- Portrait du vendredi
- Montpellier
Wahi, les collines du crack
Dans le domaine des attaquants précoces dans le championnat de France, Elye Wahi reste derrière Kylian Mbappé, mais marche dans les pas de Karim Benzema. À 19 ans, ce fan de Didier Drogba est devenu incontournable à Montpellier. La voie n'était pourtant pas toute tracée pour le Franco-Ivoirien, qui s'est construit sans père et a laissé un souvenir mitigé à Caen, où le collège dans lequel il était scolarisé lui a montré la porte en 2018. Le Francilien d'origine, très talentueux, a ainsi dû avancer dans un monde de requins entre les bêtises et les galères. Portrait d'un jeune homme dont la vie ressemble à un immense GR20.
Ce n’est peut-être pas le but dont se souviendra Elye Wahi à la fin de sa carrière, même si le superbe enchaînement conclu d’un tir croisé du droit pour tromper Maxime Dupé mérite le coup d’œil. « Un but d’attaquant, quoi, souriait-il en zone mixte après la rencontre, malgré la défaite de Montpellier à Toulouse (4-2). Ce nouveau but fait plaisir, mais ce n’est pas le plus important, ce n’est pas ce que j’ai envie de retenir. » Cette réalisation n’est pourtant pas anecdotique, elle lui permet d’intégrer un peu plus le cercle très fermé des joueurs les plus précoces de l’histoire récente du championnat de France et des cracks de sa génération. En inscrivant son 18e but en Ligue 1, Wahi a rejoint Karim Benzema à la deuxième place des attaquants ayant le plus marqué avant l’âge de 20 ans au XXIe siècle, loin derrière l’intouchable Kylian Mbappé (41). Une précocité étendue à l’échelle continentale, la jeune gâchette étant également le meilleur artilleur parmi les joueurs nés à partir du 1er janvier 2003 dans les cinq premiers championnats, devant Jamal Musiala (17) et Florian Wirtz (13).
Au rayon des statistiques, le seul joueur du MHSC à avoir commencé les neuf premiers matchs de la saison se place parmi les meilleurs dans de nombreuses catégories, à l’image de son excellent ratio de tirs cadrés (55,6%) ou de sa pointe de vitesse qui le classe troisième joueur le plus rapide du championnat depuis la reprise après avoir été flashé à 35,28 km/h. La sensation héraultaise assurait récemment ne pas être « focalisée » sur les records, quelques jours après avoir fêté sa première convocation en équipe de France Espoirs par un joli but contre la Belgique en amical. De quoi valider son choix de ne pas bouger lors du dernier mercato. « On s’est dit à l’unisson que Montpellier était le meilleur projet pour lui, il a besoin de temps de jeu à son âge », glisse-t-on dans son entourage. « On oublie parfois son âge, on se le rappelle mutuellement avec le staff pour ne pas oublier qu’il a 19 ans, enchaîne son entraîneur Olivier Dall’Oglio. Il a un talent brut qu’il faut affiner, il est vraiment perfectible sur beaucoup de plans. Cette saison va être très bénéfique pour lui, ce ne sera plus le même joueur à la fin. » Les étapes et obstacles sont encore nombreux pour Elye Wahi, dont le parcours ne ressemble pas du tout à un long fleuve tranquille.
Crack en stock
Sans ses aspérités, le portrait du jeune attaquant pourrait ressembler à celui de tout joueur prometteur, qui a laissé des étoiles dans les yeux de chacun de ses formateurs. Dans la bouche de Pierre Ville, son éducateur et premier mentor à la JS Suresnes, où Wahi a tâté le cuir jusqu’à ses 13 ans, les mots classiques pour parler d’une pépite au-dessus du lot sont de sortie : « hors normes », « précoce physiquement », « potentiel inné », « un instinctif pur », etc. « En plus, il est né un 2 janvier, donc il avait quasiment un an d’écart avec certains joueurs de son âge », insiste-t-il. Comme beaucoup de gamins, Wahi n’est pas un adepte de tous les exercices à l’entraînement et préfère le jeu, les oppositions, les matchs. « On sentait que ça l’emmerdait, mais dès qu’il y avait le jeu, paf, il explosait, il lui fallait ça, se souvient Pierre Ville, qui a aussi vu passer N’Golo Kanté. Elye a quand même reproduit la reprise de Zidane contre Leverkusen en 2002 en U12. Il l’a fait à 11-12 ans ! Il faut une sacrée coordination pour réussir un tel geste. » Personne n’a la vidéo pour jouer aux comparaisons avec le chef-d’œuvre du double Z en finale de Ligue des champions, à commencer par les clubs qui sont peu nombreux à se bousculer au portillon pour attirer le phénomène. Il prend alors la direction de Caen pour passer des essais en 2016, Pierre Ville le présentant à Francis De Taddeo, alors directeur du centre de formation du club normand, en espérant voir son nouveau protégé prendre le même chemin que son ancien milieu de poche qui est sur le point de passer de Leicester à Chelsea moins d’un an après avoir quitté le Stade Malherbe.
