- Ligue des Champions
- Analyse
Elle est vraiment bien, cette Ligue des Champions ?
Demain, on connaîtra le tableau des quarts de finale de la Ligue des Champions. Or, seules trois équipes (Barça, Real Madrid et Chelsea) étaient présentes l’an dernier à ce même stade de la compétition. Et c’est une bonne chose ?
Oui, parce qu’il y a des gros, des outsiders et des petits poucets
Cette Ligue des Champions semble casser avec les codes traditionnels. Pendant longtemps, on a souvent retrouvé, à quelques exceptions près, les mêmes équipes à partir des quarts de finale. Cette année, c’est un peu différent. Outre les super-méga favoris que sont le Barça, le Real Madrid et le Bayern Munich, les autres se posent clairement en outsiders. Voire en victimes sacrificielles. Après quatre saisons « blanches » , le Milan AC retrouve sa place dans le top 8. Oui oui, le Milan AC, le plus beau palmarès européen (18 trophées internationaux). Les Milanais auraient pu être rejoints par le Napoli, équipe-frisson de cette campagne 2011-12. Mais non. Ce sera Chelsea. Le vieux Chelsea, qui s’en sort grâce à ces anciens. Des anciens revanchards, qui n’ont toujours pas oublié la fucking disgrace de 2009. Benfica, qui réalise une très belle saison (quatre défaites toutes compétitions confondues), pourrait aussi faire figure d’épouvantail, surtout lorsqu’il recevra à l’Estadio da Luz, violé seulement par Porto cette année. Et puis, il y a les « petits » . L’OM, d’abord. Même si les Marseillais ont sorti Dortmund et l’Inter, il faut se rendre à l’évidence : celui qui les tirera sera plutôt satisfait. Mais pas aussi satisfait que de tirer l’APOEL Nicosie.
Oui, parce qu’elle est homogène
Fini le temps de la domination anglaise ou de la suprématie italienne. Désormais, chaque pays a son représentant en quarts de finale. Huit équipes, huit pays. « Quoi ? Mais n’importe quoi, l’Espagne en a deux » . Du calme, du calme. Voilà ce que l’on retrouve : un Français, un Italien, un Allemand, un Portugais, un Chypriote, un Anglais, un Espagnol… et un Catalan. Bah ouais, c’est vrai, il faut savoir ce que l’on veut. Du coup, ce tableau évite de se retrouver avec des demi-finales Inter-Milan (2003), Chelsea-Liverpool (2005, 2007, 2008) ou Manchester-Arsenal (2009). Et finalement, n’est-ce pas un magnifique message en faveur de l’Europe ? « Tous sur le même piédestal, tous égaux » . Bon, c’est vrai, il manque une équipe grecque, qui en aurait eu bien besoin en cette période compliquée. Or, si l’Olympiakos ne s’est pas hissé jusqu’aux huitièmes de finale, c’est uniquement la faute de Mathieu Valbuena. Conclusion : petit vélo n’aime pas Europe Ecologie.
Oui et non, parce que d’un côté oui, et de l’autre non
D’un côté, cette Ligue des Champions fascine. Elle permet de voir des flopées de buts (56 lors des huitièmes de finale, soit 18 de plus que l’an dernier), avec évidemment de la surenchère entre les meilleurs joueurs du monde. Cristiano Ronaldo qui plante un doublé, Mario Gomez qui envoie un quadruplé et Lionel Messi qui met tout le monde d’accord avec un quintuplé. Mieux : c’est la première fois dans l’histoire de la Ligue des Champions (formule moderne) que deux équipes marquent 7 buts à ce stade là de la compétition. La preuve que oui, ce sont bien les meilleures équipes d’Europe (du monde) qui y participent. Mais à côté de cela, cette Ligue des Champions a quelque chose d’un peu triste. Parce que le niveau semble déséquilibré entre les équipes. Exemple : malgré toute la magie que représente la C1, on sait très bien qu’une formation comme Chelsea ou Benfica ne pourra pas aller au bout, à l’instar de Porto en 2004. La faute au Barça et au Real Madrid, qui semblent à des années lumières au-dessus des autres. Elles sont d’ailleurs les deux seules équipes invaincues de la compétition (pas un hasard) et même, fait rare, les deux seuls clubs qui n’ont perdu ni à l’aller ni au retour en huitièmes de finale. Alors oui, avec les matches à élimination directe, il y a toujours une chance de faire trébucher les ogres. Mais soyons réalistes : Nicosie, Benfica, Marseille et même Chelsea, face au Barça, ils peuvent faire quoi, à part blesser quelques joueurs ?
Non, parce que, au fond, on sait bien qu’elle est pour le Barça
Suite du discours. Qui, actuellement, peut empêcher le Barça d’aller chercher une deuxième Ligue des Champions consécutive ? Tout le monde connaît les réponses : le Real Madrid, le Bayern Munich et éventuellement le Milan AC. Les rossoneri ont déjà tâté du Catalan cette saison. 2-2 au Camp Nou, 2-3 à San Siro, avec pourtant deux très bonnes prestations. Sur deux matches, il semble compliqué que le Milan AC puisse aller chercher les Blaugrana. D’autant que les huitièmes de finale face à Arsenal ont révélé ses deux facettes. Idem pour le Bayern. Capables du meilleur (7-0 contre Bâle) comme du pire (0-1 contre Bâle), les Bavarois n’ont pas toutes les armes pour lutter sur une double confrontation avec le Barça. Reste alors le Real Madrid. L’ultime rempart. Oui, le Real de Mourinho compte aujourd’hui dix points d’avance sur la formation de Pep Guardiola. Oui aussi, la dernière opposition entre les deux clubs, au Camp Nou (2-2 en Copa del Rey) a confirmé que l’écart entre les deux formations s’était considérablement réduit. Mais bon. Les statistiques disent aussi que Mourinho n’a décroché qu’une seule victoire en dix confrontations face au Barça depuis son arrivée à Madrid. Mais le dernier coach qui a éliminé les Barcelonais de la Ligue des Champions, c’était qui déjà ?
Non, parce que APOEL Nicosie-Benfica, c’est plutôt un seizième de finale d’Europa League
Oui, l’APOEL Nicosie, fierté chypriote, qui se qualifie pour les quarts de finale de la Ligue des Champions, cela fait sourire tout le monde. C’est mignon. Mais bon. D’habitude, c’est plutôt le genre d’équipe que l’on retrouve en Europa League. Celle qui vous emmerde en phase de poule et qui, sur un malentendu, se hisse jusqu’en seizièmes. C’est également, d’habitude, le genre d’équipe qui, lors des phases à élimination directe, fait 1-1 à l’aller dans son stade bouillant, puis va en prendre quatre au retour. Alors oui, voir l’APOEL en quarts de la C1, c’est un petit vent de fraîcheur. Mais un APOEL-Benfica, ou même un APOEL-OM, sincèrement, c’est plutôt le match que l’on aimerait retrouver sur W9, avec Thierry Roland aux commentaires, qui enverrait deux-trois vannes incontrôlées sur les nuits chaudes de Chypre. Mais non. Sur W9, il y aura peut-être un Valence-Manchester City. Le monde à l’envers.
Eric Maggiori