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En 2012, la France passe à gauche
A quelques encablures du match contre l'Albanie, Laurent Blanc a rappelé Jérémy Mathieu et Mathieu Debuchy pour pallier les absences sur blessures d'Eric Abidal et Bacary Sagna, les deux latéraux titulaires. Un problème de riche ? Pas tant que ça.
On mesure le talent d’une sélection nationale à ses absents. Ou à sa profondeur de banc. Mine de rien, les Bleus de Laurent Blanc sont plutôt bien lotis dans ce domaine. Suffit de se pencher sur les deux postes de latéraux. Un poste incontournable au XXIème siècle. Cette semaine, le Président a du faire sans ses deux titulaires du poste, Abidal et Sagna. Ailleurs, cette double peine aurait semé la merde. Imaginez l’Angleterre faire sans Richards et Cole, les Pays-Bas sans Pieters et Van de Wiel, l’Italie sans Criscito et Maggio. On enverrait des bleu-bites au charbon. Pas en France. Pas sous Laurent Blanc. Et surtout pas au poste d’arrière gauche où Eric Abidal est le patron. Titulaire indiscutable dans la plus belle équipe de football du moment, le Barcelonais l’est également en France. Pas de souci, Abi ça reste du solide, offensivement intéressant et défensivement infranchissable. Avec lui, Laurent Blanc peut dormir tranquille. Blessé, il sera remplacé par Patrice Evra. On parle du vice-capitaine de Manchester United, quadruple finaliste de la C1 quand même. Knysna est loin et Capitaine Pat’ a tourné la page. C’est bien mieux qu’une doublure. Et la doublure de la doublure ? Gaël Clichy, ex-Arsenal, neo-riche Citizen. On a connu pire comme troisième choix, même s’il n’est pas dans le groupe pour affronter l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine.
Allez, soyons fou, admettons que les trois se pètent en même temps. Laurent Blanc a encore de la marge. Jeremy Mathieu, sorte de bison futé né du mauvais côté de la Manche et intouchable à Valence, vient d’être appelé par Blanc. Tout sauf une escroquerie. L’ancien Toulousain l’a d’ailleurs plutôt bien pris sur lequipe.fr : « Javais dit que je pensais moins à l’équipe de France parce que j’avais connu trop de déceptions, mais c’était toujours dans un coin de ma tête. Finalement, on ne m’a pas oublié » . En réserve de la République, Blanc a même du rab’ (Sylvain Armand, Benoît Trémoulinas, Aly Cissokho, Franck Béria et les futurs cracks Lionel Carole ou Loïc Nego). Clairement, si on veut prétendra à faire carrière en Bleu actuellement, autant ne pas jouer arrière gauche. A droite par contre…
Sagnol m’a tue(r)
Laurent Blanc n’a rien révolutionné de la période Domenech concernant son latéral droit. L’Elu de Raymond, Bacary Sagna, est également celui de Lolo. Non pas parce que le joueur d’Arsenal est intouchable, mais parce que la concurrence est famélique à ce poste Là où les gauchers évoluent au Barça, Manchester United-City ou Valence, les droitiers évoluent à Arsenal et surtout en Ligue 1. CQFD. Le titulaire, Sagna donc, est un latéral de formation, honnête, collectif et plutôt bon esprit. Mais il n’a ni l’impact physique d’un Micah Richards, ni l’adresse d’un Lahm, et encore moins la fougue d’un Ramos ou la technique d’un Maicon. Même pas les tatouages de Dani Alves. Depuis la retraite forcée du modèle Willy Sagnol, la France peine à retrouver un arrière droit de haut niveau.
De toute façon, il faudra faire sans Sagna, qui s’est éclaté le péroné le week-end dernier. C’est donc son remplaçant naturel, Anthony Réveillère, qui tient la corde. Un mec sans histoire, expérimenté et efficace. Le Lyonnais aime son poste et il en donne d’ailleurs une très bonne définition dans les colonnes de Ouest-France : « Un défenseur latéral est d’abord un défenseur, donc il doit bien défendre. Après il y a plus ou moins d’opportunités de jouer vers l’avant. Contre l’Albanie, les latéraux devront apporter du soutien aux milieux excentrés. Mais c’est le jeu qui commande, quand on a la maîtrise du ballon, on peut se projeter vers l’avant » . La doublure de Reveillère, Debuchy, a été rappelée aussitôt la blessure de Sagna confirmée. Une forme de justice pour le Lillois, très en verve depuis quelques années. Mais bon, c’est encore un poil léger pour le niveau international. Derrière ce trio, le vide est abyssal. Ou presque. Fanni a un vécu en Bleu mais il est au fond du seau avec l’OM. Qui alors ? Jallet ? Konko de la Lazio ? Chalmé ? Corchia ? L’avenir le dira. Mais il semblerait que pour 2012, les Bleus aient déjà choisi. Ca passera par la gauche. Et ce n’est pas qu’une question d’alternance.
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