubarão, l’inventeur de ce geste technique. C’est quand même mythique de pouvoir le reproduire face lui. Une fois, j’ai même failli réussir à le contrer en sautant en même temps que lui » . Aldair, qui affrontera les Bleus ce soir avec l’Italie pour le dernier match de la phase de poules, a cru revivre son cauchemar de 1998 en assistant au match d’hier : « ils n’étaient pas favoris mais ils ont bien failli l’emporter. C’est fou, vous, les Français, vous devez avoir un truc contre les Brésiliens. Après notre finale perdue en coupe du monde, Candela, mon coéquipier avec la Roma, n’a pas arrêté de me chambrer pendant des années » . Pendant qu’il décrypte cette rencontre épique, Romario montre qu’il a toujours de beaux restes en distillant des caviars à coups d’amortis poitrine tout en finesse. Rien que pour ça, ça valait le coup de faire le déplacement.
Louis Génot, à Rio de Janeiro
Par