- Europa League
- Quarts de finale
Elle est vraiment nulle cette Ligue Europa?
Les quarts de finale de la Ligue Europa, ou Europa League, ou C3, ou ancienne Coupe UEFA, ou petite sœur de la Ligue des Champions, débutent ce soir. Des surprises, des gros bras et des promesses : en vrai, elle ne vaut vraiment rien, cette compétition ?
Non, car en fait, ça joue parfois mieux qu’en Ligue des Champions
A partir des huitièmes de finale, et même des seizièmes, le niveau de l’Europa League a parfois été plaisant, voire même très agréable. La double confrontation entre l’Athletic Bilbao et Manchester United a été un véritable spectacle, les Basques ayant régalé, aussi bien à Old Trafford qu’à San Mamès. Idem pour le match entre Manchester City et le Sporting, qui a offert un final incroyable et des retournements de situation. Bref, du spectacle, des beaux buts, mais surtout beaucoup de buts. Lors des huitièmes de finale, 52 pions ont été marqués (3,25 par match), soit 21 de plus que la saison dernière au même stade de la compétition. Le grand nombre de buts inscrits n’est pas forcément une preuve irréfutable que l’on se régale plus (un 0-0 peut parfois être plus beau à voir qu’un 3-3… enfin, pas souvent hein), mais c’est au moins la preuve que les équipes se lâchent et jouent surtout la gagne. L’Europa League devient aussi une porte de sortie pour des équipes qui n’ont plus grand chose à espérer du championnat, d’où l’intérêt de la jouer à fond. Bon, après, c’est aussi vrai pour certaines équipes en Ligue des Champions… Hein l’OM ?
Non, car le Metalist Kharkov
Depuis le tour préliminaire, où ils ont séché Sochaux (pas facile à prononcer), le Metalist Kharkov a fait son petit bonhomme de chemin. L’équipe ukrainienne, éternel troisième d’un championnat dominé par le Shakhtar Donetsk et le Dynamo Kiev, développe un bon football, avec des joueurs inconnus au bataillon mais qui pourraient bien débarquer de ce côté là de l’Europe dans les prochains mois. Terre de Brésiliens et d’Argentins, avec ses Taison (déjà un crack dans Fifa 09), Cristaldo, Cleiton Xavier et autres Roberto Sosa, le Metalist est clairement l’équipe-frisson de cette Europa League. Une équipe qui était totalement éliminée de la compétition à dix minutes du terme face à l’Olympiakos, et qui a réussi l’exploit d’inscrire deux buts dans les dix dernières minutes sur la pelouse grecque. Un truc un peu fou, digne du genre de club qui peut aller au bout, faisant ainsi perdurer la bonne tradition des clubs ukrainiens en C3, initiée par la victoire du Shakhtar en 2009. Et puis bon, Metalist Kharkov, c’est tout de même un sacré blase de bolchévique.
Oui et non, parce que d’un côté oui, et de l’autre non
L’Europa League, c’est la compétition que l’on aime bien, et que l’on n’aime pas à la fois. Déjà, parce que c’est le jeudi. Le mardi et le mercredi sont devenus les jours nobles de la Ligue des Champions, soirée Canal, Nathalie Iannetta, Aimé Jacquet, e tutti quanti, tandis que le jeudi, ce sont les restes. Et puis, le premier choix est diffusé sur W9, avec Thierry Rolland, ce qui n’aide pas à la rendre palpitante. Voir l’Athletic Bilbao démonter Manchester United, c’est drôle, certes, mais cela ne vaudra jamais un Barcelone-Real Madrid ou même un Milan AC-Bayern Munich. Pourtant, parallèlement, l’Europa League permet de constater ce que valent des équipes qui flambent dans leur championnat (typiquement, l’AZ, leader du classement aux Pays-Bas) sur la scène européenne. Mais aussi de voir briller des nouvelles étoiles, comme celles de Muniain (Athletic), van Wolfswinkel (Sporting) ou Elm (AZ). Et puis bon, si Falcao plantait encore quelques pions lors des prochains tours, il pourrait bien devenir le premier joueur de l’histoire à être meilleur buteur de la compétition deux années de suite, avec deux maillots différents. Costaud, le mec.
Oui, car les clubs espagnols sont beaucoup plus forts que les autres (et c’est énervant)
Trois clubs espagnols sur huit équipes encore en lice, cela fait beaucoup. Pourquoi ? Parce que, à 80%, c’est l’un d’eux qui va remporter la compétition. Le paradoxe, c’est que l’on parle là d’équipes qui font figure d’épouvantails et de favoris de la compétition (bah ouais, le leader du championnat anglais s’est fait sortir par le onzième de Liga, donc forcément…) alors qu’en championnat d’Espagne, elles sont respectivement troisième, huitième et, donc, onzième. Tu parles d’ogres. Des ogres qui cumulent à eux trois 27 défaites en championnat, dont quelques belles roustes. Voilà donc le raisonnement le plus simpliste : le championnat d’Espagne est le meilleur du monde, donc ses clubs sont les plus forts, donc même ceux qui ne sont pas super forts sont plus forts que les clubs forts des autres championnats. Dur. Conclusion : le niveau de l’Europa League est tout nul, et c’est pour cela que les clubs espagnols vont marcher sur la compétition.
Oui, car les perspectives de demi-finales AZ-Hanovre et Metalist-Schalke, c’est quand même à pleurer
Le cadre des demi-finales a déjà été tiré. Du coup, on connaît les potentielles affiches du prochain tour. Et autant dire que, si l’affaire se goupille bien, on risque de se retrouver avec des rendez-vous de rêve. L’AZ, c’est une belle équipe, elle vient d’éliminer l’Udinese, elle est en tête du championnat néerlandais. D’accord. Mais une affiche AZ-Hanovre, cela ferait rêver qui ? Et une finale AZ-Schalke ? L’immense duel entre José Altidore et Klaas Jan Huntelaar… Et même. Au mieux, on peut se retrouver avec une finale Atletico Madrid-Sporting, ou un derby espagnol entre Valence et l’Athletic Bilbao. Ce qui n’est pas non plus transcendant. Bah ouais, c’est bien pour ça qu’on l’appelle C3. Parce que c’est moins bien que la C1. Et même moins bien que la C2. C’est dire.
Eric Maggiori