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En 2023, le football italien a t-il vraiment tout perdu ?
Après la Roma en Ligue Europa et la Fiorentina en Ligue Europa Conférence, l’Inter s’est inclinée les armes à la main face à Manchester City (1-0) en finale de la Ligue des champions. Un résultat forcément décevant pour le football italien dans son ensemble, qui livre certains enseignements.
Cela faisait 29 ans que trois clubs italiens n’avaient pas eu l’occasion de soulever un trophée européen. C’était un autre temps, celui des années 1990 où le calcio était roi et les stars du monde entier accouraient en Italie avides de gloire et de haut niveau. Parme s’était inclinée en Coupe des coupes face à Arsenal, Milan avait explosé le Barça en Ligue des champions et l’Inter avait broyé le Casino Salzburg (l’ancêtre du Red Bull Salzburg) en Coupe UEFA. En 2023, le football italien a une nouvelle fois envoyé trois clubs en finale et une nouvelle fois marqué l’histoire à sa manière : pour la première fois, un même pays n’a pas remporté au moins un des trois sommets dans lequel il était engagé. Séville, West Ham et Manchester City, voilà quels ont été les bourreaux de la Roma, de la Fiorentina et de l’Inter. Qu’en penser ? Pep Guardiola, lui, a livré son sentiment en répondant à un journaliste transalpin : « Vous avez placé trois équipes en finale dans toutes les compétitions et l’Inter… Je le savais. Ils sont très forts. Dans tous les domaines. (…) Ils avaient tout pour être là, bravo à eux, car ils étaient tout ce que j’imaginais. »
Du positif, quand même
Une bien maigre consolation que ces mots, car lors de ces trois finales, les clubs italiens avaient les moyens de faire mieux. La Roma face à l’ogre de la C3, Séville, avait pris les devants avant de sombrer aux tirs au but, la Fiorentina a chuté sur un mauvais alignement défensif exploité par Jarod Bowen à la 90e, et l’Inter, via Lukaku, aurait dû au moins emmener Manchester City en prolongation. Des faits de jeu, des histoires de finale, qui racontent que l’éloignement du top niveau se paye face à des formations anglaises et espagnoles qui raflent titre sur titre chaque année. On peut objecter à cela que Manchester City vient de remporter sa première Ligue des champions, West Ham un titre majeur européen depuis 58 ans, mais il faut plutôt voir là une différence de puissance financière et aussi sportive.
Alors, que retenir de ces trois finales perdues pour le calcio ? Du positif, quand même un peu. Après la victoire de la Roma en Conférence League l’an dernier, mettant fin à douze ans de disette sur la scène européenne pour le football professionnel italien, ce n’est pas anodin de voir trois formations italiennes atteindre une finale. Un bilan annuel quasiment équivalent aux 23 dernières années du foot français (4), qui peut être renforcé par la présence en demi-finales de C1 du Milan (et du Naples de Spalletti en quarts) ou encore à celle de la Juve dans le dernier carré de la C3. Du positif, il y en a également chez les hommes qui ont réalisé ces parcours : l’Inter alignait ce samedi cinq Italiens dès le coup d’envoi face aux Citizens, tandis que chez les coachs, Simone Inzaghi et Vincenzo Italiano ont incarné avec brio la nouvelle génération d’entraîneurs qui déferle un peu partout en Europe. En guise de bonus, la qualification en finale de la Nazionale U20 qui défie l’Uruguay, ce dimanche, et qui annonce la relève, alors que le temps de jeu des jeunes Italiens en Serie A reste famélique.
Vers un retour au premier plan ?
De là à parler d’un retour au premier plan du foot italien ? Cela reste encore à voir. Au-delà des résultats et des armoires à trophées qui ne se rempliront pas cette année, la situation de la plupart des géants transalpins reste précaire. L’Inter, plus vieille équipe de Serie A, va devoir forcément se renouveler, alors que ses finances sont dans le rouge vif, comme le rapportait le New York Times. Même cas de figure pour Milan qui n’a pas une marge de manœuvre énorme pour se renforcer, tandis que la Juventus sort d’une année rythmée par les affaires judiciaires et les sanctions. Reste le cas du Napoli, plus sain que ses rivaux et auteur d’une saison stratosphérique, dont le règne sur la Serie A dépendra aussi en partie de ce mercato d’été et de qui prendra la relève de Spalletti. Si effectivement, l’Italie semble retrouver des couleurs, il est encore bien tôt pour crier victoire. D’autant que des victoires finales, cette saison, il n’y en a pas eu.
Par Andrea Chazy, à Istanbul