Seulement, Wahi ne fait pas l’unanimité lors de ses premières foulées normandes. « Il y a toujours eu un tas de polémiques autour d’Elye, rien que son arrivée dans le milieu a été sujette à débats, pose De Taddeo. Ma cellule de recrutement à Caen n’en voulait pas, ils ne lui trouvaient que des défauts et pensaient qu’il était déjà fini en tant que joueur, alors que je trouvais qu’il avait une biomécanique incroyable et un profil très intéressant dans l’ensemble. Ils étaient affirmatifs sur un gamin de 13 ans… Ça a été une fin de collaboration, j’ai préféré me séparer d’eux et signer Wahi. » Le technicien se souvient notamment avoir été séduit par un gamin motivé, se portant volontaire pour dépanner en défense le jour des tests ( « Il n’avait jamais joué à ce poste, mais il l’a fait avec qualité » ) ou s’empressant de ramasser les bouteilles en plastique vides laissées sur le bord du terrain à la fin de la séance ( « Il revenait avec plein de bouteilles pendant que certains faisaient semblant » ). Un pari gagnant, Elye Wahi affolant les compteurs dès sa première saison caennaise, passée entre les U14 et les U15, en claquant… 89 buts. Une folie suivie d’un titre de meilleur buteur à la Vinci Cup, le tournoi international des moins de 15 ans, et d’une première apparition en U17 dès septembre 2017 lors d’une entrée en jeu pendant laquelle il marque un doublé contre le PSG au Camp des Loges, d’une tête smashée en lucarne et d’un slalom dans la défense parisienne (défaite de Caen 5-2). « C’était dur aujourd’hui, car j’avais mal à un mollet, lâchera même l’adolescent dans des propos rapportés par Le Parisien. Marquer est une obsession chez moi. » Au sein d’une belle promotion (Lepenant, Beka Beka, Nsona etc.), Wahi s’éclate, signant six pions et délivrant quatre passes décisives en quelques matchs avec les U17 nationaux, alors qu’il n’est âgé que de 15 ans.
Harcèlement et commission de discipline
La trajectoire s’annonce belle, la route semble dégagée, jusqu’à ce qu’une journée d’hiver 2018 ne vienne tout chambouler. « Matthieu Ballon m’appelle pour me dire qu’Elye n’était pas présent à l’entraînement, rembobine Francis De Taddeo. On s’inquiète, surtout qu’on doit jouer le PSG le week-end pour un match comptant pour la première place. Puis, on découvre qu’il a déconné à l’école. » Scolarisé en 4e D au collège Jean-Moulin de Caen, partenaire du Stade Malherbe et situé à deux rues de D’Ornano, Wahi s’en prend à trois élèves dans les toilettes de l’établissement. Dans un courrier que nous avons pu nous procurer, le collège convoque ainsi le beau-père d’Elye Wahi, son représentant légal, à une commission de discipline programmée le 12 mars 2018, au motif que l’élève a commis les faits suivants : « Sous la menace verbale de violences physiques, Sepe(son premier prénom à l’état civil, NDLR)a ordonné à trois de ses camarades de le suivre dans les toilettes et les a obligés à se déshabiller. » Un épisode qui se terminera par la décision de virer Wahi du collège en guise de sanction. Quatre ans plus tard, « Elye Wahi reste un sujet sensible au SM Caen, pas sûr que grand monde ne réponde », avertit un proche du club. Le malaise s’est installé avec les Normands quand l’objet de l’appel est dévoilé. Personne à Malherbe ne parlera de l’ancien prodige et de cette grave bêtise dont les versions différent toujours en fonction des interlocuteurs. « On n’a pas tous été au courant de l’histoire, c’était assez flou, confirme Lucas Boudonnet, son coéquipier à l’époque. Même aujourd’hui, c’est encore un peu vague. C’était un choc parce qu’on savait que c’était quasiment le joueur qui avait le plus de potentiel au centre de formation. Il n’a pas dit au revoir à tout le monde, ça s’est fait rapidement, il n’a pas eu le temps de nous donner des explications. » Au grand regret de Francis De Taddeo, qui aurait plutôt imaginé « une sanction pédagogique et éducative », le club normand s’est aligné sur la décision du collège en montrant la porte à sa pépite.
