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Emery, trop petit pour Guardiola ?
En onze confrontations, Unai Emery n'a jamais battu Pep Guardiola. Complexe d'infériorité, clé tactique trop difficile à trouver, moyens financiers synonymes d'inégalité, combats à chaque fois déséquilibrés ? En tout cas, la statistique ne semble pas de bon augure pour ce Manchester City-Arsenal dominical.
Quel est le point commun entre Joaquín Caparrós et Unai Emery, que les deux hommes sont les seuls à partager dans le football professionnel ? Pas facile à trouver : le directeur sportif actuel de Séville et l’entraîneur d’Arsenal sont les uniques entraîneurs à avoir croisé au moins dix fois la route de Pep Guardiola (treize pour le premier, onze pour le deuxième)… sans s’imposer. Parmi les autres coachs à avoir autant rencontré le Catalan, on retrouve Manuel Pellegrini (12 duels), Arsène Wenger (14), Mauricio Pochettino (14), Jürgen Klopp (16) et évidemment José Mourinho (22). Et si l’Allemand constitue l’unique personnage à présenter un bilan positif, tous les autres ont réussi, à un moment ou à un autre, à trouver la clé permettant de battre le technicien de Manchester City.
Il faut dire que le binôme présenté en losers éternels n’a pas toujours joué avec les mêmes cartes que ses homologues. Pour vaincre l’ancien de Barcelone, ces derniers ont longtemps détenu des effectifs d’immense qualité provenant de grosses cylindrées (Real Madrid, Manchester City, Liverpool, Chelsea par exemple ; Tottenham, Borussia Dortmund à un degré moindre). Alors que son compatriote, qui le défie ce dimanche et qui n’a passé que deux saisons au Paris Saint-Germain, a souvent dû le confronter avec Séville ou Valence. Pas des petits bras, mais pas des ogres du Top 10 européen pouvant dépenser sans compter non plus.
Tactique de Stockholm
Ce qui explique en partie pourquoi Emery n’y arrive pas quand Guardiola se pose devant lui. En partie, seulement. Car les statistiques sont trop claires et trop grosses pour se contenter de cette justification : en onze batailles, le boss d’Arsenal n’a accroché que quatre maigres résultats nuls. Si les équipes d’Unai ont encaissé 24 buts (soit environ 2,18 par match) quand elles en ont marqué seulement sept (soit environ 0,6 par match), c’est parce que les plans tactiques qu’elles ont mis en place ne parviennent pas à déranger ceux du Pep. Tout l’inverse des teams de Klopp. D’ailleurs, l’élégant crâne rasé est la personne qui réussit le moins bien au natif de Fontarrabie en matière de résultat parmi les confrères affrontés au moins sept fois.
Et puis, il y a autre chose. Comme un prisonnier tombant en admiration devant son geôlier dans une sorte de syndrome de Stockholm masochiste, le malheureux semble in love de son bourreau. « J’ai analysé de nombreuses équipes et entraîneurs, et je pense qu’il est compliqué de trouver un entraîneur qui soit meilleur que Pep Guardiola, a-t-il ainsi sorti en conférence de presse avant l’énième partie mettant cette fois aux prises son Arsenal, qui se bat pour croquer une quatrième place, à Manchester City, toujours en quête du titre. Il a une énorme carrière. Nous avons commencé ensemble. Il a débuté avec la deuxième équipe de Barcelone, j’ai démarré avec Lorca et Almería aux troisième et deuxième niveaux de l’Espagne. J’ai beaucoup appris en regardant son équipe. Il fait le meilleur travail parmi tous les entraîneurs du monde. »
Admiration… Action !
« Il y a de très bons entraîneurs partout, jugeait-il déjà en décembre 2018, toujours face aux médias. Mais tous les entraîneurs espagnols font du très bon travail, en particulier Pep Guardiola. Il arrive à construire son propre style. Sa façon de faire s’améliore constamment, et pourrait même se terminer par la victoire de Manchester City en Ligue des champions. » Des déclarations synonymes de complexe d’infériorité ? Peut-être pas.
Mais déclarer régulièrement et publiquement que son rival représente tout simplement ce qui se fait de mieux, à quelques heures d’une rencontre tout sauf amicale qui plus est, c’est déjà admettre qu’une défaite n’aurait rien d’illogique. Et qu’il ne faut donc pas s’attendre à autre chose. Ici, l’objectif de la prise de parole n’est pas de faire des Sky Blues les favoris et d’accentuer la pression sur leurs épaules. Non, les mots sont sincères : Emery demeure émerveillé par l’intelligence et le boulot de Guardiola, et l’assume dès qu’il le peut. Est-ce à dire que cela joue des tours au patron des Gunners ? Impossible de formellement répondre. Reste à ne pas répéter ce genre de discours dans le vestiaire cet après-midi.
Par Florian Cadu