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Emery, un Villa avec vue sur l’Europe
Actuellement en pleine bourre, Aston Villa pourrait devenir la belle surprise de cette fin d’exercice 2022-2023 en Premier League. Dans le dur au démarrage de la saison, les Villans possèdent un leader à l’origine de leur métamorphose : Unai Emery.
Le samedi 29 octobre 2022 sera peut-être une date à marquer d’une pierre blanche dans la grande histoire d’Aston Villa. Ce jour-là, les Villans rendent visite à Newcastle et se font corriger à St James’ Park (4-0). Une claque que le club de Birmingham, alors coaché par l’entraîneur intérimaire Aaron Danks, subit comme la conséquence du passage manqué de Steven Gerrard sur le banc du vainqueur de la coupe d’Europe des clubs champions en 1982. À cet instant précis, Unai Emery est déjà officialisé comme entraîneur du club, mais ne dirigera l’équipe qu’à partir du 1er novembre. De l’extérieur, le Basque prend un peu plus conscience de l’ampleur des travaux à réaliser. Le cœur léger, il vient de rompre son contrat avec Villarreal, club avec lequel il a d’abord remporté la C3, puis emmené les Amarillos jusqu’en demi-finales de Ligue des champions, pour rejoindre le seizième de Premier League. Fou ? Non, cette nouvelle aventure s’inscrit naturellement dans la trajectoire d’Emery.
Howe : « Je suis là parce qu’il a refusé le poste »
« J’étais très heureux à Villarreal, avec qui j’ai gagné la Ligue Europa, mais j’avais besoin de trouver un nouveau challenge professionnel, confiait l’entraîneur à Marca TV, quelques jours après avoir vaincu Manchester United (3-1) pour son retour sur les terres anglaises. J’ai toujours fonctionné comme ça : quand un objectif est atteint, je cherche toujours à voir au-delà. Et j’avais envie de relever le défi que me proposait Aston Villa. (…) Je prends cette mission à Aston Villa comme un défi, pas comme une revanche. Mais il est évident que je suis mieux armé pour affronter la Premier League après ce passage à Arsenal, que je considère comme positif. » Un discours dynamique et finalement très représentatif de la singularité du bonhomme, pourtant traîné dans la boue lors de son expérience à Arsenal. Surnommé « Good Ebening » en raison de sa capacité à dire bonsoir à chaque conférence de presse avec l’accent ibérique, Emery aurait pu se braquer contre un traitement médiatique peu respectueux de sa personne et rester dans sa zone de confort en Espagne, là où ses capacités de management et son savoir-faire tactique sont unanimement reconnus.
Mais au lieu de participer à la création de ses propres limites, Emery a sagement attendu le moment opportun pour faire son retour en Angleterre et conquérir les cœurs locaux. Ce week-end, Aston Villa a balayé Newcastle United (3-0) et a prouvé tous les progrès réalisés avec une cinquième victoire consécutive et un huitième match sans défaite (sept victoires pour un nul). Détenteur de la meilleure défense du championnat d’Angleterre, Eddie Howe n’avait que du respect envers celui qui aurait pu entraîner les Magpies sous pavillon saoudien dès novembre 2021, mais qui a préféré refuser la proposition poliment. « Il a changé ma vie, reconnaissait Howe en conférence de presse d’après-match. Je suis là parce qu’il a refusé le poste. C’est étrange, le destin. » Emery pouvait être propulsé à la tête d’un club en pleine lumière médiatique ? Il a préféré patienter pour aller au bout des capacités de son Villarreal et rejoindre une écurie emblématique de Premier League lorsque le moment était venu. Plutôt que de courir sous la pluie avec Arsenal, il est devenu maître du beau temps à Birmingham : en bientôt six mois, Aston Villa est passé de la seizième à la sixième place de Premier League.
Meilleure équipe d’Angleterre en 2023 derrière Manchester City
Depuis son arrivée en octobre, Villa est la troisième équipe la plus génératrice de points en championnat (35 en 17 rencontres) derrière les locomotives Arsenal et Manchester City. Mieux encore : depuis la nouvelle année civile, seuls les Citizens font mieux. À Birmingham, Emery est en train de réveiller une institution endormie de la Premier League. Club issu des douze fondateurs de la première division anglaise en 1888, Aston Villa a notamment marqué l’histoire grâce à William McGregor, véritable architecte de la professionnalisation du football anglais. Dans la même veine, Emery construit son équipe pierre après pierre et se base sur des murs porteurs. Le trash-talker Emiliano Martínez, Tyrone Mings, Boubacar Kamara, John McGinn, Philippe Coutinho et l’insaisissable Ollie Watkins servent à tirer l’équipe vers le haut. Ajouté à cela, Emery a commencé les rénovations par des recrues à l’accent hispanique avec l’Espagnol Álex Moreno (Real Betis) et le Colombien Jhon Durán (Chicago Fire). La preuve qu’en Angleterre comme ailleurs, la seule véritable langue qui compte est celle du football. Et à ce sujet-là, les fans d’Aston Villa ne demandent qu’à voir le club retrouver son lustre d’antan.
Par Antoine Donnarieix