Avant cela, l’ancien coach de Metz assure avoir contacté les parents des trois autres enfants pour connaître « le degré de conséquences » de l’acte de Wahi. « Il n’y a pas eu de coups, c’était de la mise sous pression et du harcèlement, précise De Taddeo. Je ne veux pas minorer ce qu’il a fait, et je sais qu’il regrette aujourd’hui. À l’époque, on avait travaillé avec lui et la famille pour qu’il puisse progresser, évoluer, et il est contraint à quitter le centre. Ce n’est pas un pervers, ce n’est pas un vicieux. Et du jour au lendemain, il a été obligé de faire sa carrière ailleurs. »
Monts et merveilles, Montfermeil et grand micmac
À 15 ans, Elye Wahi doit digérer sa mise à l’écart de Caen, qui l’éloigne de ses rêves de professionnalisme. Et aussi son nouveau statut de crack déchu. Pour ne pas être oublié par les recruteurs, il faut rebondir. Vite. Le natif d’Évry-Courcouronnes traîne derrière lui une mauvaise réputation, mais les clubs ne sont pas tous refroidis par l’affaire caennaise. Le Franco-Ivoirien se retrouve ainsi à arpenter le Vieux Continent, passant des essais à Manchester United, Manchester City, Southampton ou encore Dortmund. En France aussi, les candidats se manifestent, comme le Stade rennais, qui passe son tour pour des raisons sportives. « Nous possédions Da Cunha, Gboho et Rutter notamment dans le secteur offensif », justifie un dirigeant de l’époque. Le talent des Hauts-de-Seine ne passe pas non plus sous le radar du Paris Saint-Germain, face auquel il brille quelques mois plus tôt sous les yeux de Luis Fernandez, alors directeur sportif du centre de formation parisien. Selon nos informations, un avenant au contrat aspirant avait même été préparé par le club de la capitale le 1er juillet 2018, à Boulogne-Billancourt, et n’attendait plus que la signature des deux parties, sans que celles-ci ne soient jamais apposées. « Je souhaitais vivement qu’il puisse nous rejoindre, rejoue Fernandez. Après ce sont des discussions qui s’engagent et il faut réussir à trouver un accord, je ne sais pas exactement comment ça s’est passé ensuite. J’avais donné le feu vert, ils étaient venus avec les parents au Camp des Loges, on avait discuté avec eux, j’avais donné un aval positif. J’avais beaucoup apprécié la discussion et l’échange. »
Sur sa fiche Wikipédia, il est indiqué que le jeune Wahi rebondit finalement dans un autre club d’Île-de-France, le Montfermeil FC, en Seine-Saint-Denis, où une licence est bien enregistrée à son nom le 13 juillet 2018. Le début d’un énorme micmac, impliquant un précontrat avec Southampton, qui doit attendre les 16 ans du joueur pour le faire venir outre-Manche. L’attaquant affirme, lui, avoir fait tout au plus un entraînement avec le club sequanodyonisien, son entourage assure même aujourd’hui qu’il n’a quasiment jamais mis les pieds à Montfermeil. Une version bien différente de celle d’Ahmed Hadef, le président du club, qui jure avoir eu Wahi « quinze jours ou trois semaines chez nous. Il a fait un entraînement avec les U17, puis il a été tout le mois de juin avec un préparateur physique. Et pendant les vacances, on apprend qu’il a signé à Montpellier. »
