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Emmanuel Macron, cramponné à l’Élysée 2022
Ce jeudi à 17h15, le président Macron disputera une rencontre de football avec le Variétés Club de France pour le compte de l'opération Pièces jaunes. Un match pour la bonne cause ou pour la sienne ?
Le Parisien l’avait annoncé ce lundi : le président Macron foulera la pelouse du stade Léo-Lagrange de Poissy en tant que joueur, à l’occasion du cinquantenaire du Variétés Club de France contre une équipe de soignants du centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-en-Laye. Les bénéfices tirés de la billetterie et des sponsors seront reversés à la Fondation hôpitaux de Paris-hôpitaux de France. L’initiative de ce match avait été lancée cet été par Karl Olive (ex-service des Sports de Canal +). Le Parisien raconte que l’actuel maire de Poissy et joueur lui-même du club associatif cher à Jacques Vendroux avait reçu un coup de fil d’Emmanuel Macron juste avant un match du Variétés à Colombey-les-Deux-Églises. Karl Olive avait mis le président de la République sur haut-parleur pour motiver ses coéquipiers. Ce dernier s’était engagé à venir jouer « quand la situation sanitaire le permettra », puis de célébrer ensemble « la troisième mi-temps » à l’Élysée.
Dans les pas de VGE
Karl Olive, maire sans étiquette et ex-UMP, a pour habitude d’abreuver les réseaux sociaux de compliments très appuyés à l’encontre du chef de l’État. Son invitation n’a donc rien de politique, bien sûr ! Surtout à sept mois des élections présidentielles… Cet après-midi, sous les encouragements de Brigitte Macron, le candidat « non déclaré » invité par un maire « neutre » s’éclatera donc balle au pied parmi Karembeu, Pirès, Wenger, Rudi Garcia ou Claude Puel. On se rappelle que le 27 avril 2017, avant le deuxième tour des présidentielles, en visite à Sarcelles, le candidat Macron avait tâté du ballon avec les jeunes de la cité, histoire de bien rappeler que lui était bien accueilli dans les banlieues. À l’inverse de son adversaire Marine Le Pen, l’indigne pourfendeuse du « vivre ensemble » républicain…
On l’aura compris : l’argument foot a toujours fait partie de sa stratégie politicienne ! Encore un autre point commun avec Valéry Giscard d’Estaing auquel il ressemble tant, dans son parcours et ses idées. Un an avant son élection à la présidentielle de 1974, le grand bourgeois VGE avait habilement véhiculé une image de simplicité et de normalité en se faisant filmer en train de jouer – déplorablement – au foot avec les élus de Chamalières… Le foot, sport populaire par excellence, permet à Emmanuel Macron d’atténuer quelque peu une réputation tenace de « président des riches » qui lui colle à la peau depuis son élection. D’ailleurs, juste après son triomphe du 7 mai face à Marine Le Pen, il s’était invité à l’entraînement de l’OM lors de ses vacances estivales à Marseille. Il n’avait pas fait le voyage pour rien, puisque le coach Rudi Garcia lui avait offert un maillot de la Roma floqué Totti…
Droite-gauche, en même temps
En mai 2018, Emmanuel Macron avait félicité l’OM pour sa qualification en finale de Ligue Europa, affirmant une fois de plus son attachement au club à part de la ville popu et cosmopolite, rebelle au centralisme parisien. Une originalité habile pour celui qui symbolise les « technos » de la capitale, mais qui demeure non affilié au PSG, club de riches conspué dans toute la France. Une marque de rupture républicaine hardie quand on sait que les présidents français restent neutres en football afin de « ne pas cliver ». Macron est pro-OM et l’assume ! Même s’il sait jouer des turbulences du Classico, comme lors de son coup de fil à Kylian Mbappé sur Tik-Tok face aux Youtubeurs McFly et Carlito. Il les avait défiés en affirmant que Kylian Mbappé était sur le point de rejoindre l’Olympique de Marseille : « Impossible d’aller à Marseille, avait rigolé Kylian. Ce n’est pas dans notre ADN, ça ! » Cet impromptu « improvisé » avait fait mouche auprès des djeun’s, épatés par ce président sympa…
La passion OM de Macron remonte aux années de gloire et à la finale de 1993 contre l’AC Milan, bien sûr : « Je me souviens avec beaucoup d’émotion de ce match, parce que je me souviens aussi du match perdu et des larmes un peu avant, avait-il confessé sur RMC Sport en juillet 2019. J’ai d’ailleurs une photo du but de Boli prise depuis derrière les buts. C’est un merveilleux souvenir… Ces années OM sont pour moi de très grandes années. Je suis toujours resté fidèle à ce club. » Emmanuel Macron a peut-être breveté à travers le foot sa fameuse formule du « en même temps », puisque ce droitier balle au pied fut dans ses jeunes années, comme son modèle Éric Di Meco… un latéral gauche ! Comme tout bon chef d’État prompt à capitaliser sur les grandes réussites sportives nationales, Emmanuel Macron n’avait pas oublié d’épingler la Légion d’honneur aux Bleus de DD, champions du monde 2018. Il leur devait bien ça, en remerciement de sa joie éruptive d’ado dans la tribune VIP lors de la finale contre la Croatie, au stade Loujniki, sous les yeux écarquillés de Vladimir Poutine. Mais l’année 2021 a fort désappointé le monarque, après l’insuccès de l’équipe de France à l’Euro et surtout après une moisson tricolore aux JO de Tokyo qu’il a qualifiée de « mitigée » (sic). Les Bleus de Deschamps auront donc intérêt à briller l’an prochain au Qatar s’ils veulent se voir accrocher une nouvelle breloque à leur costard par Macron à l’Élysée. S’il est réélu…
Par Chérif Ghemmour