En discussion également avec l’OL, le clan Wahi se tourne en effet vers le Sud et l’Hérault, où se trouve… Francis De Taddeo, fraîchement nommé directeur du centre de formation. « Quand Wahi arrive à Montpellier, on fait une demande de contrat aspirant accordée par la Ligue. Montfermeil nous interpelle, nous et la Ligue, en disant qu’ils ont des droits sur le joueur, on ne nous parle pas de ça, pour nous son dernier club c’est Caen, donc on a fait en sorte d’enregistrer son contrat apprenti aspirant », explique De Taddeo. Le joueur se retrouve au centre d’un conflit qui va jusqu’à la commission de la LFP. Celle-ci finit par donner raison au MHSC, au grand regret du dirigeant de Monfermeil, qui estime encore aujourd’hui être passé à côté de 30 000 euros, une somme notamment promise par Southampton à l’époque. « En commission, ils prétendaient qu’ils avaient fait plein de choses pour le joueur alors qu’il n’y avait jamais joué, commente de son côté De Taddeo. Ils avaient un précontrat signé avec Southampton, avec des sommes d’argent, mais ça n’avait aucune valeur, et en plus, ça a créé des emmerdes. Brandir devant une commission une convention financière avec un club anglais pour un joueur mineur, vous imaginez ce que ça veut dire, c’était interdit. »
Requins, Didier Drogba et GR20
Pendant trop longtemps, la carrière d’Elye Wahi se joue en dehors des terrains, où un minot de 14-15 ans peut difficilement faire autre chose que de subir les événements. Rien n’a jamais trop été simple pour celui qui a perdu son père à 2 ans et qui n’a pas vécu dans l’opulence, loin de là, aux côtés de sa maman Olga et un moment de son beau-père Richmond B., désormais séparés. Une histoire familiale qui n’aide pas un enfant à s’épanouir et à vivre de manière tranquille. « On a essayé de le protéger d’un environnement très inquiétant, développe Pierre Ville, qui l’a vu se construire dans son quartier de Suresnes. Il fallait le préserver de tout ça. Il avait un an de retard à l’école, mais il traînait avec des garçons qui avaient deux ans de plus que lui. En plus, dans sa cité, même quand il était jeune, c’était une petite vedette. Il était très en danger par ses fréquentations. » À l’école, le jeune Elye n’est pas non plus le plus attentif ni le plus sérieux, même si un ancien professeur du collège Jean-Moulin à Caen se souvient d’un jeune avec lequel il a eu « plaisir à travailler, plutôt intéressant. Il avait besoin d’être suivi par les adultes et aussi d’un peu de reconnaissance, comme beaucoup ». Un constat qu’il est encore possible de faire en 2022, alors que Wahi n’a pas encore 20 ans, à écouter son entraîneur à Montpellier, Olivier Dall’Oglio : « Il faut le conseiller, le guider, être parfois le papa, le méchant, le gentil, être à côté de lui, quoi. Il prend petit à petit son envol tout seul, mais pour l’instant, il a vraiment besoin d’être guidé. » Pierre Ville, lui, en revient à l’école : « C’est comme un enfant qui a peur de l’eau, il faut l’accompagner. L’école, ce n’était pas du tout son truc, il n’était pas fait pour entrer dans le moule scolaire. Je ne voyais pas d’autres choix pour lui que de réussir dans le foot, ce qui est très rare. »
Entre les galères et les bêtises, Wahi peut quand même jouer au foot, malgré la découverte d’un milieu où les requins et l’argent peuvent rapidement tourner des têtes et mettre le ballon au second plan. Reste que le Franco-Ivoirien, dont l’idole s’appelle Didier Drogba, est un mordu, un passionné, mais aussi un jeune qui a tout à apprendre à son arrivée en Normandie. Il ne connaît pas les exigences d’un centre de formation et doit bosser sur ses nombreux défauts : « Pas de deuxième pied, pas de jeu de tête, mais on est payé pour les aider à se construire, résume De Taddeo. Il ne connaissait pas tous les raccourcis sur le terrain. Il a fallu près de dix-huit mois pour le faire travailler, l’aider à s’améliorer. On considérait qu’il avait un potentiel phénoménal, mais il y avait plein de réglages à faire. » Une méthodologie de travail reprise à Montpellier, où il a trouvé un « environnement idéal » jusqu’à son intégration progressive au groupe professionnel et ses débuts en Ligue 1 sous le maillot montpelliérain lors de la saison 2020-2021. Pas timide, Wahi est décrit comme quelqu’un de « souriant », « jovial » et même « très bon danseur », selon son ancien copain de vestiaire Lucas Boudonnet. Loin du Stade Malherbe, il s’est fait une place dans le foot pro et dans une équipe où Mamadou Sakho est comme un grand frère. « Il parle beaucoup aux jeunes, il a lui aussi vécu des choses et il peut leur transmettre des conseils », atteste Dall’Oglio. Avant d’en revenir au terrain : « Elye, il ne faut pas le lâcher, il faut lui faire comprendre que le talent ne suffit pas, je ne suis pas sûr qu’il soit encore persuadé de ça, d’ailleurs. Son enjeu, ça va aussi être de trouver ce juste équilibre entre l’égoïsme de l’attaquant et le côté collectif, ça vient petit à petit. Cette saison doit l’aider à être plus complet. Le plus dur, c’est de faire comprendre à un jeune joueur que s’il donne à un collectif, celui-ci lui donnera dix fois plus. »
Plus belle la vie à Montpellier ? Pas totalement. En octobre 2021, le joueur avait fait parler de lui dans la rubrique faits-divers, des sources policières confirmant au Midi Libre qu’une jeune femme avait déposé plainte à la mi-septembre pour des violences commises sur le parking d’une boîte de nuit à Lattes. Une affaire qui n’a pas eu de suite et des accusations fermement démenties par l’entourage de l’attaquant. « Je lui ai fait comprendre qu’il était un joueur de foot professionnel et qu’il pouvait être une cible à l’extérieur, enchaîne Dall’Oglio. Il faut qu’il soit plus malin pour éviter les problèmes et sentir les gens mal intentionnés pouvant traîner autour de lui. » Présumé innocent, Wahi est désormais représenté par Jorge Mendes et sa société Gestifute, après avoir coupé les ponts avec son premier conseiller, Nouari Khiari, ancien agent de N’Golo Kanté, avant que ce dernier ne l’attaque en justice (une plainte classée sans suite en septembre 2020). Dans le Sud, il paraît que le buteur s’appuie désormais sur un cercle plus fermé, dont sa mère et sa sœur, avec lesquelles il vit à Montpellier. Cet été, il est parti en vacances en Crète avec les attaquants Jordan Siebatcheu (Union Berlin) et Simon Banza (Braga), eux aussi liés à Gestifute, pour « éveiller son professionnalisme » sur les conseils de son entourage, désireux de tout contrôler, même ce qui doit être écrit dans la presse. « J’ai pris conscience de certaines choses en matière d’hygiène de vie, sommeil et alimentation, confiait par ailleurs Wahi à Midi Libre le mois dernier. Avant, je prenais ça un peu par-dessus la jambe, mais tout a changé pour réussir la saison de la confirmation. » L’heure est peut-être venue de redonner la priorité au football, au terrain, sans occulter le passé, les bêtises et les tourments, qui font finalement partie de son histoire. « On parle souvent de Mbappé quand il est question de précocité, mais lui avait Wilfrid et sa maman autour de lui dès l’âge de 6 ans, on l’a mis sur une autoroute. Elye Wahi, lui, fait le GR20 depuis tout petit, métaphorise Francis De Taddeo. Dans le sac à dos de Wahi, il y avait des paquets de cailloux, des pavés de trente kilos et il en reste encore quelques-uns. Il a réussi à s’extraire de tout ça, c’est déjà pas mal et il a une marge de progression qu’il ne soupçonne même pas. Il n’est pas encore sur l’autoroute, mais sur une nationale à deux voies, il pourra donner sa pleine mesure ensuite. » À condition de ne pas se faire flasher.
Par Loïc Bessière et Clément Gavard
Tous propos recueillis par LB et CG, sauf mentions.